Gilets jaunes : "Les gens n’osent plus venir, ils ont peur"

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  • Le mouvement des Gilets jaunes fête son premier anniversaire, ce samedi, et compte bien retrouver les ronds-points aveyronnais.
    Le mouvement des Gilets jaunes fête son premier anniversaire, ce samedi, et compte bien retrouver les ronds-points aveyronnais. José Antonio Torres
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Mathieu Roualdés

Il y a un an, les Gilets jaunes étaient plus de 2 000 sur les ronds-points du département. Mais, à l’heure de fêter son premier anniversaire, que reste-t-il du mouvement en Aveyron ? Bilan d’une année entre espoir et désillusions.

Sur les ronds-points, il est connu comme l’homme au chapeau noir… Et au gilet jaune. Jean-Pierre Regourd, retraité après avoir été directeur d’un établissement médico-social dans le Sud-Aveyron, a rejoint le mouvement dès sa naissance. Pour ne jamais le quitter. Et devenir même l’un des porte-parole de la contestation en Aveyron.

Ce samedi d’ailleurs, il fera tout pour être une nouvelle fois de la partie sur les ronds-points pour fêter le premier anniversaire de ce mouvement social sans précédent.

Il pourrait ainsi retrouver plusieurs de ses camarades qui, il y a quelques mois encore, rêvaient d’un meilleur lendemain, d’un Grand Soir même pour certains… Aujourd’hui, les rêves ont laissé la place à une certaine amertume.

Dans l’Hexagone, comme dans le département, le mouvement s’est essoufflé au fil des week-ends passés dans la rue. Pis, il a perdu une grande partie de sa crédibilité auprès de l’opinion publique, entre un ras-le-bol des blocages, des scènes de violence devenues trop habituelles et un idéal se radicalisant au fil des semaines.

"Les gens ont peur de la répression policière"

Pour Jean-Pierre Regourd, "on a surtout voulu tuer le mouvement" ! Derrière ce "on", l’homme y met le gouvernement bien entendu mais surtout "les éditorialistes et les médias". "On n’a pas cessé de nous assimiler aux violences et les gens n’osent plus venir sur les ronds-points. Puis, en Aveyron comme ailleurs, ils ont peur de la répression policière", indique celui qui continue à participer à plusieurs débats et à éditer des tracts pour la "cause". En espérant qu’un jour, "la flamme jaune allume le feu".

En attendant, l’homme veut surtout s’attacher aux premières semaines du mouvement. Celles des journées, et des nuits, passées sur les ronds-points aux quatre coins du département, celles des klaxons de solidarité des automobilistes avant les invectives… Celle d’un autre temps pour les Gilets jaunes. "L’esprit de solidarité et de fraternité fut incroyable au début. Les gens discutaient entre eux, amenaient à manger pour les plus démunis… Et seulement à manger, pas à boire comme on l’a souvent entendu !", insiste Jean-Pierre Regourd. Cet esprit, le militant en est "fier".

L’Aveyron, si loin de Paris…

Car, l’Aveyron des Gilets jaunes a toujours avancé pacifiquement, loin de Paris et de ses tristes scènes de violence, d’un Arc de triomphe vandalisé à des Champs-Élysées saccagés en passant par l’épisode Christophe Dettinger.

Dans le département, rien de tout cela… Encore à ce jour, aucune interpellation de Gilet jaune n’a été réalisée dans le département, alors qu’on dénombre déjà plus de 2 000 condamnations sur le plan national.

"Je suis très heureux de cela car les violences nous ont causé du tort même s’il ne faut pas oublier celles des policiers. J’ai un ami (Jérôme Rodriguez) qui a tout de même perdu un œil !", souligne encore Jean-Pierre Regourd, même s’il avoue qu’une partie du mouvement était partisane de méthodes violentes. "Il n’y a que cela pour faire avancer les choses", a-t-on souvent entendu sur les ronds-points.

Aujourd’hui, le mouvement et ce qu’il reste de ses membres actifs continuent à réfléchir à l’avenir de la mobilisation. Cette semaine encore, certains se sont retrouvés dans les QG, toujours présents au bord des routes.

Avec la même envie de voir le mouvement repartir de plus belle et ne pas tomber totalement dans la nostalgie. Ce vœu pieux, si l’on ose dire, sera-t-il exhaussé ce week-end pour souffler la première bougie ? Rien n’est moins sûr…

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