Carole Delga: "La Région au soutien de l'Aveyron"

  • Femme de conviction, Carole Delga défend ses choix.
    Femme de conviction, Carole Delga défend ses choix. Centre Presse - José A. Torres
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Recueillis par Joel Born

À l’occasion de sa venue à Baraqueville, pour l’inauguration de la déviation, la présidente de la région Occitanie a accordé une interview à Centre Presse. L’occasion d’évoquer quelques gros dossiers aveyronnais, du désenclavement à l’enseignement supérieur, mais également l’équilibre territorial au sein de la nouvelle région ou son avenir politique.
 

Le dossier de la RN88 mobilise depuis des années les élus aveyronnais. Récemment, Jean-François Galliard a indiqué que la Région et le Département étaient prêts à agir main dans la main pour la portion comprise entre Rodez et Sévérac, dont les financements ne sont toujours pas assurés. Qu’en est-il ?

Avant d’en arriver là, il convient de financer le surcoût des travaux pour la deuxième portion de la déviation de Baraqueville. Ce surcoût est de 15 M€. La Région apporte un financement de 3,5 M€, le Département également. Encore une fois, les évaluations de l’État ne sont pas bonnes. On nous demande de compléter alors que les dotations de l’État pour les régions ont baissé de 450 M€, ce qui représente une perte de 50 M€ pour l’Occitanie.

Pour la section Rodez-Sévérac, Jean-François Galliard est très volontariste. Malgré un contexte budgétaire difficile, il accepte d’être maître d’ouvrage. Si cela s’avère nécessaire, la Région fera les avances de trésorerie. On fait le maximum.

 

Et le contournement de Rodez ? Peut-on espérer le voir un jour ?

Nous allons remettre le projet dans le prochain Contrat de plan état-Région. Pour nous, la RN88 est l’une des routes prioritaires de la région et je suis parfaitement consciente de l’impatience des élus aveyronnais.

 

Un récent rapport de la Cour des comptes dénonce le coût des transports ferroviaires régionaux. On sait que la région Occitanie est très attachée, au contraire, au développement des TER. Comment réagissez-vous ?

La Cour des comptes est dans une vision qui ne tient pas compte de l’impact des politiques publiques. On compte les allumettes… Il n’est pas interdit de réfléchir à l’investissement public. Résumer le train à un coût n’est pas sérieux dans l’urgence climatique que l’on connaît. Le meilleur mode de transport est le ferroviaire. Il y a un prix à payer. C’est une analyse comptable étriquée. Je suis abasourdie devant ce manque de hauteur, de la non prise en compte des enjeux mondiaux des changements climatiques. Si on poursuit la même politique de développement, on va dans le mur. Regardez les dégâts que viennent de provoquer les inondations et ce que cela coûte. Les TER sont indispensables. Il faut changer de culture. Nous allons continuer à défendre le train. C’est nécessaire à l’équilibre territorial et à l’aménagement du territoire. Nous avons retenu six lignes prioritaires dont la ligne Rodez-Sévérac-Millau, pour laquelle nous avons inscrit 15 M€ de travaux d’urgence.



Concernant l’aéroport Rodez Aveyron, la Région va donc répondre à l’attente des élus, en intégrant le syndicat d’économie mixte qui gère la plateforme ?
À partir de janvier 2020, en effet, la région Occitanie intègre le syndicat d’économie mixte à hauteur de 15 %. Le Département reste à hauteur de 70 %, Rodez Agglomération passe à 10 % et la CCI à 5 %. En 2020, cela représentera une participation de la Région au fonctionnement de l’aéroport de l’ordre de 380 000 €. Une enveloppe à laquelle il faut ajouter notre participation au financement de la ligne d’aménagement du territoire de Rodez Paris. En 2018 et 2019, cette participation a été de 156 000 €.


Le dossier de l’enseignement supérieur et du nouveau campus ruthénois a pris beaucoup de retard. Les travaux vont-ils enfin démarrer ?
Le projet architectural est désormais validé. Les travaux préparatoires vont commencer pour une ouverture programmée d’ici fin 2021. Quinze mois de gros travaux seront nécessaires. C’est un gros investissement de la Région. Initialement, c’était un projet de 8 M€ avec un financement de la Région de 4 M€. C’est désormais un projet de 12 M€ avec une participation de la Région et des fonds européens de 8 M€.



La nouvelle gouvernance du musée Soulages provoque quelques vagues, auprès de certains élus ruthénois. Comment jugez-vous l’apport de l’Établissement de coopération culturelle ?
L’EPCC permet d’atteindre et assurer une excellence à l’échelle de ce que représente un musée de France. Quelque part, c’est un patrimoine universel qui réclame un tel niveau. Je comprends certaines inquiétudes des élus mais il faut travailler dans la sérénité et l’objectivité. Concrètement, la Région participe désormais au fonctionnement du musée à hauteur de 350 000 €. Jusqu’à présent, nous financions uniquement les expositions, ce qui représentait une contribution annuelle moyenne de 50 000 €.



Au moment où la Région lance un plan pour l’Industrie du futur, deux des principales entreprises aveyronnaises, Bosch et Jinjiang Sam traversent une période difficile. Comment percevez-vous la crise actuelle de la filière automobile ?
À plusieurs reprises, nous nous sommes longuement entretenus du sujet avec le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Il y a plusieurs raisons aux difficultés actuelles de l’industrie automobile. C’est la filière industrielle qui connaît le plus de mutations. Outre la crise du diesel, il y a une évolution considérable de la notion de partage de la voiture automobile, notamment chez les plus jeunes. Il y a aussi les évolutions technologiques avec notamment les véhicules autonomes et connectés, qui risquent de bouleverser encore la filière dans les vingt prochaines années. À Toulouse, nous avons réussi à favoriser l’implantation de deux centres de recherches de Renault et Continental. Le 16 octobre, lors de la venue d’Emmanuel Macron et Angela Merkel, j’ai de nouveau rappelé à Bruno Le Maire, qu’il faut accompagner les entreprises.
Là aussi, nous travaillons main dans la main avec les élus aveyronnais. Nous sommes tous mobilisés pour l’avenir de Bosch. Il faut que le board allemand envisage une véritable diversification vers l’aéronautique et Airbus. Regardez l’exemple de Figeac avec la sous-traitance aéronautique. Comme quoi, c’est possible. Il faut également démontrer scientifiquement que les nouveaux moteurs diesel sont moins polluants pour qu’ils puissent obtenir la vignette Crit’Air 1.
Pour Sam Jinjiang, il me semble que l’on prend la bonne voie avec la direction du groupe Renault, qui a de nouveau confirmé un important volume de commandes. Mais je reste vigilante.



La nouvelle région Occitanie doit composer avec deux métropoles régionales et tout ce que cela suppose. Êtes-vous parvenue à assurer un véritable équilibre territorial ?
Oui, en dehors de certaines postures politiciennes, la Région Occitanie a montré son utilité. Quand je vais désormais dans le bassin alésien, les gens me reconnaissent, viennent vers moi… Moi j’aime travailler collectivement, mutualiser les efforts. Cet état d’esprit, on a réussi à l’insuffler à l’ensemble du territoire régional. La fusion des deux précédentes régions de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon nous a, par exemple, beaucoup apporté dans le secteur agroalimentaire. Ce secteur connaît une énorme progression. La Région doit être une locomotive pour fédérer, rassembler, dynamiser… Et la Région est au soutien de l’Aveyron. Nous avons créé un dispositif régional d’aide aux entreprises de moins de 50 salariés. 17 % de ces aides régionales bénéficient à des entreprises aveyronnaises, alors que la population aveyronnaise ne représente que 5 % de la population totale de l’Occitanie. Je trouve que c’est assez significatif. Cela démontre également le dynamisme des entreprises aveyronnaises. Il reste encore beaucoup à faire, mais lors de mon élection le taux de chômage en Occitanie était de 2,2 % supérieur à la moyenne nationale. Même si c’est toujours trop, ce taux a baissé de 0,5 % et n’est plus supérieur à la moyenne nationale que de 1,7 %.

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