Millau : une association porte la candidature de la ganterie au patrimoine de l'Unesco

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  • Le savoir-faire des gantiers est aussi celui de tout un territoire.
    Le savoir-faire des gantiers est aussi celui de tout un territoire. Eva Tissot
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marie-pascale vincent

L’association de Sauvegarde du patrimoine immatériel culturel du pays de Millau vient d’être créée. Et la démarche d’inscription à l’Unesco pourrait prendre une dimension internationale.

La candidature des Savoir-faire liés à la ganterie traditionnelle des femmes et des hommes du pays de Millau au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco est vraiment une démarche au service d’un territoire. On oubliera qu’il s’agit d’un accessoire car le gant raconte plusieurs histoires, celle de la main, celle d’une matière première liée à la peau ou encore l’histoire du berger. Cette candidature possède tous les atouts pour que l’humanité s’y reconnaisse", estime Nadia Bédar, chargée de mission qui va mener ce dossier, après avoir déjà conduit celui des parfums de Grasse.

Embauchée en juillet, cela fait déjà plus d’un an que Nadia Bédar arpente le territoire et rencontre praticiens mais aussi acteurs culturels, élus, etc., pour débroussailler le dossier. "Ce classement, précise-t-elle, on y travaille tous avec passion."

Avec la création fin novembre, de l’association, Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel du Pays de Millau qui co-conduit le dossier avec la mairie, la communauté de communes, la démarche a franchi un pas.

"Cette demande d’inscription vise à représenter les gantiers et leur savoir devant l’Unesco, à valoriser à l’international l’expertise millavoise, détaille Olivier Fabre, président et praticien, à l’initiative de la démarche. Elle comprend aussi des mesures de sauvegarde. Alors que le dossier Unesco va demander des années, on n’attendra pas pour agir."

Une assemblée générale en janvier

La première assemblée générale de l’association aura lieu dans la semaine du 20 janvier. Il faut cependant attendre que le futur conseil d’administration, examine et valide ces mesures, au nombre de douze pour en avoir connaissance. "Millau, berceau de la ganterie, et les départements d’Occitanie qui s’y associent, appuient leur démarche sur un triptyque que ce territoire est le seul à conjuguer : une filière agropastorale, de la connaissance et la transformation des matières premières. Tous les acteurs, éleveurs, mégissiers, gantiers du pays de Millau, etc., seront représentés par collège. On y inclut aussi la laine, les élus, les associations, etc. C’est un territoire qui porte cette démarche, rappelle Olivier Fabre. Notre démarche est inclusive et l’association comptera des représentants de la ganterie de toute la France ainsi qu’un comité technique."

Alors que le savoir des gantiers se transmet du maître à l’apprenti, une école supérieure de la peau et du gant, est envisagée ainsi qu’un projet d’insertion. Une route des gantiers avec une déclinaison nationale voire européenne, un travail de documentation avec la médiathèque et les archives, etc... les idées ne manquent pas. Et l’association voudrait aussi raviver les veillées des gantiers ou encore sensibiliser dans le cadre d’un dispositif appelé Les petits tabliers des gantiers. "Ces ateliers ludiques seront menés par le musée de Millau envers les écoliers. On veut susciter des vocations, précise Olivier Fabre. Ou tout simplement, que chacun se sente fier. Ainsi la ganterie aura toutes ses chances devant l’Unesco. Le public désormais est sensible au fait main, au made in France qui à Millau, bénéficie aussi d’une image nature."

"Le Sud Aveyron est le pays de la race lacaune. Mais seule une partie infime de la ganterie valorise leur cuir, préférant celui des brebis Métis, issues du bassin méditerranéen et de la corne de l’Afrique, dont l’Éthiopie. D’où l’idée de présenter une double candidature avec ce pays. L’Europe est sur représentée au patrimoine immatériel. Ainsi, nous aurions plus de chance, estime Olivier Fabre. C’est aussi une question de bon sens. Il faut aider les pays qui en ont besoin. On pourrait aussi envisager de traiter le cuir en Éthiopie."

Et l’association envisage un projet de chair de bien-être animal à l’Unesco associant deux universités toulousaine et éthiopienne.

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