Rodez : le culte de saint Amans à travers le feu

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  • Chapelle axiale et buste reliquaire (XIXe siècle)  de saint Amans. Chapelle axiale et buste reliquaire (XIXe siècle)  de saint Amans.
    Chapelle axiale et buste reliquaire (XIXe siècle) de saint Amans. Service du patrimoine de Rodez Agglo
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Centre Presse

Huitième épisode de l’aventure de l’église Saint-Amans contée par le service du patrimoine. Cette semaine : quand le saint fait des "miracles".

Depuis la mort de l’évêque saint Amans autour du Ve siècle, les habitants de Rodez ont toujours manifesté leur confiance envers leur saint patron, considéré comme à la fois l’apôtre, le défenseur et le bienfaiteur de la ville. Les divers genres de calamités étaient tout autant d’occasions d’invoquer l’intercession du saint homme.

"Lorsqu’un incendie éclatait sur un point de la ville, écrit le chanoine Louis Servières, menaçant de dévorer un quartier tout entier, alors le peuple recourait à son puissant protecteur et ce malgré les secours. Les vieillards se souviennent encore d’avoir vu (à la fin du XIXe siècle), dans ces circonstances, que l’on plongeait le buste reliquaire du saint dans un vase rempli d’eau et que l’on jetait sur le feu cette eau ainsi sanctifiée. Peu à peu on voyait les flammes apaiser leur fureur et arrêter leurs ravages. Cette pratique remontait à une époque reculée. Nous en trouvons un trait remarquable dans une mémorable circonstance : l’incendie du clocher de la cathédrale Notre-Dame de Rodez."

Nuit d’épouvante

En effet, à l’extérieur du clocher de la cathédrale, côté sud et à hauteur des terrasses, une inscription de plus de mille lettres en caractère gothique, sculptées dans le grès, en garde le souvenir.

C’est le récit de la grande nuit de l’épouvante. Écrit près de vingt ans après le sinistre, et alors que le nouveau clocher était achevé dans toute sa lumière, il paraissait important de ne jamais oublier l’origine de sa reconstruction.

Graver dans la pierre, comme une cicatrice, la longue nuit du 27 avril 1510 : l’imprudence d’ouvriers qui, travaillant à la réparation du toit de l’horloge, avaient oublié sur des réchauds, des braises utilisées pour la fonte du plomb ; et puis le terral peut-être, ce vent de la terre, souvent tapi près de la cathédrale, qui les raviva dans la soirée, avant de les propager furieusement dans toute la charpente ; le crépitement frénétique des premières flammes dans un halo de lumière rouge et soudain, l’incendie à plus de vingt mètres de haut…

Le reste ne s’écrit pas, il s’imagine : la terreur des habitants vers ce ciel incandescent, l’impuissance des secours tant l’incendie gagnait en force, les craquements assourdissants de la charpente éclatant peu à peu sous l’ardeur du feu et l’épouvante à son apogée, quand des averses de plomb fondu provenant des cloches en fusion, s’abattirent en une pluie lourde et poisseuse aux portes des maisons.

Alors apparut par une petite rue, un long cortège irréel de petites flammes sautillantes, comme des danseuses, accompagné de prières et de chants ; une longue procession de chanoines et d’habitants brandissant la châsse de saint Amans face à l’immense brasier… Dans les premières lueurs d’un jour incertain, les habitants hébétés assistaient aux derniers soubresauts de la bête repue, au milieu des décombres noirs et brûlants.

Le vent s’était tu, et le silence envahissait toute la ville, abasourdie ; sauvée…

À suivre…

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