Football : Rodez, Lens, à chacun son sang et or
Rodez et Lens, qui s’affrontent lundi soir à 20 h 45 au Stadium de Toulouse, partagent les mêmes couleurs. Mais elles n’ont pas les mêmes origines.
Tenue exigée rouge et jaune. Tel pourrait être le panneau d’accueil des spectateurs au Stadium de Toulouse, demain, pour la rencontre entre Rodez et Lens. Les deux clubs abordent en effet les mêmes teintes sang et or. Cette particularité, partagée par un troisième club de Ligue 2, Le Mans, laisse augurer des tribunes harmonieusement colorées. D’autant que plusieurs dizaines de fans nordistes sont attendues, pour ce qui devrait être la dernière du Raf sur l’île du Ramier, avant de réintégrer Paul-Lignon pour la réception du Havre, vendredi 29 novembre.
Mais si les couleurs sont les mêmes, leur origine diffère. À Rodez, "le club a repris les couleurs de la ville", précise l’historien Jean-Michel Cosson. Des teintes adoptées dès l’origine, selon l’ouvrage Le Football ruthénois de sa naissance, 1927, à nos jours, 1979. Son auteur, Aimé Biau, un ancien dirigeant fait en effet mention de "victoire des sang et or", lorsqu’il évoque la première rencontre de la section football du Stade ruthénois après avoir rejoint la Ligue du Midi, en 1931.
Mais, toujours selon le même auteur, avant la Première Guerre mondiale, des Ruthénois pratiquaient le ballon rond dans ce qui s’appelait le "football association", qui "portait les couleurs du FC Sète : maillot rayé vert et blanc, culottes noires".
Logique militaire
Le rouge et le jaune sont "les couleurs héraldiques de Rodez, détaille Jacques Poulet, membre de la société des lettres de l’Aveyron. Le premier sceau conservé date de 1275, avec les armes des anciens seigneurs du Bourg : trois roues jaunes sur fond rouge."
Selon ce spécialiste de l’étude des blasons, "ces couleurs semblent avoir eu la prédilection des grands féodaux du sud de la France. On les retrouve en effet dans les armes de Toulouse, de Navarre, de Foix, du Béarn, de Bigorre, etc". Il estime que ce choix répondait à une logique militaire : "Sur les champs de bataille, les belligérants devaient être reconnus à distance, d’où l’emploi de couleurs dites contrariées, explique-t-il. Le rouge et le jaune peuvent être en rapport avec le soleil qui règne sur le Sud et la chaleur. En tout cas, il ne faut pas chercher de raisons morales, vertueuses ou philosophiques."
Pas de référence au passé minier
Même si Lens se trouve dans le Pas-de-Calais, il faut aussi regarder vers le Sud pour trouver les origines du blason sang et or du Racing. "C’était en souvenir du XVIIe siècle et du temps où Lens était espagnole", avance Laurent Dremière, auteur de La saga des Sang et Or, un ouvrage historique sur le club lensois. Il s’agit donc d’une référence à l’histoire de l’Artois, et non, contrairement à une idée répandue, à une symbolique du passé minier de la région, associant le sang du sacrifice des mineurs et l’or des compagnies.
Il était en revanche question de charbon dans les couleurs originelles du club, avec le noir, associé au vert de la place du même nom, qui accueillait les premiers matches lensois. Mais ces couleurs historiques ont laissé place à l’emblématique association sang et or, qui s’apprête à envahir la Ville rose.
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