"Miss France ne parle pas au même public que #MeToo"

  • Chaque année, des millions de téléspectateurs suivent l'élection de cette "reine de beauté" malgré les critiques des féministes Chaque année, des millions de téléspectateurs suivent l'élection de cette "reine de beauté" malgré les critiques des féministes
    Chaque année, des millions de téléspectateurs suivent l'élection de cette "reine de beauté" malgré les critiques des féministes FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Publié le
Relaxnews

(AFP) - A l'heure de #MeToo, le succès de l'élection de Miss France montre que le regard sur les questions de sexisme est loin d'avoir changé dans l'ensemble de la société, estime Séverine Barthes, maîtresse de conférences à l'Université Sorbonne Nouvelle.

Chaque année, des millions de téléspectateurs suivent l'élection de cette "reine de beauté" malgré les critiques des féministes: un signe, pour cette spécialiste en sciences de l'information et de la communication, que "Miss France ne parle pas au même public que #MeToo".

QUESTION : Comment expliquer que le concours Miss France continue d'engranger d'importants succès d'audience?

REPONSE : Miss France reste un très gros succès pour TF1, grâce auquel elle reste la première chaîne de la soirée. Ça peut paraître en décalage avec l'évolution de la société, mais ça montre bien que tout ce qui est "#MeToo", qui dénonce une sorte de patriarcat systémique, ne touche qu'une minorité de gens, souvent diplômés, souvent parisiens.

Les résultats d'audience montrent bien que pour un nombre important de personnes, ces valeurs ne sont pas des valeurs cardinales, centrales. Miss France ne parle pas au même public que #MeToo.

Q : Qui sont ces 7 millions de Français qui regardent Miss France ?

R : D'une manière générale, le public de la télé en direct est vieillissant. L'âge moyen du spectateur de TF1, c'est presque 53 ans en 2018. Et Miss France est typiquement une émission qui a peu d'intérêt en replay.

TF1 sait qu'il va faire une soirée avec un programme qui plaît à une France traditionnelle, avec un côté nostalgique de ce qu'a pu être la télévision très paillettes. Tout le monde est poli, c'est l'anti-Cyril Hanouna ou l'anti-série américaine.

Ils savent qu'ils vont faire beaucoup d'audience, qu'ils vont vendre des spots publicitaires en nombre, même si ce n'est pas forcément qualitatif. Pour eux, et Endemol (le producteur, ndlr) ça reste un bon investissement.

Q : Diriez vous que le concours a encore un avenir ?

R : Je pense que Miss France évoluera, TF1 et les producteurs sont assis sur un tas d'or, pour eux c'est un patrimoine. Déjà, ils ont travaillé sur la forme, on nous montre davantage de phases de sélection des candidates, pour jouer sur une vogue de la série, ou du feuilleton.

En termes de valeurs, le concours évolue avec la société. Ils ont introduit par exemple le test de culture générale, cela montre qu'ils ont voulu sortir de la pure femme plastique, qui est d'ailleurs relativement récente. A l'origine, on avait un côté femme +morale+, future bonne ménagère. On est passé sur une période davantage paillettes et bling bling. Aujourd'hui, on veut montrer aussi des +têtes bien faites+.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?