Femmes et mères isolées premières victimes de la précarité en Aveyron

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    Les bénévoles de l’association toujours mobilisés. Centre Presse - Salima Ouirni
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Centre Presse

À partir de son travail sur le terrain, le Secours catholique a dressé le constat de la précarité. Qui progresse chez les femmes, les mères isolées et les plus de 60 ans.

Le Secours catholique vient de publier son rapport annuel statistique sur l’état de la pauvreté en France.

L’association a reçu 2 500 familles et personnes (sur l’Aveyron et le Tarn, en 2018) et environ 20 000 personnes. Il apparaît qu’en Aveyron, la précarité gagne du terrain chez les femmes seules (24 % des accueillies), les mères isolées représentent 25 % des demandeurs d’aide, contre 5 % des pères isolés, 6 % des couples sans enfants (16 % sont des couples avec enfants). Les hommes seuls représentent 24 % des personnes accueillies par l’association caritative. Les femmes sont donc concernées en majorité car présentes dans quatre profils sur six. "Les mères isolées représentent à elles seules le quart des personnes rencontrées", souligne Patrick Garnier, le président de la délégation Tarn-Aveyron du Secours Catholique.

Et d’ajouter que "parmi ces personnes accueillies, l’an dernier, 36 % vivent dans des communes de moins de 5 000 habitants et 12 % dans des communes isolées, contre 21,3 % et 3,3 % en moyenne en France".

En Aveyron, ce n’est donc pas à Rodez que la pauvreté est la plus constatée par le Secours catholique, mais plutôt en milieu rural.

"Ces chiffres ont à l’image de la géographie de nos territoires où les problématiques de mobilité et d’isolement social sont importantes", ajoute le président de la délégation.

L’association préoccupée par les seniors

Le Secours catholique continue d’observer " une augmentation régulière des seniors parmi les personnes qui font appel à nous ", ajoute le président.

"Ce constat est un motif de préoccupation majeure et nous ne pouvons qu’alerter, une fois encore, sur la situation précaire des personnes âgées aux petites retraites, et notamment celles qui sont locataires et pour qui les frais de loyer pèsent très lourd", confie le responsable associatif.

Selon les chiffres du Secours catholique, on peut observer, en effet, une augmentation progressive des personnes de plus de 60 ans qui sollicitent de l’aide auprès de l’association. En 2015, ces seniors représentaient 8,8 % (contre 9,6 % en 2016 et 11 % en 2017). L’an dernier, elles étaient 14 % à pousser la porte de l’association.

Les étrangers demandent moins d’aide que les Français

Le rapport du Secours catholique a aussi pris l’option d’analyser l’année 2018, avec un focus sur les étrangers et notamment les migrants.

Contrairement aux idées reçues, il s’avère que sur cette année-là, 77 % des personnes accueillies étaient françaises et 23 % étaient de nationalité étrangère. La demande d’aide émanant des personnes étrangères est en légère progression (elle était de moins de 20 % en 2017). "Pour autant, la proportion de personnes étrangères faisant appel au Secours catholique en Tarn et Aveyron reste globalement stable sur la période 2010-2018", ajoute Patrick Garnier.

Ces chiffres font dire à Bertrand Parmentier, président de la délégation Aveyron Tarn que "les gens ne viennent pas en France pour les minimas sociaux. Ils viennent parce qu’ils sont en état de détresse. Personne ne veut quitter son pays où il est enraciné, où il a toute sa famille, pour demander le RSA !".

Une mise au point qui a pour objectif de "séréniser le débat sur la population migrante. Il faut savoir que 30 % des personnes étrangères ne font pas appel à cette aide", ajoute-t-il.

Le président profite de ce rapport pour rappeler que "le Secours catholique accueille sans distinction de convictions religieuses ou de statut social".

En chiffres

  • 61 % des personnes qui s’adressent au Secours catholique demandent une écoute, un conseil et un accueil.
  • 40 % des personnes ont besoin d’une aide pour payer les frais liés au logement (loyer, énergie, eau). Ils étaient 42 %, l’an dernier.
  • 34 % des personnes demandent une aide alimentaire (ils étaient 33,4 %, l’an dernier).
  • 10 % demandent un soutien pour un problème de mobilité (passer le permis, demande d’un crédit pour réparer ou acheter une voiture d’occasion ou un deux-roues). Ce type de demande est de plus en plus fréquent, lié à l’isolement des zones rurales et l’insuffisance des transports en commun.
  • 3 % des personnes demandent une aide pour réaliser des démarches administratives.
  • 4 500 donateurs aident le Secours catholique.
  • 1 100 bénévoles accueillent et reçoivent les personnes en difficulté.
     

 

Le flux des migrants en baisse

Entre janvier 2018 et octobre 2019, l’Aveyron a reçu 1 323 mineurs isolés (dont 880 pour l’année 2018). En Aveyron, le Secours catholique et l’association "Mom’o chaud" s’en occupent, le temps d’une réponse de prise ne charge (ou pas) par le Conseil départemental. Sur les 880 mineurs isolés arrivés à Rodez, la moitié d’entre eux n’ont pas été reconnus mineurs. "Ils retournent dans la rue et n’ont plus aucun droit, aucune aide financière non plus ", explique l’un des bénévoles du Secours catholique. L’association pense que seulement 80 à 100 migrants restent en Aveyron. "Rodez revendique d’être classé au patrimoine de l’Humanité. Ces jeunes migrants sont une partie de cette humanité", souligne un autre bénévole qui souhaite un meilleur accueil de cette population, considérée par l’association comme non pas "un fardeau, mais une chance. Aujourd’hui, à l’heure où les discours politiques et les médias nous invitent à la peur, nous voulons appeler à la confiance et à l’ouverture". 

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