Conques-en-Rouergue. Pierre Riom, une figure de la politique aveyronnaise s’éteint

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  • Pierre Riom dans les années 80, alors maire de Conques. Pierre Riom dans les années 80, alors maire de Conques.
    Pierre Riom dans les années 80, alors maire de Conques. Archives Centre Presse -
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Centre Presse

De Rodez à Conques et au Département, il aura mené 34 ans d’engagement politique en Aveyron et marqué son époque avant de se retirer en 2001. Il est décédé à l’âge de 91 ans.

Pierre Riom s’est éteint mercredi, il aurait eu 92 ans le 3 novembre prochain. Les jeunes générations auront un peu de mal à comprendre combien ce personnage à l’intelligence vive, un peu matois parfois, aura marqué de son empreinte la politique aveyronnaise. Une empreinte jalonnée de bonds et rebonds, de combats et d’intrigues, dont il saura toujours se sortir avec habileté.

Et sa sortie de la vie politique fut quant à elle fort discrète : en 2001, il n’est pas réélu maire de Conques après 18 ans de mandat.

Cette même année, il quitte le conseil général, dont il assurait la vice-présidence, après avoir été élu depuis 1970 conseiller général de Conques.

" J’ai démissionné pour une question d’âge, rien de plus ", nous confiait-il il y a six ans.

L’âge pourtant n’était guère un souci pour un homme qui cumulait 34 ans d’engagement politique en Aveyron, au sein duquel il ne faut pas oublier son mandat de conseiller régional de 1980 à 1998.

Du Crédit Lyonnais au Centre européen de Conques

Né à Viviez dans une modeste famille d’ouvriers, le jeune Pierre vend l’Humanité Dimanche à la criée, avant d’être embauché à 14 ans comme commis au Crédit Lyonnais de Decazeville. Il gravira dans cette banque, tous les échelons, courant les formations, "travaillant dur tous les jours". Il accède à l’âge de 33 ans au poste de directeur de l’agence de Rodez et découvre le chef-lieu, sera premier adjoint au maire de l’époque Roland Boscary Monsservin, et qui deviendra sa seconde patrie. Ou sa troisième.

Car Pierre Riom aura construit l’essentiel de son engagement à Conques, où il nourrissait comme seule attache affective des souvenirs de vacances en famille et le culte que sa mère vouait à sainte Foy.

Et c’est à Conques qu’il marquera les esprits en disputant aux frères Prémontrés le Trésor qui, à ses yeux, revenait à la collectivité. Puis en créant, à la fin des années 80 le Centre européen d’art roman quand la Direction générale aux affaires culturelles finançait déjà dans le bourg un centre culturel…

Ce centre européen, doté des derniers équipements, endettera prodigieusement la commune, seule à en assurer la charge. "Un peu plus d’un milliard de francs, c’est vrai que c’était un peu cher, reconnaîtra-t-il il y a six ans. Mais c’était utile à Conques". Et d’ajouter : "Si c’était à refaire, je le referais".

À l’époque, les Français à travers la télévision (Christophe Dechavanne) et les rapports de la Cour des Comptes, connaissent finalement mieux le raté budgétaire de cette commune aveyronnaise que la formidable abbatiale qu’elle abrite…

Multicartes

Le centre européen sera la pierre angulaire de Pierre Riom qui multipliera au fil de sa carrière la réalisation de projets dont la construction de l’aéroport de Rodez et la direction de la première compagnie aérienne (Union Air Rouergue) a y poser le fuselage. La disparition mystérieuse d’un DC3 de la compagnie, au-dessus de l’Afrique, alimentera des rumeurs de trafic d’armes, jamais vérifiées.

Au Département, le conseiller général de Conques est, notamment, l’homme des routes et des finances, prend des responsabilités dans toutes les officines ou presque, de la vallée du Lot à l’A 75 en passant par la fédération des offices de tourisme.

Multi-cartes, il ne le sera pas côté politique, il suivra le sillage de Boscary Monsservin dans ce centre droit qu’il ne quittera plus, du parti républicain à l’UDF, de Giscard à Barre.

Retiré de tout ou presque, Pierre Riom consacrait ses journées à visiter son épouse à la maison de retraite Bon Accueil de Rodez. Celle-ci est décédée il y a quelques années, on ne voyait plus son mari, sanglé dans un immarcescible manteau de cuir, sillonner les rues.

Les obsèques de Pierre Riom seront célébrées ce lundi 21 octobre à 15 heures en l’église du Sacré-Cœur de Rodez.

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