Le cap ambitieux des 11 000 habitants à atteindre en 2030 dans le Nord-Aveyron

  • Le plateau de l’Aubrac manque de terre pour loger. Un comble, non ?
    Le plateau de l’Aubrac manque de terre pour loger. Un comble, non ? Repro CP -
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Olivier Courtil

Dans le cadre du plan local d’urbanisme intercommunal, le projet d’aménagement et de développement durable a été présenté aux élus.

La démographie est le point noir du Nord-Aveyron à l’image de Condom-d’Aubrac dont le prochain recensement, en janvier, fera état de 300 habitants dont 137 ont plus de 60 ans, 40 plus de 80 ans et un seul moins de 10 ans. " Il faut faire prendre conscience aux gens qu’il y a du travail ici mais il faut du logement ", dit Geneviève Gasq-Barrès, maire de Condom-d’Aubrac qui consacre son mandat actuel à cette problématique pour permettre le renouvellement des générations. Une réunion, organisée avec sa commune voisine (pas encore nouvelle ?) de St-Chély-d’Aubrac, s’est dernièrement tenue avec autochtones et nouveaux arrivants sur le thème "C’est possible dans nos villages". " On voit qu’il y a une vision différente de nos territoires. Il y a du mouvement à tous les niveaux avec des gens qui s’installent et l’achat de maisons secondaires. Il faut prendre le taureau par les cornes pour accompagner ", poursuit l’édile qui multiplie les partenaires (Adasea, Chambre d’agriculture…) dont la communauté de communes qui prévoit une Opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH) dans le cadre justement du projet d’aménagement et de développement durable (PADD).

Ce document affiche ses ambitions en visant le cap des 11 000 habitants pour 2030 soit 171 habitants à accueillir chaque année alors que le territoire du Nord-Aveyron en a gagné 26 entre 2016 et 2018.

Concernant l’attractivité, l’accent est notamment mis sur le logement pour accueillir cette population en quête de cadre de vie et de tranquillité. " Des logements décents et du locatif de qualité ", précise Rémy Laurens, chargé de mission Urbanisme-Habitat à la communauté de communes Aubrac Carladez Viadène. Une étude menée par Soliha (Solidaires pour Habitat) doit débuter en début d’année. Parmi les leviers énoncés, il est énoncé l’instauration d’une fiscalité spécifique dans le PADD. " On pourrait envisager de jouer sur la fiscalité pour décourager les résidences secondaires ", suggère Rémy Laurens.

Favoriser la rénovation

Autre point mis en avant en matière de logement, le taux de réhabilitation revu à la hausse, passant de moins de 50 % à plus de 65 % pour lutter contre l’étalement urbain qui fait que rapidement les églises seront entourées de maisons vides. Là aussi l’OPAH en projet est censé accompagner en bénéficiant d’aides. Et de rappeler que rénover n’est pas forcément plus cher que construire, et une piste à suivre face au réchauffement climatique (lire ci-dessous). En attendant le cap des 11 000 habitants, place aux élections municipales pour connaître les heureux élus qui devront en faire bon usage. Et de garder en mémoire la réflexion de Jules Renard sur le sujet : " Il ne s’agit pas de dire : Notre caisse est pleine, il s’agit de dire : nous avons dépensé de l’argent, mais c’était utile. "

Et si le bâti de demain se faisait avec l’existant ?

En marge du colloque de l’Ordre des architectes qui s’est tenu récemment à Paris sur le thème "Réparer la ville", l’étalement urbain a été pointé du doigt. " On continue à tartiner le territoire de médiocres zones pavillonnaires qui mitent les paysages. Pourtant, nous savons tous qu’il faut arrêter l’étalement urbain pour préserver les terres agricoles qui nous nourrissent, absorbent les pluies, entretiennent la biodiversité et on continue à bétonner plus de 1 000 hectares chaque semaine ! ", s’insurge Christine Leconte, architecte. Et d’ajouter : " Mes confrères, mais aussi les élus, les promoteurs, les bailleurs sociaux et les citoyens doivent se mettre dans la tête que réparer n’est pas un gros mot. La ville de demain se fera d’abord avec le bâti qui existe déjà, réhabilité, aéré, surélevé, revitalisé, embelli… " Mais pour beaucoup d’architectes, l’exercice de la réparation est moins valorisant que de signer du neuf. Cependant, l’exemple de la rénovation réussie d’une cité à Bordeaux qui vient d’obtenir le grand prix de la rénovation 2019, montre que c’est possible. " Plutôt que d’en lister les défauts, nous avons considéré les atouts de ces bâtiments ", résume Christophe Hutin qui a suivi les travaux. Sans parler du coût, 35 M€ au lieu des 88 M€ prévus ! En clair, il faut voir le verre à moitié plein. À l’image de Mur-de-Barrez qui a pris les devants pour devenir Site patrimoine Remarquable. "Il faut favoriser l’accueil des jeunes. Si on continue à construire, c’est une catastrophe, ça bouffe du foncier ", conclut Hélène Charbey, adjointe à la culture du fief du Carladez.

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