Millau : pour le numismate volé, "ces mecs-là n’improvisent pas"
Marc Aigouy est le numismate millavois qui s’est fait dérober son importante collection, dans la nuit de dimanche à lundi. Il témoigne, tandis que l’enquête de police est en cours.
Marc Aigouy et sa famille sont encore en état de choc, quatre jours après que le numismate se soit fait voler son importante collection de pièces de monnaie, dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 novembre (notre édition de jeudi). Un préjudice que le collectionneur chiffre à près de 500 000 €. Rencontré jeudi, Marc Aigouy a confié sa détresse. Lui et sa famille sont encore dans un état de nervosité important, ne trouvent pas le sommeil, et surveillent les allées et venues devant leur domicile. Un véritable choc post-traumatique pour ce père de famille, ému aux larmes et convaincu que les malfaiteurs ont agi pendant que lui et sa famille étaient endormis par des gaz soporifiques.
Une collection commencée à 11 ans
Il explique avoir perdu environ 380 pièces de monnaie, datées de la Révolution à la très haute Antiquité. « La numismatique est la chose qui me plaît le plus au monde, confie le collectionneur de 66 ans, pour qui la perte est aussi sentimentale. Ces pièces, je les avais chinées de la Belgique à Biarritz. J’avais commencé ma collection dès mes 11 ans. Ces monnaies, je suis capable de les reconnaître au premier coup d’œil. »
Le numismate a porté plainte lundi après-midi au commissariat de Millau. Hier, il s’est rendu à l’hôpital pour tenter de faire des examens prouvant qu’il a été intoxiqué au cours de la nuit de dimanche à lundi. Mais il n’a malheureusement pu faire qu’une prise de sang. « Normalement, en pareil cas, explique-t-il, en pointant du doigt la police, les investigations sont menées par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), et rendent possible la découverte de traces de molécules chimiques dans les cheveux des victimes. » Permettant ainsi de prouver que les voleurs ont bien pulvérisé un gaz soporifique dans les chambres des personnes lésées…
« La police ne m’a pas pris au sérieux dès le départ »
« Là, on m’a renvoyé vers l’hôpital, le laboratoire, les urgences… Mais tous sont incompétents pour ce genre d’affaire. On ne m’a pas pris au sérieux dès le départ. » Marc Aigouy envisage de compléter sa plainte ce vendredi, en apportant de nouveaux éléments au commissariat de Millau, chargé de l’enquête. La compagne du collectionneur va également déposer plainte. La victime a aussi écrit au procureur de la République. « Je lui ai adressé un appel au secours », alarme-t-il. Il a été demandé au numismate de fournir l’inventaire de ses biens dérobés. Une description qu’il tente de détailler tant bien que mal grâce à sa mémoire, des photos, ou encore des attestations sur l’honneur…
Des documents certifiés, que Marc Aigouy a portés à notre connaissance, font état d’une collection exceptionnelle, « parmi les plus qualitatives du sud de la France ». À ce titre, la victime pense qu’elle était « dans le collimateur » depuis un certain temps. « Ces mecs-là n’improvisent pas. » La profession des numismates est d’ores et déjà informée qu’une collection importante de pièces anciennes circule dans la nature. L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), qui fait autorité dans ce genre d’enquête, est lui aussi informé, indique Marc Aigouy. Lequel, quoi qu’il arrive par la suite, n’est pas certain de continuer sa collection…
Des actes suspects devant la maison
Si Marc Aigouy reproche aux enquêteurs de tergiverser, ces derniers assurent, par la voix du commandant Calmejane, « qu’énormément d’investigations, au regard des déclarations de la victime, sont actuellement menées ». Si le patron du commissariat de Millau reste très prudent sur sa communication, il précise que « si les faits sont avérés, ils sont gravissimes ». Aucune piste ne semble à ce jour privilégiée par les enquêteurs, lesquels n’en sont, pour l’heure, qu’au travail préliminaire. « Tous les éléments avancés par la victime sont exploités », complète le commandant Calmejane. Selon nos informations, la police a fait, jeudi, des photos des lieux. Nous sommes également en mesure de confirmer qu’elle a saisi les images de vidéosurveillance de l’entreprise voisine du domicile cambriolé. Un élément dont faisait état le collectionneur dans nos colonnes, jeudi. Ces images, nous avons pu les visionner partiellement. Sur l’une d’elles, vers 1 h 46, on distingue au moins deux hommes s’éloigner de la propriété de Marc Aigouy. Ils sont équipés de lampes de poche. L’un d’eux semble pousser un chariot. Une voiture, dont on ne distingue ni la marque, ni la plaque d’immatriculation, arrive à leur hauteur, depuis Millau. Le véhicule manœuvre pour faire demi-tour, et semble embarquer au moins un suspect. La voiture prend ensuite la direction du centre-ville. Les hommes, dont on ne sait ni s’ils sont cagoulés, ni munis de masques à gaz, paraissent calmes et ne montrent aucune précipitation dans leurs mouvements.
Une voisine, rencontrée jeudi, affirme que, vers 22 h dimanche soir, elle a vu un homme à capuche passer dans l’allée devant le domicile du numismate. Elle pense également avoir distingué, dans la rue, au moins deux hommes qui attendaient ce mystérieux individu, près d’un véhicule. Des éléments qui, s’ils se confirment, font penser à un repérage du domicile.
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