Calmont : la société Sobegal pressée de faire des travaux

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  • Exercice d’intervention le 13 novembre 2014 à Sobegal. Ces manœuvres sont régulièrement organisées pour adapter la sécurité.
    Exercice d’intervention le 13 novembre 2014 à Sobegal. Ces manœuvres sont régulièrement organisées pour adapter la sécurité. Archives José A. Torres
  • Un atelier de la Snam, à Viviez, entreprise classée Seveso, « seuil bas ».
    Un atelier de la Snam, à Viviez, entreprise classée Seveso, « seuil bas ». Archives José A. Torres
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Christophe Cathala

Le site classé Seveso doit redimensionner son stockage d’ici le 2 mars. Mais annonce qu’il accusera un retard par rapport à cette échéance, ce qui ne satisfait pas vraiment la préfecture dans le contexte du syndrome Lubrizol.

Le spectaculaire accident survenu le 26 septembre dernier dans l’usine Lubrizol de Rouen, a remis en lumière la nécessaire sécurité des sites classés Seveso, et notamment les plus sensibles d’entre eux, réunis sous le vocable "seuil haut". Un seul de ces sites à hauts risques est recensé en Aveyron : la Sobegal, unité de grand stockage de gaz liquéfié, à Calmont, près du giratoire des Molinières.

Commission de suivi : la préfecture durcit le ton

Une fois par an à tout le moins, les services de la préfecture réunissent la commission de suivi de site (CSS) consacré notamment au bilan des actions menées aussi bien par Sobegal que par l’inspection des installations classées.

Promouvoir l’information du public est également au nombre des objectifs de cette commission qui a rassemblé notamment autour de la table le 22 octobre, sous la présidence de la sous-préfète de Villefranche Pascale Rodrigo, non seulement l’exploitant de l’installation et sa direction, mais aussi les collectivités locales, les riverains les plus concernés et les associations de protection de l’environnement. "Une des mesures principales pour réduire les risques liés à l’exploitation du site Sobegal est une modification des conditions de stockage du gaz qui doit intervenir avant le 2 mars 2020", avance la préfecture. Ce à quoi la direction de l’entreprise aurait répondu qu’elle n’était pas en mesure de les réaliser à cette date, mais sûrement avec un retard de moins six mois par rapport à l’échéance souhaitée.

Ce qui a conduit la préfète de l’Aveyron à faire assaut de fermeté auprès de Sobegal pour accélérer les travaux et aux services de l’état de "diligenter les inspections nécessaires".

Diviser la dernière sphère en quatre réservoirs

Pour autant, la Société béarnaise de gaz liquéfiés, dont Antargaz est actionnaire à 72 % a pris depuis déjà quelque temps la juste mesure du problème en démontant dès 2007 une sphère de stockage de gaz propane (contenant près de 500 m3) et en programmant le démontage de la seconde sphère, ce qui constitue son projet majeur en termes de répartition du stockage en quatre réservoirs plus petits (120 m3) et mieux sécurisés.

Les travaux prévus concernent aussi la réfection de la tuyauterie et des pompes. Il faut tout accomplir avant de transférer le gaz contenu dans la sphère, promise au démontage, vers les nouveaux réservoirs… Et le retard pris par Sobegal n’est imputable, en fait, qu’à la défaillance d’un fournisseur de matériel qui a décalé sa livraison dans le temps (1).

Volonté de faire

Sobegal, "qui a une vraie volonté de faire", insiste Christian Vergnes, maire de Calmont, comptait avoir fini les travaux en octobre, le propane qui transite sur son site (environ 130 000 tonnes chaque année qui repartent en camions de livraison vers les particuliers) étant destiné majoritairement au chauffage d’hiver.

Ces travaux, qui finiront par être accomplis dès que possible, ont de quoi rassurer les populations riveraines inquiètes de la proximité directe du site avec la zone artisanale et la nouvelle déviation de la RN 88 dans le contournement de Baraqueville.

L’explosion de 500 m3 de gaz d’un coup d’un seul, soufflerait tout sur son passage.

Installée à Calmont en 1972, Sobegal n’a pourtant jamais connu jusqu’alors de véritable incident. Mais il suffit d’une fois…

(1) Ces informations ont été livrées par l’entreprise à la commission de suivi du 22 octobre.

 

Une facture divisée par 15

Christian Vergnes, maire de Calmont, était bien sûr présent à la commission de suivi. Et, en rappelant la bonne volonté de Sobegal de se mettre en conformité, relève qu’un accord "a été trouvé avec l’entreprise sur le terrain financier". Et non des moindres. 

Selon le plan de prévention des risques technologiques, dont les études ont démarré il y a cinq ans aux Molinières, "c’est un investissement de 6 M€ qui a été arrêté, prenant en compte le déménagement de la zone de stockage d’engrais de la RAGT, mitoyenne de Sobegal. Une facture partagée en trois tiers : l’entreprise, l’état et les collectivités c’est-à-dire la Région, le Département et la communauté de communes. La bonne nouvelle, c’est que les travaux qu’entreprend Sobegal se monteront finalement à 400 000 €, la délocalisation de la RAGT ne s’avérant plus nécessaire, le projet de l’entreprise étant jugé suffisant". Une sacrée économie qui n’affecte en rien la sécurité de l’installation.

Quatre sites Seveso en Aveyron

En 1976, une usine de la commune italienne de Seveso rejetait accidentellement de grandes quantités de dioxine, convainquant l’Union européenne de mettre en œuvre une directive pour prévenir ces situations à hauts risques. Deux classements sont en vigueur aujourd’hui au sein de cette directive Seveso qui n’a jamais cessé (notamment depuis l’explosion d’AZF à Toulouse en septembre 2001) d’évoluer vers plus de réglementation.

L’usine Sobegal de Calmont est la seule à être classé "seuil haut", niveau le plus contraignant de la prévention. Trois autres sites en Aveyron sont classés "seuil bas" : ITA à Sévérac-le-Château, Snam à Viviez et Lisi Aerospace à Villefranche. Essentiellement pour détenir des stocks de matières inflammables, dangereuses ou présentant un risque, tels les métaux comme le lithium ou le cadmium…

Seuls les sites à hauts risques tel Sobegal sont soumis à des dispositifs tels que le plan de prévention des risques technologiques (PPRT) qui a trait aux règles d’urbanisme, et le plan particulier d’intervention qui comprend des dispositions spécifiques, adoptées par les préfets pour faire face aux conséquences, sur la population, d’un accident majeur.

 

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