Rallye des Cardabelles : "Est-ce que je continue ?"

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  • Le 36e rallye des Cardabelles a été endeuillé samedi.
    Le 36e rallye des Cardabelles a été endeuillé samedi. Repro CP - AL
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Aurélien Parayre

Le dramatique accident qui a notamment coûté la vie à un Firminois de 19 ans samedi à La Cavalerie lors du rallye des Cardabelles met en lumière la difficulté des organisateurs à faire respecter les règles de sécurité auprès de certains spectateurs. Didier Alléguède, patron du rallye terre des Causses à Capdenac et commissaire samedi à la bosse du Camp, éclaire sur un sujet aussi délicat que primordial.
 

"En tant que président, aujourd’hui, je me pose la question : est-ce que je continue à organiser mon rallye ?" Didier Alléguède pèse ses mots. Ils restent forts, empreints de gravité aussi. Le boss du rallye terre des Causses autour de Capdenac, inscrit au championnat de France de la spécialité comme celui des Cardabelles du week-end dernier, est sans doute un des mieux placés pour évoquer les problèmes récurrents rencontrés par les organisateurs pour faire respecter la sécurité auprès du public lors de rallyes - et il a, lui, accepté de le faire. Qui plus est, il était samedi commissaire au niveau de la fameuse bosse du Camp à La Cavalerie où s’est produite la dramatique sortie de route de la DS3 WRC de l’équipage Beaubelique-Pesenti qui a conduit au décès d’un jeune spectateur firminois de 19 ans.
« On était trois commissaires à cet endroit, indique-t-il. Avant le drame, les deux qui étaient avec moi sont allés repousser la foule deux fois. Ça aurait pu être encore plus dramatique car au moment des faits, il y avait peut-être une trentaine de personnes sur les lieux, mais deux à trois fois plus avant l’intervention des commissaires. » Sans toutefois pouvoir certifier que certaines personnes présentes dans cette zone interdite lors de l’accident ne s’étaient pas placées là pour la première fois au moment de la sortie de route. « Le problème, c’est que les gens reculent. Mais quand vous avez le dos tourné, ils reviennent ; et après, c’est le drame. »

« C’est ingérable »

Un constat qu’il relève à chaque fois qu’il officie au bord des routes ou des pistes lors des week-ends de course. Alors, pourquoi ne pas avoir fait stopper l’ES1 après avoir constaté que le public ne respectait pas les consignes ? « Peut-être qu’on aurait dû arrêter la course, oui. Mais à ce moment-là, on peut stopper tous les rallyes ! On va arrêter la course toutes les deux secondes. C’est ingérable, explique le bénévole. Le souci n’est pas spécifique au terre des Causses ou aux Cardabelles. C’est le cas sur tous les rallyes français. J’en fais beaucoup en tant que commissaire, et c’est toujours le même problème. On leur dit : “Non, ne vous mettez pas là”. Mais c’est comme sur la route, il y a des interdictions ; pour autant, ça n’empêche pas les gens de griller des feux rouges, des stops, de franchir des lignes blanches….  En tant que président, aujourd’hui, je me pose la question : est-ce que je continue à organiser mon rallye ? Car le jour où il arrive une catastrophe, on se sent responsable. Et cela même si l’organisation a tout fait pour minimiser les risques. Le problème, c’est la mentalité des gens. On a l’impression qu’ils font toujours ce qu’il est interdit de faire. » De quoi baisser les bras définitivement ? « Comment voulez-vous qu’on arrive à gérer les gens ? On ne peut pas les prendre par la main un par un. »

Banderoles rouges ou vertes

D’autant plus frustrant pour les chevilles ouvrières des rallyes que tout au long de l’année, ils planchent d’arrache-pied à la sécurisation de leur parcours. « J’y travaille les soirs et les samedis, ça me prend plus d’un mois chaque année pour préparer le “RTS” », confie Didier Alléguède. Un document de « règles techniques et de sécurité » rendu obligatoire par la FFSA et qui est ensuite envoyé à la préfecture pour validation et enregistrement. « À chaque poste de commissaire correspond une fiche de “RTS”, dévoile encore le Capdenacois. Avec la vue satellite du poste, l’emplacement de la voiture du commissaire et où est inscrit tout ce qui est interdit. La banderole rouge veut dire que la zone est interdite au public et la banderole verte représente l’emplacement des zones public. » Un distinguo rouge et vert qui s’établit en amont de quelle façon ? « C’est selon le terrain, éclaire encore le président de l’écurie Uxello. Les extérieurs de virage sont par exemple totalement interdits aux personnes, car une voiture qui tire tout droit, ça peut tuer des gens. » « On le fait à l’instinct, car on connaît nos terrains, poursuit-il. Moi, j’ai été copilote, donc je vois les endroits où ça peut être critique. Après, si on prend la réglementation du sport auto, théoriquement, je dis bien théoriquement car personne ne le respecte, il n’y a que les endroits où il y a de la rubalise verte qui sont autorisés aux spectateurs. Ce qui veut dire que là où il n’y a pas de banderole verte, les spectateurs n’ont pas à y être. »    
    

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