L’Aveyron précurseur pour répondre aux problématiques d’accès aux soins

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  • Il y avait du monde dans la salle des Archives pour découvrir les nouveaux dispositifs.
    Il y avait du monde dans la salle des Archives pour découvrir les nouveaux dispositifs. Repro CP -
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JDM

Face aux problématiques d’accès aux soins, l’Aveyron a su inventer des solutions innovantes reposant sur la volonté des acteurs de santé du territoire et du conseil départemental de travailler ensemble au service des Aveyronnais.

Si tous les départements ruraux sont tous peu ou prou confrontés aux problématiques d’accès aux soins, certains ont su y répondre en inventant des solutions innovantes. C’est notamment le cas de l’Aveyron qui fait désormais figure d’exemple au niveau national.

Une exemplarité récemment mise en avant par le docteur Patrick Grignon, lors de la réunion d’information organisée à Rodez par le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), en présence des acteurs de la santé dans le département et d’élus de communes rurales. L’homme, également conseiller santé au ministère de l’Intérieur, est venu apporter sa vision nationale "sur la pertinence des dispositifs", mis en place dans le département pour assurer une meilleure prise en charge des victimes.

L’exception aveyronnaise

Pour mémoire, l’Aveyron est l’un des rares départements rural français à présenter un solde positif entre les départs et les installations de nouveaux médecins.

Une exception qui repose en partie sur l’action combinée du Sdis local et du conseil départemental via sa Cellule accueil médecins Aveyron. Ensemble, ils ont imaginé un module de formation à la fonction de médecin pompier destinée aux internes de médecine générale.

" Depuis 2013, sur les 169 internes formés, 40 se sont finalement installés en Aveyron et 28 sont devenus médecin sapeur-pompier, se félicite le médecin colonel du Sdis Nathalie Alazard. Sans compter les 10 autres internes formés qui réfléchissent toujours à une installation ici ", souligne-t-elle dans la foulée.

L’Aveyron a une nouvelle fois été précurseur, dans un autre registre, et bien avant l’appel lancé par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui invitait les acteurs de la santé à réfléchir autour du "Pacte de refondation des urgences", visant notamment à désengorger quelque peu les services d’urgence des hôpitaux.

En Aveyron, le Sdis, le Samu, la CPAM et l’ARS ont travaillé à la mise en place d’un dispositif de dépose en maison de santé ou cabinet libéral de proximité. " Un dialogue s’instaure entre le médecin libéral volontaire et le médecin régulateur des urgences pour faire une évaluation clinique et collégiale de la personne qui vient d’être prise en charge par les pompiers, explique ainsi Nathalie Alazard. "Ce sont les deux médecins qui décident si le patient doit être admis aux urgences ou s’il peut être pris en charge au cabinet médical ou à la maison de santé. "

Tous les acteurs de la santé impliqués

Les avantages du dispositif sont multiples, entre, notamment, le gain de temps pour les patients et les services de secours, les économies financières pour la collectivité, éviter la surcharge de travail inutile pour les urgences, l’attente et une hospitalisation non nécessaire pour le patient, ou encore la mobilisation importante des pompiers volontaires.

" Ce qu’il est important de souligner ici c’est que la mise en œuvre de ces dispositifs a impliqué tous les acteurs de la santé du département, a notamment relevé le conseiller Grignon. Comme quoi, avec un peu de bonne volonté, de la concertation et du travail, on réussit à accomplir de belles choses ".

La preuve, encore, avec le troisième dispositif dévoilé le même soir, à Rodez, à savoir "Médecins sapeurs-pompiers intervenant à la demande du Samu".

Sachant qu’en Aveyron, 25 % des interventions du Samu demandent des délais supérieurs à 30 minutes du fait des distances. Aussi, pour apporter une réponse aux populations résidant dans les zones situées au-delà des 30 minutes, l’ARS, le Sdis et le centre hospitalier de Rodez se sont associés via la signature d’une convention (en 2015) renouvelée depuis, pour former les médecins ruraux afin qu’ils puissent faire face aux situations d’urgences.

Secourir en attendant le Smur

En cas de besoin, sur les territoires éloignés de plus de 30 minutes des services d’urgence, le régulateur du Samu fait intervenir une équipe composée a minima d’un médecin généraliste sapeur-pompier volontaire formé à l’urgence et d’un infirmier pompier volontaire, appuyée par un équipage sapeur-pompier qui aura à charge de s’occuper de la ou des victimes dans l’attente de l’arrivée du Smur.

Tous ces dispositifs, le Sdis et ses partenaires avaient à cœur de les faire connaître davantage, notamment des élus des communes concernées, afin qu’ils en fassent à leur tour la promotion auprès des médecins qui pourraient être intéressés pour les intégrer. C’est désormais chose faite !

En chiffres

  • 169 internes en médecine générale des facultés de médecine de Toulouse et Montpellier ont suivi les stages durant lesquels ils découvrent les missions des médecins sapeurs-pompiers et leurs contraintes.
  • 40 Une fois diplômés et formés par le Sdis, ils sont 40 à avoir choisi d’exercer en Aveyron.
  • 28 des quarante nouveaux médecins installés en Aveyron sont également devenus médecin sapeur-pompier.
  • 2 d’entre eux ont une activité urgence et médecine générale.
  • 10 internes ayant effectué le stage réfléchissent à une installation en Aveyron avec une intégration probable du corps des sapeurs-pompiers.
  • 18 actuellement ce sont 18 internes en médecine générale qui suivent le stage.
  • 25 % des interventions du Samu en Aveyron nécessitent des délais supérieurs à 30 minutes du fait des distances.
  • 30 % des interventions pour secours à personne réalisées par les sapeurs-pompiers sont liées à des malaises inexpliqués dont de nombreuses douleurs thoraciques.
  • 42 % des interventions pour secours à personne réalisées par le Smur sont liées à des malaises inexpliqués dont de nombreuses douleurs thoraciques.
  • 19 des 40 centre de secours du département sont équipés d’appareils éléctrocardiogrammes et de tablettes permettant de transmettre au médecin régulateur du Smur, les tracés réalisés en intervention.

 

Secours : La télétransmission des électrocardiogrammes se généralise

En Aveyron, 30 % des interventions réalisées par les sapeurs-pompiers pour secours à personnes sont liées à des malaises inexpliqués, notamment de nombreuses douleurs thoraciques. Le chiffre s’élève à plus de 42 % des motifs d’engagement lorsque c’est le Smur qui intervient.

Face à ce constat, le Samu et le Sdis décident de doter, grâce à l’ARS, les centres de secours d’appareils électrocardiogramme (ECG) et des tablettes permettant de télétransmettre le tracé du cœur au médecin régulateur des centres 15. Sur les 40 centre de secours principaux (CSP) que compte le département, 19 sont déjà dotés. Depuis le début de l’année et jusqu’en septembre, ce sont ainsi 67 télétransmissions qui ont été effectives grâce au dispositif. " Pour le médecin régulateur qui reçoit les ECG, cela représente une véritable aide à la décision, explique le colonel Alazard. Et c’est toujours au bénéfice de la victime qui peut ainsi éviter une hospitalisation inutile. "

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