Leclerc, Système U, Intermarché: les distributeurs indépendants ont la cote

  • Les distributeurs indépendants, à l'image de Leclerc, Intermarché ou Système U, ont actuellement le vent en poupe, aidés par la cohérence de leur stratégie et leur proximité, selon des spécialistes du secteur.
    Les distributeurs indépendants, à l'image de Leclerc, Intermarché ou Système U, ont actuellement le vent en poupe, aidés par la cohérence de leur stratégie et leur proximité, selon des spécialistes du secteur. FRED TANNEAU / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Ils taillent des croupières aux chaînes de grandes surfaces intégrées: les distributeurs indépendants, à l'image de Leclerc, Intermarché ou Système U, ont actuellement le vent en poupe, aidés par la cohérence de leur stratégie et leur proximité, selon des spécialistes du secteur.

Selon le dernier baromètre du panéliste Kantar, le groupement E.Leclerc, en tête des parts de marché (PdM) en France avec 21,7%, affiche un fort dynamisme (+0,7 point à début novembre). Lidl (6,2% de PdM) poursuit son ascension avec 0,6 point de gain et Intermarché (15,7% de PdM), l'enseigne-phare du groupement des Mousquetaires, prend 0,2 point.

Enfin, le Groupe U (10,9% de PdM) gagne 0,1 point. Ce qui fait dire à son président Dominique Schelcher que "les enseignes qui s'en sortent le plus sur le marché sont celles hyper-axées sur le prix, comme Leclerc et Lidl, et celles qui fonctionnent en coopératives, soit Leclerc à nouveau, mais aussi Intermarché et nous".

Dans un récent entretien au magazine spécialisé LSA, Michel-Edouard Leclerc annonçait ainsi que le chiffre d'affaires du groupement avait bondi de 3,6% depuis le début de l'année.

Pour le dirigeant, cette performance est due notamment à son succès dans le "drive" (prise en charge de commandes effectuées en ligne), en croissance en 2018 de près de 7%, mais aussi en raison de "l'investissement dans les hypermarchés qui produit aujourd'hui ses effets", alors que ce format périclite chez les groupes intégrés, Carrefour, Auchan et Casino.

C'est le résultat d'une "promesse d'enseigne bien lisible" par rapport à ses concurrents: "une seule marque quels que soient le format et le circuit, pas d'écart de prix entre les canaux de vente, pas de yo-yo sur les prix et une même philosophie appliquée à l'extension des gammes et des concepts", selon M. Leclerc.

Des partis pris forts - "différenciants" en langage marketing - qui permettent aux indépendants de tirer leur épingle du jeu face à de grands groupes à la stratégie parfois plus floue.

- "effet d'aubaine" -
Pour M. Schelcher, "avec un patron qui est propriétaire de son magasin, ça fait la différence au plan local" en terme de clientèle, d'animation mais aussi de fournisseurs: 63% des paniers issus de Système U contiennent ainsi au moins un produit de PME, en augmentation de 9 points en 2 ans, soit "le meilleur score toutes enseignes confondues" selon Kantar.

Par ailleurs, contrairement à leurs concurrents cotés en Bourse, "nous ne sommes pas dépendants des marchés" et donc "plus libres", assure M. Schelcher à l'AFP.

Selon Yves Marin, associé du cabinet Bartle, certes ce modèle coopératif fonctionne bien dans la distribution alimentaire, moins dans le non-alimentaire, mais ne doit pas pour autant constituer "une martingale".

Si ça marche pour l'instant, analyse l'expert pour l'AFP, c'est parce que "le marché est plus tendu et que ces modèles sont plus résilients en période de crise", sans oublier un "effet d'aubaine": leur présence dans les "petits formats", porteurs (supermarchés de quartier), ajoutée au recentrage sur l'alimentation saine et locale.

La force des distributeurs indépendants tient aussi en leur "qualité d'exécution", grâce à "une capacité de mise en œuvre (de leurs nouveaux concepts, NDLR) beaucoup plus forte puisque ils ont déjà celle d'investir financièrement: ils ne sont pas à l'étranger et n'ont pas de foyers de pertes à droite à gauche", affirme à l'AFP Thierry Cotillard, le patron d'Intermarché.

Et cette "liberté d'agir et de réagir" est importante dans le contexte actuel d'extrême concurrence, estime Dominique Schelcher, citant l'exemple d'un ancien hypermarché Casino, racheté en septembre puis rénové, et dont "le chiffre d'affaires progresse de 250%" depuis sa réouverture.

En terme d'emploi, les indépendants n'ont pas de problème: "au contraire, on a plutôt des centaines de postes qui ne trouvent pas preneurs", soutient M. Schelcher.

Attention cependant, prévient Yves Marin, leur "très grand pragmatisme" dans le "geste" commercial, qui leur évite "réunionite" et lourdeurs, peut les éloigner des nouvelles technologies et donc d'une adaptation "aux nouveaux métiers, dont la restauration".

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