En 2020, le rugby à VII passe à table en Aveyron

Le comité départemental de rugby de l’Aveyron met les petits plats dans les grands. À l’abri des regards, les petites mains de l’organe décentralisé de la Fédération française mijotent une recette qui pourrait bien en faire saliver plus d’un. Fini le traditionnel aligot-saucisse, fini le morceau de Laguiole ou de fouace pour assouvir l’appétit des amateurs du ballon ovale. Au printemps prochain, le nouveau plat de résistance concocté en toute discrétion aura une saveur et un goût inimitable. Son petit nom : l’Aveyron Sevens. Deux essais à Millau et à Foix Sous cette appellation un brin succulente, se cache une nouvelle invention mûrement réfléchie par un trio proche du terrain : Gérard Fourquet, président de cette institution départementale, Franck Larosa, conseiller technique du comité, et Ruan Lamprecht, ancien joueur du Stade Rodez Aveyron (SRA). Les prémices de cette création sont à chercher sur les prés millavois, en 2017, à l’issue d’une journée spéciale. « On avait réuni des joueurs de catégories U16 et U19 pour un tournoi départemental, détaille le conseiller rugby au moment de revenir sur l’épisode fondateur. Chaque club avait amené une équipe. » Satisfaits par ce premier essai dans l’arrière-cuisine sud-aveyronnaise, les trois chefs ne se laissent pas griser et multiplient les initiatives. Tirant bénéfice de la mutation d’un tournoi de rugby à XV en rugby à VII, organisé à Foix, les chevilles ouvrières du rugby local renouvellent l’expérience. Et confie la conception de cette recette à l’ancien arrière sang et or. Avec succès. « On est partis avec une équipe composée de joueurs U19 et on a atteint la finale mais on a perdu contre Tours », narre l’intéressé qui se délecte encore d’avoir dompté les ingrédients piégeurs perpignanais et niversois. Entre-temps, l’association valide la phase de test et certifie son projet d’un label qualité en déposant les statuts d’un nouveau club de rugby, totalement indépendant de l’institution départementale. Officialisée en avril dernier, l’équipe s’engagera dès l’an prochain pour le circuit Développement, antichambre de l’Élite, catégorie suprême sur le plan hexagonal. Cerise sur le gâteau pour les cuisiniers d’Aveyron Sevens, l’aval des présidents de club, alléchés à l’idée de voir grandir le projet. « Tout le monde veut jouer le jeu », répète Gérard Fourquet qui, pour vanter les qualités de son dernier mets, avance la « complémentarité avec le XV, l’amélioration sur le plan de la technique individuelle, des capacités physiques et de l’analyse du jeu. » Des joueurs de Fédérale prêts à se fondre dans le collectif Toute nouvelle recette nécessite de la faire goûter à un public averti. Ici, point de testeurs confirmés mais plutôt des jeunes pousses de qualité issues d’équipes de jeunes et encore trop tendres pour figurer sur les feuilles de matches des équipes une. Des joueurs de 18 à 22 ans dans la fleur de l’âge et capable de concevoir le VII comme un « accélérateur de formation des joueurs », selon l’énoncé de la recette inscrit par Franck Larosa. Pour réussir son envol, la nouvelle formation pourrait compter dans sa liste d’ingrédients quelques savoureux noms de fines fleurs provenant de divisions Fédérale, Kévin Albouy, demi de mêlée de LSA XV ou Romain Verdié, trois quart des lignes arrières de Decazeville, partants à l’idée de représenter le territoire. « Au fur et à mesure, on dressera une liste de noms, une quarantaine, après les phases finales des championnats pour ne perturber personne, complète le même conseiller technique. Pour chaque tournoi, on en convoquera quinze mais rien n’est totalement arrêté. » Avant de faire saliver le public, il sera nécessaire d’homogénéiser l’ensemble. Une ultime étape qui se matérialisera, d’abord, par une séance d’entraînement par mois, puis quelques semaines avant ses premières envolées par une séance hebdomadaire, en différents endroits du département. « Une fois que nous serons prêts, nous pourrons disputer des tournois, a priori trois entre mai et juillet 2020, ajoute Ruan Lamprecht, impatient de voir au grand jour sa création. Dans un premier temps, l’objectif, ce sera de voir le niveau qu’on a. Après, on verra si on arrive à faire émerger de nouvelles générations. »