Villeneuve. La maison d’édition "Loin de Paris" est la nouvelle vie de Jean-Marie Périer

La formule est on ne peut plus révélatrice : "Je ne suis pas un professionnel. Je suis un amateur de mes professions !". Elle est à mettre au crédit de Jean-Marie Périer. S’il est né à Neuilly, il a pris la nationalité aveyronnaise, installé depuis bientôt un quart de siècle près de Villeneuve. Toujours très classe, la pochette à la veste, les baskets aux pieds, il est "reconnaissant d’avoir été accepté par les habitants de ce département". "Pour les remercier, j’ai décidé d’offrir 190 tirages des années 60 afin d’ouvrir la Maison de la photo en plein cœur de la bastide, rappelle-t-il. Cela fait cinq ans et ça fait vivre le village. Elle a enregistré 12 000 visiteurs au début, doit certes désormais se contenter de 5 000, mais je ne compte pas arrêter. Même si je n’ai pas la main, elle doit rester ouverte". Pour compléter cette offre, il est possible de découvrir 90 photos des années 90 à la Galerie du Causse toute proche, chez Daniel Delpech. Un homme que Jean-Marie Périer apprécie d’ailleurs énormément : "Il parle pour moi, il me représente. Il sait ce que c’est de tenir une galerie… C’est quelqu’un du métier".

Malgré sa réussite, l’Aveyronnais d’adoption n’a pas la grosse tête, il s’excuse presque, se réjouissant de la chance qui est la sienne : "J’ai changé de vie tous les dix ans. ça m’a sauvé ! Je suis certes resté dans le domaine artistique mais j’ai exercé différents métiers. L’important, c’est de pouvoir rencontrer des gens". Après avoir goûté au théâtre, été musicien de jazz, photographié les vedettes du rock et de la pop, fait du cinéma, découvert la publicité et touché à la mode, Jean-Marie Périer se lance dans l’édition. Avec son ami Dominique Auzel, il vient de créer une maison d’édition, baptisée "Loin de Paris". Un clin d’œil : "L’élite parisienne a tort de penser qu’elle est le centre du monde". Et il est "impatient de travailler avec des écrivains car il y a beaucoup de cinglés dans cette famille". Le premier bébé de la collection est son dernier livre, intitulé "1960-1970".
Parce qu’il a plusieurs cordes à son art, Jean-Marie Périer a complété sa (large) panoplie en créant, voilà quelques années, un spectacle, qu’il a baptisé « Flash-back ». « J’aurais dû le faire quinze ans plus tôt ! note l’intéressé. C’est fatigant, ce n’est donc plus de mon âge ». Et de préciser, avec son style caractéristique : « D’autant que ce n’est pas une conférence avec une table et une bouteille d’eau au milieu d’une scène ». Durant plus de 90 minutes, il arpente les planches, avec sa vie qui défile, dans sa bouche et sur l’écran qui s’anime derrière lui. « Le poids des mots, le choix des photos », pourrait lui lancer son ami Daniel Filipacchi, longtemps patron de Paris Match. «Ce spectacle redonne vie à trente ou quarante années d’enregistrements d’émissions que j’ai pu faire à la radio et à la télévision», sourit Jean-Marie Périer, qui rappelle, à l’occasion : « La photographie n’est pas ma passion. Ma vie, c’est la musique. J’écoutais du jazz et je jouais du piano».