Laguiole. Aveyron : le "Buffadoo" donne un nouveau souffle au bouffadou

  • Avec Jérôme et André, le soufflet à bouche a retrouvé une nouvelle jeunesse.
    Avec Jérôme et André, le soufflet à bouche a retrouvé une nouvelle jeunesse. Centre Presse - José A. Torres
  • Le "Buffadoo" donne un nouveau souffle au bouffadou
    Le "Buffadoo" donne un nouveau souffle au bouffadou Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour
Olivier Courtil

Jérôme Roux et André Bras à Laguiole ont remis au goût du jour, avec succès, cet objet pour attiser le feu avec deux innovations brevetées.

Avec l’arrivée de l’hiver vient la saison des cheminées et des poêles. Les anciens utilisaient le bouffadou (en langue d’oc) dit aussi soufflet à bouche ou soufflet à canon pour attiser et entretenir le feu. Ce tube permettait au "souffeleur", personne en charge de l’entretien du feu au Moyen Âge, d’entretenir la flamme. Voilà pour la petite histoire. Et voici qu’en 2014, Jérôme Roux, à la tête de la galerie d’art du Taureau à Laguiole, a eu la bonne idée de relancer cet objet ancestral en lui apportant le confort et l’esthétique du nouveau millénaire. "J’ai eu l’idée en voyant le renouveau du couteau laguiole. Je me suis dit qu’on pouvait aussi relancer l’usage de cet objet traditionnel". Pour ce faire, il se rapproche d’André Bras (frère de Michel Bras), fils de forgeron, ancien directeur de la Forge de Laguiole, curieux et touche à tout qui a notamment conçu des couteaux donnant lieu à une exposition au musée Soulages. "C’est une association de compétences. André est très ingénieux. C’est d’ailleurs lui qui a mis au point deux procédés dont les brevets ont été déposés." Il s’agit d’un clapet côté bouche, qui protège des retours de fumée, et côté feu, d’un embout métallique pour optimiser le débit d’air. Plus question ainsi de s’époumoner pour allumer le feu !

Le projet a rapidement séduit et l’affaire fut rondement menée avec l’entreprise Pourquié basée à Rivière-sur-Tarn pour la partie métallique, Max Capdebarthes pour la maroquinerie, le studio La Nauze à Onet-le-Château pour la conception graphique. De fait, le Buffadoo bénéficie de l’estampille "Fabriqué en Aveyron". Aujourd’hui, cet accessoire aussi pratique qu’esthétique, bénéficie d’une vitrine auprès d’une vingtaine de revendeurs et surtout d’un client haut de gamme et important aux Pays-Bas avec la marque Ofyr. "Cette entreprise m’a contacté par Internet. Elle a tellement été séduite que les commandes sont de 3 000 à 5 000 Buffadoo par an soit notre plus grand marché", précise Jérôme Roux. Il se décline en plusieurs gammes et couleurs et peut être agrémenté d’accessoires (pièce et socle) signés Michel Bras.

Le Flambadoo dans les tuyaux !

La belle histoire ne s’arrête pas là car Jérôme Roux travaille sur un nouveau projet qui devrait plaire aux Hollandais mais aussi aux Aveyronnais… de souche ! En effet, il compte redonner vie au flambadou qui deviendrait alors Flambadoo. Cet objet en forme de cône contenait du lard en sauce qui servait à arroser les viandes. "Il était très utilisé dans le Sud-Aveyron", indique Jérôme Roux. Et d’ajouter enthousiaste : "L’esprit est de rester autour du feu et de décliner cet objet lié au foyer. C’est un objet spectaculaire et qui parfume, c’est extraordinaire ! Il rappelle les repas d’antan, sympa et utile, en complément du Buffadoo". Partant ainsi du Buffadoo pour allumer le feu, le Flambadoo a pour but d’user des flammes et de la braise en particulier pour chauffer des sauces. Là encore, l’esthétique de l’objet se greffe à son usage pour lui donner un aspect contemporain avec un côté torsadé, en référence au Buffadoo. Et de l’ingéniosité en trouant le cône pour verser le liquide. Une première mouture vient d’être réalisée courant octobre. Il devrait être commercialisé en début d’année prochaine. "Les gens ne se posent pas ou plus la question de l’origine des produits régionaux. Je réfléchis à cela, toujours autour du feu, et cela n’est pas fini !", conclut Jérôme Roux. Histoire de réchauffer nos longues soirées d’hiver…

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