Rieupeyroux. "Le cercle de craie", un spectacle complet qui donne à réfléchir

  • Spectacle «Le cercle de craie». Spectacle «Le cercle de craie».
    Spectacle «Le cercle de craie». Photo Hélène Lecarme
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Centre Presse Aveyron

Vendredi 4 octobre s’est ouverte la saison théâtrale du centre culturel de Rieupeyroux, avec la représentation du Cercle de craie, mis en scène par Emmanuel Besnault, et joué par Sarah Brannens, Geoffrey Rouge-Carrassat, Eva Rami, Manuel Le Velly et Yuriy Zavalnyouk.

Cette pièce de théâtre, c’est Emmanuel Besnault qui l’a adaptée il y a quatre ans, en partant du conte initial, chinois, écrit au XIVe siècle par Li Qianfu – surnommé Li Xingdao -, et en s’inspirant également de la pièce que Klabund, auteur allemand, en avait tiré vers 1925.

Une adaptation à saluer, car Emmanuel Besnault a su exacerber la force et la portée morale de ce conte humaniste en ne gardant que les phrases clés, épurant le texte, le dépouillant de toute référence à une terre en particulier, pour l’amener à l’universel.

Quant à la mise en scène, rien d’anodin ! Tout est chorégraphié : aucun geste n’est laissé au hasard, et "s’éloigner du quotidien pour toucher au divin", comme le dit si bien le metteur en scène, est l’objectif.

Tout est sublimé : les décors, à géométrie variable, jouant sur la symétrie et les espaces, demi-cercles symbolisant par métonymie la pièce elle-même, changent au gré de l’évolution de la pièce, modifient les ouvertures, créent ou ouvrent les espaces, comme autant de chemins de vie. L’histoire ? Vendue comme entraîneuse dans une maison de thé, la jeune Haïtang (seule la jeune héroïne a un nom) est ensuite mariée de force et dépossédée de son enfant. Passions, vengeance, injustice, corruption, jugement, font de la pièce une tragédie dans la plus pure tradition !

Des phrases fortes

Les phrases fortes, qui, comme des évidences, parcourent le texte, telle : " Il n’est plus permis de dormir et de rêver quand un être humain supporte l’injustice et le crime.", viennent renforcer l’expression du besoin viscéral de la vérité comme moteur du spectacle. L’arrachement que représente l’enlèvement d’un enfant, la négation de la maternité, les injustices subies, la corruption, sont autant de raisons de révéler au monde les valeurs à défendre.

Lorsqu’on demande à Emmanuel Besnault pourquoi il a fait le choix de traiter de façon burlesque les personnages négatifs, il explique : "La tragédie, si le spectateur ne peut pas souffler à certains moments, devient insupportable". Le burlesque, ici, devient respiration du texte. Et si on lui fait remarquer que les personnages sont très caricaturés, il fait finement observer que la méchante de l’histoire subit elle aussi une injustice, celle d’être stérile, d’avoir un "ventre sec comme le désert de Gobi", et que l’acceptation du jugement, ces quelques secondes où elle reconnaît tout, va compenser son image de "Cruella" tout au long de la tragédie : "La vérité, [c’est] que, pour satisfaire une passion criminelle, vous avez empoisonné [votre mari], que vous avez enlevé ce jeune enfant, afin de vous emparer de tout l’héritage, et que vous avez soudoyé ces hommes et ces femmes, afin qu’ils rendissent, dans votre intérêt, un faux témoignage."

C’est à peine si le spectateur a pu reconnaître en cette femme hystérique Eva Rami, la jeune femme qui avait ébloui Rieupeyroux avec son spectacle autobiographique Vole.

Alors il ne reste qu’à saluer la performance des acteurs, qui savent tous danser, chanter, pour ainsi nous enchanter !

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