Plonger dans l'inconnu : audace ou erreur de raisonnement ?

  • Les scientifiques ont constaté que plus la région du cerveau qui joue un rôle déterminant dans la prise de décision était active au moment de l'évaluation des options, plus la marge d'erreur de raisonnement était importante.
    Les scientifiques ont constaté que plus la région du cerveau qui joue un rôle déterminant dans la prise de décision était active au moment de l'évaluation des options, plus la marge d'erreur de raisonnement était importante. metamorworks / IStock.com
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Relaxnews

(Relaxnews) - Prendre des décisions en se basant sur des facteurs inconnus résulterait davantage de mécanismes cérébraux erronés que d'une preuve de curiosité, selon une étude menée par une équipe de scientifiques de l'Inserm. 

Lassé d'effectuer le même trajet tous les jours pour se rendre de son domicile au travail, on va subitement décider d'emprunter un chemin différent. Prendre le bus au lieu du métro, sans savoir le temps que cela prendra. Juste comme ça, histoire de casser la routine et de voir si cette option est préférable à celle qu'on pratique d'habitude.

D'après une nouvelle étude réalisée par une équipe de chercheurs de l'Inserm, du Laboratoire de neurosciences cognitives et computationnelles, ce genre d'attitude traduit davantage "des erreurs résultant des mécanismes cérébraux impliqués dans l'évaluation de nos options", qu'une marque de curiosité.

Parus dans Nature Neuroscience, les travaux ont porté sur une centaine de personnes. Les participants ont été invités à participer à un jeu de machines à sous et se sont livrés à plusieurs expériences, dont une qui consistait à choisir entre deux symboles (gauche et droite). Le symbole de gauche a permis au jouer de remporter de l'argent dans les essais précédents. Le symbole de droite, lui, n'avait pas encore été testé. Aucune garantie donc qu'il permette de gagner de l'argent. Ce type de choix illustre un compromis entre exploiter des options connues (dans cet exemple, choisir le symbole de gauche) et envisager des options plus incertaines (choisir le symbole de droite).

Plus on évalue les options, plus la marge d'erreur de raisonnement est importante

Les scientifiques ont constaté que plus de la moitié des choix habituellement considérés comme "audacieux" étaient plutôt le fruit de raisonnements erronés. "Nos participants ont l'impression de choisir le meilleur symbole et non pas le plus incertain, mais ils le font sur la base de mauvaises informations résultant d'erreurs de raisonnement", explique dans un communiqué Valentin Wyart, chercheur à l'Inserm qui a supervisé les travaux.

Les personnes qui ont accepté de participer aux recherches ont par ailleurs été soumises à des examens d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle au moment où elles étaient confrontées à des choix. Les scientifiques ont constaté que plus la région du cerveau qui joue un rôle déterminant dans la prise de décision était active au moment de l'évaluation des options, plus la marge d'erreur de raisonnement était importante. "Ce résultat est important, car il implique que de nombreux choix vers l'inconnu le sont à notre insu, sans que nous en ayons conscience", souligne Valentin Wyart. 

Faut-il pour autant chercher une solution pour corriger ces erreurs ? Non, affirment les auteurs de l'étude. Ces derniers rappellent en effet qu'un bon nombre de raisonnements faussés ont conduit à des avancées capitales qui ont changé la face du monde. La découverte de l'Amérique par l'explorateur Christophe Colomb...ou encore la création du pace-maker, initialement étudiée par le chercheur canadien John Alexander Hopps pour soigner l'hypothermie à partir d'une fréquence radio.

Ces découvertes hasardeuses en combinant des domaines de recherches à priori éloignés s'avèrent fréquentes en science et particulièrement en médecine : c'est le fameux concept de sérendipité.

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