Comment les réseaux sociaux contribuent à briser le tabou autour des fausses couches

  • Deux chercheuses américaines ont analysé la manière dont le réseau social Instagram a contribué à libérer la parole de femmes et de couples confrontés à l'épreuve de la fausse couche.
    Deux chercheuses américaines ont analysé la manière dont le réseau social Instagram a contribué à libérer la parole de femmes et de couples confrontés à l'épreuve de la fausse couche. domoyega / Istock.com
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Relaxnews

(Relaxnews) - Des chercheuses américaines ont exploré la manière dont les femmes qui ont subi des fausses couches partagent leur expérience sur les réseaux sociaux, à l'aide d'une analyse qualitative d'une centaine de messages publiés sur Instagram.

Lorsqu'il s'agit d'aborder un sujet touchant au corps féminin, de nombreux tabous subsistent : ménopause, pilosité, menstruations... Les fausses couches en font partie. Bien qu'entre 10 et 20% des grossesses risquent de conduire à la perte du foetus, en parler librement et trouver un soutien auprès de la famille ou de la sphère médicale est loin d'être évident pour de nombreuses femmes qui ont subi cette douloureuse épreuve. Dans une publication du journal Obstetrics & Gynecology, deux chercheuses américaines expliquent comment le réseau Instagram, et les plateformes sociales en général, ont contribué à faire bouger les lignes.

En 2014, la Dre Jessica Zucker, psychologue clinicienne spécialisée en santé mentale maternelle et génésique des femmes, a lancé une campagne sur les médias sociaux en utilisant le hashtag #ihadamiscarriage ("j'ai fait une fausse couche) pour aborder ce tabou. Amy Henderson Riley, professeure adjointe à l'université Thomas Jefferson, a découvert cette campagne au moment où elle-même est passée par cette épreuve.

Afin d'en savoir plus sur ce que les femmes et les hommes partageaient au sujet des fausses couches, la Pre Riley a fait équipe avec Rebecca Mercier, professeure adjointe et médecin gynécologue à l'université Thomas Jefferson, pour mener une recherche à partir d'Instagram. Leur étude se base sur du texte, des photos, des hashtags et des emoji issus de 200 publications Instagram étalées sur cinq jours en 2019. Les postes sélectionnés décrivaient une expérience personnelle de fausse couche et étaient estampillés du hashtag #ihadamiscarriage. 

Un outil potentiel pour aborder ce sujet avec plus d'empathie

De manière générale, les femmes partagent leur expérience sur les médias sociaux pour diverses raisons, notamment pour trouver du soutien et aider à briser le silence entourant les fausses couches, indique la recherche. Les autrices de l'étude qualifient le contenu des messages analysés comme des états émotionnels "complexes" et "souvent conflictuels".

"Ce qui m'a le plus surprise, c'est le nombre de femmes et de partenaires qui se sont identifiés comme parents après leur fausse couche et la façon dont cette épreuve a perduré dans leur identité familiale après une grossesse menée à terme. La mesure dans laquelle cette perte affecte les femmes et leur famille et la longévité de leur deuil est un angle mort pour les cliniciens", constate la Dre Riley.

"J'espère que cette étude encouragera le personnel médical à orienter les patients vers les médias sociaux comme outil d'adaptation potentiel, ainsi qu'à aborder ce sujet avec plus de respect et d'empathie avec les parents endeuillés", renchérit la Dre Mercier.

"Pour autant que nous le sachions, il s'agit de la première étude portant sur l'intersection d'Instagram et de la fausse couche. Mais c'est une goutte d'eau dans la mer. Les plateformes de médias sociaux évoluent rapidement et la recherche théorique doit suivre", concluent les chercheuses. 

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