Vaccin contre la grippe: un cocktail subtil fruit d'un pari à gros enjeu

  • On connaît depuis mars la composition du vaccin pour cet hiver, qui commence tout juste à être administré
    On connaît depuis mars la composition du vaccin pour cet hiver, qui commence tout juste à être administré fstop123 / IStock.com
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Relaxnews

(AFP) - Un pari qui peut sauver des vies, pour un assemblage presque aussi complexe qu'un grand vin: chaque année, la composition du vaccin contre la grippe est déterminée avec plusieurs mois d'avance par l'OMS, qui tente pour cela de prédire quels virus circuleront l'hiver suivant.

Ainsi, on connaît depuis mars la composition du vaccin pour cet hiver, qui commence tout juste à être administré. D'un hiver sur l'autre, cette composition doit être modifiée, car les virus de la grippe évoluent constamment.

Or, plusieurs mois sont nécessaires aux labos pharmaceutiques pour fabriquer le vaccin contre la grippe, dont le mode de production est spécifique: les virus qui le composeront doivent auparavant être cultivés dans des œufs de poule.

C'est pourquoi sa composition doit être fixée longtemps à l'avance, au terme d'un processus complexe mené par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et conclu deux fois par an, en février pour l'hémisphère Nord et en septembre pour l'hémisphère Sud.

Pour tenter de prédire quels virus circuleront l'hiver suivant, l'OMS analyse les données de ses centres nationaux de la grippe. Répartis dans une centaine de pays, ces centres surveillent la circulation des virus durant la saison en cours.

Les virus grippaux responsables des épidémies saisonnières sont de deux types : A (divisés en sous-groupes, principalement H1N1 et H3N2) et B. Les recommandations de l'OMS portent sur des vaccins quadrivalents (protégeant contre quatre types de virus, deux A et deux B).

Plus les virus choisis pour composer les vaccins correspondent à ceux qui circuleront l'hiver d'après, plus la vaccination sera efficace.

Problème: il est impossible de prévoir avec certitude quels virus circuleront huit mois plus tard, et donc de garantir une efficacité du vaccin à 100%.

Par exemple, l'hiver dernier, l'efficacité du vaccin en France a été de 47% tous virus confondus. Dans le détail, elle était de 69% contre le virus A(H1N1), mais de seulement 33% contre le A(H3N2).

Le vaccin qui a commencé à être administré en France et dans tout l'hémisphère Nord pour cet hiver est composé d'un virus A(H1N1) prélevé en 2018 à Brisbane (Australie), d'un A(H3N2) prélevé en 2017 dans le Kansas (États-Unis), d'un de type B prélevé en 2017 au Colorado (États-Unis) et d'un de type B prélevé en 2013 à Phuket (Thaïlande).

Les deux derniers figuraient déjà dans le vaccin de l'an passé, contrairement aux deux premiers.

Preuve de la complexité du processus, l'OMS a eu cette année un mois de retard dans ses recommandations.

Elle avait choisi 3 virus sur 4 à la date butoir du 21 février, mais n'avait pu se prononcer à temps sur le A(H3N2), car la proportion des différents virus de ce type en circulation avait évolué juste avant ce choix. Elle s'était donc donné un mois de plus pour y parvenir et avait finalement annoncé la composition définitive du vaccin le 21 mars.

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