Rodez. Cour d'assises de l'Aveyron : le silence assourdissant de Christian Espié

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  • Me Jessica Chefaroudi et  Me Charlotte Lévi, avocates de la défense, plaideront ce matin. Me Jessica Chefaroudi et  Me Charlotte Lévi, avocates de la défense, plaideront ce matin.
    Me Jessica Chefaroudi et Me Charlotte Lévi, avocates de la défense, plaideront ce matin. Mat.R.
Publié le
Mathieu Roualdés

Face aux nombreuses charges pesant contre lui, l’accusé est resté enfermé dans son mutisme, lors du deuxième jour de son procès.

Christian Espié est resté stoïque sur le banc des accusés. Il n’a pas dit un mot, ni jeté un seul regard d’empathie envers les bancs de la partie civile où, soudée, la famille de Thomas Latorre n’a pu contenir ses larmes. "Il aura été lâche jusqu’au bout", dira Me Elsa Cazor, lors de sa plaidoirie, en toute fin d’audience… Pourtant, au fil des nombreux témoignages, des rapports d’experts, de la personnalité de l’accusé et de bien autres éléments livrés à la barre ces deux derniers jours, le scénario de cette dramatique journée du 27 mars 2017 ne laisse que peu de place au doute.

D’ailleurs, Thomas Latorre se savait menacé par Christian Espié. Il s’en était confié à plusieurs reprises. Jusqu’au matin même du drame, en allant boire un café chez une amie. "Je ne le sentais pas bien, je l’ai questionné. Puis, il s’est livré. Il m’a dit que quelqu’un le menaçait et que c’était Espié. Il lui avait dit qu’il allait le jeter dans l’Aveyron !", dira cette dame, émue, à la barre. Cette menace, Christian Espié l’a proférée quelques jours avant le drame lors d’une dispute avec Thomas Latorre au sujet d’une publicité pour l’association Calèches et Cavaliers du Rouergue. Son président n’avait pas pris ces mots à la légère. Il "avait peur", confiera un de ses proches, membre de l’association. "Depuis des semaines, Christian avait changé de ton lorsqu’il évoquait Thomas. Il était agressif, il avait un regard noir…", expliquera encore un témoin. "Quand j’ai su que c’était un meurtre, j’ai tout de suite pensé à lui", conclura-t-il, face à une cour d’assises médusée. Et se disant qu’on est bien loin de la version livrée par l’accusé, mettant en cause deux gitans ferrailleurs (lire notre précédente édition).

"Un seul mot, un seul regard a pu précipiter l’acte"

Alors, Christian Espié a-t-il mis ses menaces à exécution, dans l’après-midi du 27 mars 2017 ? A-t-il passé "ses nerfs dessus", comme il l’a indiqué lors de sa première audition ? "J’en ai l’intime conviction", dira l’enquêteur en charge de l’affaire. "Les années passées dans le gymnase du Tricot l’ont rongé. ça bouillonnait en lui. Dans cette association, il s’y est investi comme dans ce gymnase qu’il considérait comme sa maison. Puis, il s’est de nouveau retrouvé dans une position d’impuissance face aux pleins pouvoirs de Thomas Latorre. Et cela a pu générer une agressivité réactionnelle. Un drame aurait aussi bien pu se passer dans le gymnase à l’époque", expliquera l’experte psychologue, faisant référence à un accusé ne sachant pas "gérer ses émotions". L’experte psychiatre parlera, quant à elle, d’un état de "stress dépassé. Un seul mot, un seul regard a pu précipiter l’acte".

"La famille attendait des réponses"

Lors de son passage aux aveux, le lendemain du drame, Christian Espié avait évoqué le fait que "Thomas Latorre ne [le] regardait plus pareil", qu’il ne lui "parlait plus". Il avait ensuite dit avoir "pris la barre de fer, qui traînait, et tapé, tapé, tapé". Thomas Latorre lui tournait alors le dos… "Un geste d’une immense lâcheté", a souligné Me Sylvie Bros, lors de sa plaidoirie. Avant que sa consœur, Me Elsa Cazor, ne lui emboîte le pas : "Il aura été lâche jusqu’au bout". "La famille de Thomas (Latorre) attendait des explications, la vérité. Au lieu de cela, vous avez une nouvelle fois sali la mémoire de la victime", ont ensuite répété, tour à tour, les avocates de la partie civile face à un Christian Espié sans aucune réaction.

Le réquisitoire de l’avocat général, Bernard Salvador, ainsi que les plaidoiries de la défense sont attendus ce matin. Le verdict, lui, pourrait intervenir dans la soirée. L’accusé encourt jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.

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