Basket-ball : Didier Przygoda a changé de terrain, pas de philosophie
L’ailier emblématiquedu club de basket ruthénois au carrefour des années 2000 habite désormaisà Labenne, près de l’océan, où il est famille d’accueil pour migrants mineurs.
Terminé l’orange, pas la passe qui fait la différence. Après "37 licences", Didier Przygoda a décidé il y a un peu plus de deux ans de remiser les ballons. Le basket-ball, s’est ainsi terminé pour "Przy". Lui, l’ancien ailier à la carrière professionnelle, notamment deux exercices en Pro A avec Chalons, et bien d’autres en Pro B, avant un passage remarqué (et remarquable) de cinq saisons à Rodez en Nationale 1 au carrefour du deuxième millénaire. À 54 ans, il coache toujours aujourd’hui, mais sur un terrain bien différent, celui de la vie, "trois jeunes migrants mineurs en tant que famille d’accueil".
"C’est un peu le résumé de ma vie, souffle-t-il. Même quand j’étais pro, j’ai toujours entraîné dans les catégories d’âges inférieures, garçons ou filles, j’étais aussi toujours ou presque en contact avec des étrangers, je faisais, et fais encore, de l’humanitaire ; et je suis moi-même issu d’une double immigration, polonaise par mon père et espagnole par ma mère."
"Cadre de bienveillance"
Et ce nouveau métier "n’étonne pas du tout" son ancien entraîneur à Rodez, Azzedine Labouize (lire plus bas). "Car Didier, c’est ce que j’appelle un leader naturel. Cela correspond aussi à ses valeurs humanistes, au fait qu’il veuille rendre service aux autres, qu’il mette les gens dans un cadre de bienveillance." Ce qu’il avait ainsi déjà fait un maillot du Stade Rodez Aveyron basket sur le dos. Une période qui lui laisse "énormément de souvenirs magnifiques de matches et d’après-matches !" "On était une vraie équipe de potes, se remémore le gaillard d’1,93 m. Individuellement pas les meilleurs, mais chacun pouvait mourir pour l’autre sur le terrain. Il y avait une solidarité à toutes épreuves. Ce qui nous a d’ailleurs valu de passer tout proche de la montée en Pro B !". Après Rodez, le natif de Rouen (arrivé sur le piton à 32 ans pour un projet de reconversion et un BTS qui ne lui auront finalement pas servi de suite) a poursuivi sa carrière de joueur à Bayonne, toujours en N1. Deux saisons. Du parquet, il passe ensuite au banc, il a alors 39 ans. De riches expériences auprès d’équipes de jeunes, de féminines ou encore de seniors hommes, comme à Dax où "en quatre ans, on passe du bas de niveau régional au Prénational". Des occasions aussi "de redonner au basket ce qu’il m’a donné en tant qu’entraîneur, dirigeant, bénévole et même sponsor !", confie-t-il aujourd’hui. Et à chaque fois, l’océan n’est pas loin.
C’est d’ailleurs ce qui l’avait aussi fait quitter l’Aveyron pour "trouver un cadre de vie qui correspondait à toute la famille, mes deux fils étant amoureux de l’océan, et devenus ainsi maîtres-nageurs sauveteurs tous les deux". Installé depuis à Labenne, "à 150 mètres" des vagues, il distille donc quelques conseils de vie sans oublier pour autant le cercle ! "Il y a beaucoup de parallèles entre le sport et la vie, explique-t-il. J’ai ainsi l’habitude de dire à mes jeunes qui arrivent qu’ils débutent en championnat départemental, mais qu’on va aller gagner la coupe du monde."
Azzedine Labouize : « Capitaine, moteur de l’équipe »
« Déjà, c’était le capitaine de l’équipe. Et c’était tout sauf un choix par défaut, se souvient son ancien entraîneur Azzedine Labouize, qui a remplacé Gilles Versier sur le banc du Stade Rodez Aveyron basket fin 1998. Il avait des qualités évidentes de leader, et pas seulement techniques. Chez Didier, il y avait la valeur du joueur, largement au-dessus, puisqu’il avait quand même connu avant le monde professionnel. Mais au-delà, il y avait également des valeurs d’homme. Il était exemplaire, c’était toujours un moteur pour l’équipe. » Le technicien, qui officie aujourd’hui à Voiron chez Tremplin sport formation, se rappelle également de sa faculté à travailler sans cesse. « Il arrivait 15 minutes avant lors de chaque séance pour bosser des choses de façon spécifique. Il était très engagé. Mais il aidait également ses coéquipiers. Il était altruiste sûr et en dehors du terrain. » Pour autant, « ce n’était pas le dernier non plus à mettre la bonne ambiance ». Dans son sillage et celui des Laurent Fourestier, David Caulet ou encore le plus Américain des Aveyronnais de l’époque, Eliott Henderson, le club ruthénois se retrouve aux portes de la Pro B au début de la décennie 2000. « Didier, c’était une vraie plus-value à tous les niveaux. Lui, comme d’autres, était partie prenante de cette très belle dynamique de l’époque », conclut Azzedine Labouize.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?