Millau : ils prennent soin des animaux sauvages

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  • Hélène et Jean-Claude Austry s’occupent de beaucoup d’oiseaux au quotidien. Pourtant, le centre de sauvegarde est menacé de fermeture, faute de moyens financiers.
    Hélène et Jean-Claude Austry s’occupent de beaucoup d’oiseaux au quotidien. Pourtant, le centre de sauvegarde est menacé de fermeture, faute de moyens financiers. Diane Janel
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Dossier réalisé par Diane Janel

Centre de préservation de la faune sauvage, parc animalier, vétérinaire… Tous partagent leur quotidien avec des animaux sauvages. Le métier de soigneur, qui balance entre rêve et réalité, est souvent ponctué d’accrocs et d’imprévus.

Au centre de sauvegarde de la faune sauvage à Millau, les soigneurs commencent tôt. Même en décembre, quand l’activité est cinq fois moins importante qu’en été, de nombreuses bêtes nécessitent des soins constants.

Hélène, la seule salariée du centre, commence le rituel matinal en passant dans le cabanon dans lequel sont hébergés de jeunes animaux fragiles qui ont besoin de rester au chaud.

Un écureuil, un pigeon, mais aussi de multiples hérissons, qui se cachent tant bien que mal dans leur cage sous un amoncellement de paille. "Tous ceux qui font moins de 600 grammes ne se réveillent pas de l’hibernation en général, car leurs réserves de graisse sont insuffisantes. Nous gardons donc ceux qui naissent à l’automne. Une fois le poids idéal atteint, nous les mettons à l’extérieur pour qu’ils rentrent en hibernation", explique Hélène. Avant de les nourrir, il faut donc peser un à un les hérissons pour constater leur poids. "C’est une bonne semaine, ils ont tous grossi", se félicite Hélène. Elle leur prépare ensuite leurs plats, composés de fruits, et de poussins morts récupérés des élevages. Ils sont censés prendre 10 grammes de plus par jour, ce qui correspond à la croissance normale d’un hérisson.

La remise en liberté

Le printemps venu, le temps du relâché arrive. "Depuis quelques années, on dépasse les 40 entrées de hérisson par an. On ne peut pas tous les libérer ici, donc on installe des taquets de relâché dans différents lieux".

La méthode consiste à habituer l’animal à être nourri à un endroit dans la nature. Certains partent à l’aventure dès le premier jour, et d’autres reviennent car l’apport de nourriture est insuffisant à l’extérieur. "Certains ne veulent pas partir. On diminue progressivement la nourriture à la belle saison pour qu’ils ne cherchent pas la facilité". La méthode se vaut aussi pour les rapaces. Une plateforme est installée dans les arbres. Ils reviennent instinctivement au bercail car habituellement leurs parents les aident à chasser. Mais certains sont réfractaires à l’indépendance : "L’année dernière, deux faucons crécerelle ne sont pas partis à l’automne. On les a nourris l’hiver, Et l’été d’après, ils se sont décidés à partir".

Certains oiseaux passent en volière de rééducation avant d’être relâchés, pour reconstituer leurs muscles ou leurs plumes, comme c’est le cas pour les deux vautours occupant l’enclos ce jour-là. D’autres sont contenus dans les boxes d’accueil, généralement sombres et étroits pour favoriser le calme des bêtes. "Nous avons actuellement une chouette hulotte qui a un traumatisme crânien, et un milan royal de Lozère qui a une partie de l’aile cassée". Si le relâché est toujours un moment agréable pour les soigneurs, des morts en séries viennent parfois obscurcir leur quotidien : "Il y a des semaines noires, avec des moments plus pesants que d’autres. Il faut apprendre à se blinder, et ne pas trop s’attacher aux bêtes", détaille Hélène.

Quand le public ramène des animaux

Solidarité Le centre de préservation accueille des animaux venus de l’Aveyron et de Lozère. « Cet été notamment, nous avons reçu 43 martinets un jour de grosse chaleur, dont certains venaient de Mende. Concernant ces oiseaux et les hérissons, les gens sont prêts à faire 200 km. C’est souvent pour eux qu’ils font des dons d’ailleurs », explique Hélène. En dépit de la richesse faunistique de la Lozère, rare sont les animaux qui en viennent. Le territoire étant très rural, la population tombe plus rarement sur eux. Parfois, certaines personnes ramènent des bêtes considérées comme dangereuses : des renards, des blaireaux ou des castors adultes. Tous les soins doivent alors s’effectuer sous anesthésie et en présence d’un vétérinaire spécialisé dans les animaux sauvages.
 

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