Rieupeyroux. Quand le fond et la forme se rejoignent pour toucher les visiteurs et éveiller les consciences
Vendredi 22 novembre, Sébastien Boscus présentait devant un public venu nombreux "Frontières et marges", une installation monumentale de 15 mètres de long et 2 mètres de haut, au centre culturel de Rieupeyroux.
Artiste installé sur Laissac, formé à l’école supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, illustrateur pour les éditions Chant d’orties, Sébastien Boscus n’a laissé personne indifférent avec son mur de palettes hérissé de fil de fer barbelé, ses grilles, ses peintures et vidéos. Une mise en situation qui oblige le spectateur à être dans la position de l’exclu, du migrant, de celui qui ne peut circuler librement, auquel on a ôté sa liberté. Le hall du centre culturel est coupé en deux par un mur, infranchissable, qui délimite deux espaces, et empêche ainsi de passer de l’autre côté pour s’approcher des toiles présentées, empêche d’accéder à ce que l’on voudrait découvrir. Le temps d’une exposition, le spectateur est frustré, il ne peut circuler, il ne peut voir correctement ; il devine à travers la grille, à travers les fentes, que les toiles qui lui sont cachées représentent… justement cela ! Des hommes qui sont dans l’impossibilité d’aller où bon leur semble, des hommes auxquels on a ôté la liberté de circuler... : des exilés, des migrants.
À la fois métaphore et jeu de miroirs de la réalité des migrants, l’installation dénonce un drame humain, pour nous permettre de mieux le comprendre, d’y être sensible, pour nous inciter à nous interroger, à réagir ! Une dizaine de peintures sur châssis, bâches, cartons, palettes, qui représentent des anonymes souvent vus de dos, composent l’installation. Des vidéos, diffusées sur des appareils mobiles enserrés dans les barbelés, complètent le dispositif : le support, qui se veut symbole de mobilité, est détourné pour souligner la difficulté, voire l’impossibilité, de donner une réalité à ce rêve de liberté de circulation. Tournées en camera subjective, montées en split-screen, les scènes démultiplient des chemins de vie le long de grillages, dans des villes qui n’en finissent pas, des rues qui n’aboutissent jamais… Aboutissement d’un long travail de recherche sur un sujet qui lui tient à cœur, à savoir la façon d’"habiter le monde", ou "comment pratiquer l’endroit où l’on vit", l’installation de Sébastien Boscus, qui invite chacun à "faire son chemin pour comprendre le monde", est visible au centre culturel jusqu’au 14 janvier, de 9 heures à midi et de 14 à 17 heures en semaine, ou sur rendez-vous au 05 65 29 86 79.
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