Football : un petit effet Coupe du monde féminine en Aveyron, qui ne résout pas tout

  • La Coupe du monde en France, cet été, n’a pas insufflé de véritable nouvelle dynamique au football féminin aveyronnais, bien installé dans le paysage sportif local, mais qui reste confronté à des difficultés.
    La Coupe du monde en France, cet été, n’a pas insufflé de véritable nouvelle dynamique au football féminin aveyronnais, bien installé dans le paysage sportif local, mais qui reste confronté à des difficultés. Archive J.-L.B. - Reproduction Centre Presse
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Le football féminin a connu un petit coup de pouce avec la Coupe du monde féminine, organisée cet été en France, mais reste confronté à des difficultés.

L’interrogation revient de façon régulière, après chaque grande compétition internationale, et devient encore plus prégnante lorsque cette dernière se tient dans l’Hexagone et/ou que l’équipe de France se met en évidence : doit-on s’attendre à une hausse du nombre de licencié(e) s dans la discipline concernée ? Particulièrement valable pour le football, eu égard à son statut de sport numéro un, cette question s’est posée à la rentrée, pour la deuxième année consécutive. En 2018, elle était la conséquence de la victoire des hommes de Didier Deschamps lors de la Coupe du monde qui se déroulait en Russie ; cette année, celle de l’organisation, en France, du pendant féminin de cette compétition.

Changement d’image

Du 7 juin au 7 juillet, les meilleures nations de la planète, parmi lesquelles la France, s’étaient en effet donné rendez-vous à Paris, Montpellier, Lyon, Rennes etc. à l’occasion de la huitième édition de l’épreuve. Couverture médiatique importante, fréquentation des stades supérieure aux prévisions : les responsables du comité d’organisation ont dressé un bilan extrêmement positif de l’événement, à l’image du directeur Erwan Le Prévost, qui n’a pas hésité à le qualifier de "succès extraordinaire" dans une interview au site sport24.lefigaro.fr. Pourtant, les effets de cette réussite n’ont, semble-t-il, pas concerné l’ensemble du monde féminin, ou alors pas avec la même ampleur.

"Je n’ai pas véritablement constaté d’effet Coupe du monde, déclare Benjamin Carrière, président du club de Salles-Curan/Curan, dont l’équipe première féminine évolue en D1, au niveau district. On a enregistré une petite hausse du nombre de licenciées mais elle est valable depuis deux-trois ans déjà et est le fruit d’une volonté du club de développer sa section féminine, qui existe déjà depuis plusieurs années."

"À notre niveau, il y a eu un petit effet, juge Pierre Bourdet, président de Druelle, dont l’équipe première féminine évolue dans la poule C de Régional 2 et qui ambitionne de créer une équipe en U17, la première catégorie non-mixte. On partait néanmoins de loin, avec cinq ou six filles des U6 aux U11. Là, on doit être à quatorze ou quinze. Il y a eu une forme d’entraînement car les nouvelles ont découvert le foot grâce aux matches de l’équipe de France, notamment. Dans la foulée, elles se sont motivées les unes les autres, vu qu’elles sont tout un groupe d’une même école, et sont venues au club en disant qu’elles aimeraient faire du foot. Je pense qu’elles ont constaté que ce sport n’était pas réservé aux garçons et que pendant la Coupe du monde, elles ont vu que le fait d’être jolie et coquette n’était pas incompatible avec la pratique du foot."

Un renforcement des rangs également observé par le président de Lioujas (D1), Jonathan Diaz, qui a créé une équipe U13 à la rentrée et accueille de plus en plus de petites filles au sein de l’école de foot, à partir de 3 ans : "On a douze filles qui sont arrivées, un groupe de copines qui étaient à fond dans le foot. Elles venaient déjà voir les adultes jouer mais la Coupe du monde a contribué à les faire prendre une licence. Elles sont entraînées par Nadine Costes (à la tête de l’équipe première féminine, NDLR), qui les prend sous son aile le jeudi soir. Malheureusement, vu qu’il n’y a pas de championnat pour elles, elles vont devoir se contenter de matches amicaux contre les écoles de foot de Rodez, Bozouls etc.".

Certains règlements pointés du doigt

Si quelques jeunes sont donc venues renforcer les rangs de certains clubs, elles ne vont pas encore pouvoir endiguer la tendance négative observée par les dirigeants sur le plan des effectifs.

"Au niveau départemental, le foot féminin tend à régresser, plusieurs clubs ayant disparu ou ayant du mal à survivre", indique Benjamin Carrière.

"Tout le monde a des effectifs réduits chez les seniors, c’est vraiment compliqué. Je sais par exemple que Le Vibal (qui évolue en D2, au niveau district, dans le groupe B) a dû déclarer forfait pour son deuxième match de la saison parce qu’il n’y avait pas assez de joueuses disponibles. Chez nous, les filles ont disputé leurs deux premiers matches à neuf car plusieurs d’entre elles sont pompiers ou infirmières et ne peuvent donc pas être tout le temps disponibles (il existe une tolérance, en football féminin, permettant aux équipes de jouer à neuf) ", appuie Jonathan Diaz. Une situation rendue encore plus compliquée par certains aspects liés à la compétition, que les responsables de clubs espèrent voir évoluer rapidement, afin que leurs sections féminines puissent continuer à grandir.

"En R2, il y a deux poules dans l’ancienne région Midi-Pyrénées. L’une est centrée sur Albi et Toulouse mais on a été placés dans l’autre, ce qui fait que l’on se déplace jusqu’à Auch ou à côté de Tarbes. Les responsables régionaux auraient pu faire une poule nord et une poule sud", éclaire Bourdet, avant d’enfoncer le clou : "Au niveau régional, on ne peut pas faire une entente entre deux clubs. L’an dernier, on voulait en mettre une en place avec Olemps pour avoir une équipe au niveau régional et une au niveau district mais ce n’était pas possible ; il fallait créer un nouveau club. Tout ça prouve qu’il y a encore pas mal à faire mais on se demande parfois si les dirigeants ont envie de faire avancer les choses. Pour développer le foot féminin, ils doivent commencer par faire en sorte que les règles soient les plus simples possible, tenir compte de nos difficultés et éviter de nous mettre des barrières".

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