Course pédestre : deux Aveyronnais fous… mais fiers

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  • Comme en 2017, mais en un temps nettement inférieur, Fabien Barrau et Thomas Lacombe sont venus à bout de la Diagonale des fous. Comme en 2017, mais en un temps nettement inférieur, Fabien Barrau et Thomas Lacombe sont venus à bout de la Diagonale des fous.
    Comme en 2017, mais en un temps nettement inférieur, Fabien Barrau et Thomas Lacombe sont venus à bout de la Diagonale des fous. DR - Reproduction Centre Presse
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Fabien Barrau et Thomas Lacombe ont participé à la Diagonale des fous, l’une des épreuves les plus dures qui existent, qu’ils ont conclue main dans la main, aux vingt et unième et vingt-deuxième places.

Ils étaient partis à deux, ils sont arrivés à deux, ensemble qui plus est, pour partager intégralement cette expérience. Il y a une dizaine de jours, Fabien Barrau et Thomas Lacombe ont atteint ensemble l’objectif qu’ils s’étaient fixé en allant au bout de la mythique Diagonale des fous, sur l’île de la Réunion.

Une performance en soi, eu égard à la difficulté de l’épreuve (166 kilomètres et 9 611 mètres de dénivelé positif), classée parmi les plus dures au monde, à laquelle ils ont donné encore plus de valeur en franchissant la ligne, respectivement, aux vingt et unième et vingt-deuxième places, après quasiment 30 heures d’efforts (29h15’30’’).

"On l’avait déjà courue il y a deux ans, ce qui fait que l’on ne partait pas dans l’inconnu, explique Thomas Lacombe, 35 ans. À l’époque, j’avais terminé en un peu plus de 41 heures (41h23’55’’, à la 333e place, NDLR). Cette année, on avait décidé de mieux se préparer, toujours avec comme objectif de la finir ; elle est tellement dure que se fixer un objectif de temps n’est pas évident. Je suis parti un peu plus vite cette fois et quand on s’est rejoints avec Fabien, à mi-parcours, après 80 kilomètres, on a vu qu’on avait le même rythme et on a donc décidé de continuer ensemble, ce qui nous a permis de nous entraider et à l’un de tirer l’autre quand il était moins bien."

"On n’avait pas prévu de finir ensemble, complète Fabien Barrau, 34 ans, qui en était, lui, à sa troisième participation (114e, en 34h53’17’’, en 2017, et 324e, en 42h13’18’’, en 2015). Thomas est parti assez fort et s’est même retrouvé parmi les dix premiers à un moment alors que moi, j’étais plutôt dans les quarantièmes-cinquantièmes. Quand on s’est rejoints, la question de savoir ce qu’on devait faire ne s’est pas posée longtemps. On était contents et plutôt que de courir à moins de cinq minutes l’un de l’autre, on s’est dit qu’on allait avancer ensemble vu qu’on avait le même niveau."

"Quand le physique lâche, la tête prend le relais"

Sur ce parcours "très compliqué du début à la fin", dixit le second, la gestion de l’effort, et notamment des moments délicats, sur le plan physique et / ou mental, a été l’un des éléments clés.

"Quand on a un peu d’expérience, on sait qu’on va en vivre et il faut attendre que l’orage passe. Si on arrive à s’alimenter et à s’hydrater correctement, dans tous les cas, ça passe. Ce qui est assez problématique est le début de la nuit : le corps est perturbé, il veut dormir, et c’est souvent là que survient le plus gros passage à vide. Sur une épreuve comme celle-là, on est tout le temps à la limite, tout le temps en prise, surtout quand on fait la course à l’avant, et il faut tout faire pour éviter de basculer dans la zone rouge", détaille le Salarsipontain Fabien Barrau, marqué encore une fois par le cirque de Mafate, comme son compère.

"Il n’y a aucun accès en voiture et la seule solution pour en sortir, hormis l’hélicoptère en cas d’urgence, est à pied, par une côte de 2000 mètres de dénivelé positif, indique le Ruthénois. Quand vous le quittez, il vous reste plus de cinquante bornes à faire et là, c’est très dur moralement, mais il faut se dire que ça l’est pour tout le monde, ne pas trop réfléchir et continuer à mettre un pied devant l’autre. Quand le physique lâche un peu, la tête prend le relais, et c’est ce qui est chouette dans l’ultra-trail."

En parvenant à déjouer les pièges constitués par un terrain extrêmement compliqué, avec des chemins en dévers, une présence quasi constante de pierres, ou encore de grandes marches naturelles, ainsi que par l’humidité et les fluctuations de température importantes (le mercure est notamment passé, en l’espace de quelques heures, de – 3 à 36°C), les deux Aveyronnais se sont progressivement "pris au jeu" (Lacombe) du chrono et accrochés jusqu’au bout, en bénéficiant, notamment, des encouragements des proches et amis qui les avaient accompagnés.

"Une préparation vraiment sérieuse"

"Très franchement, on ne pensait pas du tout terminer dans ce temps ni à cette place-là, avoue Thomas Lacombe, qui va ouvrir, l’an prochain, une agence immobilière dans le quartier de Bourran, à Rodez. Quand à la mi-course, on nous a dit qu’on était autour de la vingtième place, on n’y a pas cru et on s’est demandé ce qu’on faisait là."

"On ne s’attendait pas du tout à ça, insiste Fabien Barrau, restaurateur installé à Val Thorens. J’étais parti pour finir mais aussi pour réaliser un bon chrono, ambitieux, de 32 heures, que j’avais ensuite un peu rectifié en le faisant passer à 33 heures, quand j’avais vu le niveau. Finalement, on a terminé en mettant quatre heures de moins ; c’est génial."

Un chrono et un classement en guise de récompense pour les deux coureurs, après une préparation d’une année, intensifiée au cours des six derniers mois, synonyme de beaucoup de sacrifices sur le plan personnel.

"On a fait très gaffe à l’hygiène de vie, à l’alimentation, au sommeil ; c’était la partie la moins marrante mais à l’arrivée, on s’est dit que le travail avait payé et on était contents de retrouver nos familles et nos amis. La “perf’”, ce n’était pas la finalité mais la cerise sur le gâteau", révèle l’ancien joueur de rugby, avant d’ajouter, au sujet des sentiments qui l’ont assailli au moment où il a franchi la ligne : "Le premier a été de me dire que j’allais jeter les baskets et arrêter la course à pied (rire) mais rapidement, la satisfaction a pris le dessus".

"On a effectué une préparation vraiment sérieuse. Personnellement, je n’en avais jamais fait une comme ça. Comme je passe une bonne partie de l’année à Val Thorens, j’ai un accès plus facile à la montagne et il est plus aisé pour moi de trouver, dans la journée, des moments pour aller m’entraîner sans que ça ait trop de conséquences sur ma vie de famille. Ce que je vois est que tous les sacrifices ont payé puisqu’on a pris du plaisir. C’est la base dans ce sport-là. Si on n’en prend pas, ça ne sert à rien, et ça veut dire qu’on n’a pas bien fait les choses en amont", glisse le Savoyard, qui, comme son acolyte, va encore prendre le temps de savourer avant de songer à d’autres défis : "On est arrivés à un niveau intéressant pour aller jouer de bonnes places sur d’autres ultras mais après, il y a également la vie professionnelle et celle de famille, et un équilibre à trouver. Si je dois envisager d’autres courses, ce sera avec envie, naturellement".

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