Rodez : l'église St-Amans dans la tourmente révolutionnaire

À la Révolution, peu à peu, "le gouvernement de l’épouvante et de la terreur s’étend sur la ville, écrit l’historien Pierre Benoit. Les principaux adversaires à la Révolution sont reclus, les autres comprennent qu’il faut se taire."

Une guillotine toute neuve se dresse à présent place de la Liberté, autrefois place du Bourg.

À l’église Saint-Amans, menacé de mort, le curé Mazars doit quitter la ville ; seuls les prêtres assermentés peuvent célébrer les offices jusqu’à la fin du mois de février 1794, époque de la renonciation au culte public. "Dieu devient suspect", résume Pierre Benoit.

L’église devient un grenier à fourrage

L’abbé Noé consigne une dernière fois sur les registres paroissiaux : "Sera pour mémoire que le deuxième jour de février 1794, il nous fut adressé une lettre de la municipalité par laquelle il nous était prescrit de ne point chanter de messes de paroisses et de ne point faire la cérémonie de la bénédiction des cierges, que l’église Saint-Amans serait fermée après la messe de 11 heures."

Désormais interdites au culte, les églises de la ville sont affectées à différents usages : dépôts, casernes, etc. L’église Saint-Amans sert ainsi de grenier à fourrage pour l’administration départementale.

Un miracle de saint Amans, rapporté par le chanoine Louis Servières dans sa biographie consacrée au saint homme, est lié directement à cette période troublée : "Tandis que le sieur Molénat façonnait des bottes de foin près de l’autel de l’église, aidé de ses deux ouvriers Sahut et Lamarque, il leur arriva de tenir des propos impies et blasphématoires contre le saint patron de l’église. Aussitôt parut une main armée d’un fouet ; elle s’attacha aux trois misérables, les cinglant avec vigueur. Éperdus d’épouvante, ils prirent la fuite. Aveuglés de terreur, ils eurent de la peine à retrouver la porte. L’un d’eux, Sahut, en garda toute sa vie un tremblement convulsif, et tous les trois, après leur conversion, racontèrent le châtiment miraculeux de leur sacrilège."

Vols et profanations

Dans le courant du mois de février 1794, l’église est envahie par un groupe d’hommes profanant les cercueils de plomb contenant les Corps Saints : saint Amans, saint Naamas et saint Dalmas, précieusement conservés depuis de nombreux siècles. Les forcenés s’emparent de l’or et de l’argent des reliquaires et dispersent les ossements.

"Le citoyen Tarayre, secrétaire de la Commune, recueille le chef de saint Amans abandonné sur les dalles et le rend à l’église. Quand les temps furent devenus meilleurs, M. Pougenq, de Réquista, rapporta les têtes de saint Dalmas, et de saint Naamas." (Pierre Benoit)

Après de longues années d’épreuves, la tempête s’apaise enfin. Les églises sont rendues au culte catholique, les autels relevés.

À l’église Saint-Amans, le curé M. Mazars reprend possession de son église.

À suivre…

Chaque semaine, Centre Presse ouvre ses colonnes au service du patrimoine de Rodez Agglomération. Laissez-vous entraîner, pour cette deuxième saison d’"Histoire de voir !" dans son sillage à la découverte de ces trésors, connus ou méconnus, de l’agglomération ruthénoise.