L’Oustal : sept étages à Bercy pour être à la hauteur des ambitions aveyronnaises
Porté, dès l’origine, par quatre piliers, Maurice Solignac, Roger Ribeiro, Raymond Mouly et Guy Verdier, dont deux sont toujours en vie, ce projet d’envergure comprenait ainsi un ensemble de locaux associatifs, des salles de réception,un programme de 80 logements et des commerces avec,au total, 7 000 m2 utiles au cœur de ce nouveau quartierde paris. La première pierre a été posée le 23 décembre 1993et l’inauguration a eu lieu trois ans après, jour pour jour.
Jeudi 23 décembre 1993. Jacques Chirac est maire de Paris. C’est lui qui a présidé la cérémonie de la pose de la première pierre de L’Oustal, la "Maison des Aveyronnais" qui allait sortir de terre en plein cœur du nouveau quartier de Bercy, dans le 12e (il n’y a pas de hasard !) arrondissement de la capitale. Plus de 600 personnes étaient ainsi rassemblées, rue de l’Aubrac, la veille de Noël. Un ministre, d’anciens ministres, des députés, des sénateurs, des personnalités parisiennes et aveyronnaises, mais aussi une foule d’anonymes. La température était fraîche, le ciel gris, mais le courant le plus marquant qui soufflait sur cet événement était indéniablement celui de sympathie, voire de jovialité. à marquer d’une… pierre blanche ! Selon un cérémonial bien établi par Maurice Solignac, président de la Fédération nationale des amicales aveyronnaises, le Rignacois Jean Puech, ministre de l’Agriculture, Jacques Chirac et Paul Pernin, premier magistrat du 12e arrondissement de Paris, ont manié, tour à tour, la truelle pour dresser cette première pierre dans laquelle un parchemin, dûment paraphé, a été scellé. Monseigneur Georges Soubrier, évêque auxiliaire de Paris, natif de Thérondels, et le chanoine Soulié ont ensuite procédé à la bénédiction de cette pierre. Après plusieurs années d’études, de tractations et de démarches administratives, la naissance de L’Oustal est donc devenue une réalité le 23 décembre 1993. Trois ans plus tard, jour pour jour, la "Maison des Aveyronnais" a été inaugurée par Jacques Godfrain, ministre délégué à la Coopération, maire de Millau et député de l’Aveyron.
"Une réponse forte à des besoins"
L’idée était ancienne. Le projet était destiné à "offrir un certain nombre de structures qui manquaient à la colonie aveyronnaise". L’idée originale a évolué et la construction d’une maison s’est dégagée pour répondre à des besoins exprimés par les Aveyronnais. Depuis fort longtemps. Les jeunes venant étudier ou travailler à Paris étaient à la recherche de logements pour les accueillir (le foyer de La Cité des Fleurs étant souvent complet), les entreprises aveyronnaises désirant se faire connaître souhaitaient avoir des surfaces d’exposition ou des espaces de bureaux.
Sans oublier les amicales en quête de salles pour organiser
leurs rencontres car les salons qu’elles trouvent sont souvent trop chers et mal adaptés. Enfin, divers organismes étaient déjà bien implantés dans la capitale. Pourquoi ne pas les regrouper en un même lieu ? La fameuse idée qui trottait dans la tête du président Maurice Solignac et de Roger Ribeiro, directeur de la Caseg (compagnie aveyronnaise de service et de gestion), a tout de suite été « prise très au sérieux » par Guy Verdier et Raymond Mouly, respectivement, directeur et président du Crédit Agricole
de l’Aveyron. Ils sont devenus les quatre piliers de cette aventure économique et humaine. La première réunion a eu lieu mardi 11 octobre 1988, au cours d’un dîner à la Tour de Lyon. « Elle réunissait tous les élus et décideurs aveyronnais. L’objectif était de leur présenter le projet, se souvient Roger Ribeiro. Il a été accueilli avec enthousiasme, mêlé, il faut bien le dire, à beaucoup d’interrogations ».
« Convaincre la Ville de Paris »
L’appui de la caisse régionale du Crédit Agricole de l’Aveyron
a permis d’étudier, dès le mois d’octobre 1988, le montage financier de l’opération et vérifier sa faisabilité. « Car, et ce n’était pas le moindre handicap, les amicales n’avaient pas de moyens et le projet ne faisait appel à aucune subvention », rappelle Roger Ribeiro. Rassurés sur la possibilité de trouver les capitaux au travers d’une SCPI (société civile de placement immobilier), à condition d’obtenir l’autorisation de la Cob (commission des opérations de bourse), il ne restait plus qu’à trouver un terrain. « Il fallait convaincre la Ville de Paris », confirme le directeur de la Caseg. Et de poursuivre sur le sujet : « Son adhésion enthousiaste à ce projet, au travers de Jacques Chirac, son maire, et de Paul Pernin, le premier magistrat du 12e arrondissement, a permis la réalisation de ce rêve un peu fou ». Un terrain a alors été proposé dans la Zac Bercy.
Le protocole de cession du terrain a été signé le 20 octobre 1990 dans les salons de l’hôtel Méridien Montparnasse, lors du banquet annuel de la FNAA.
Roger Ribeiro n’a pas oublié : « Bien que clair sur les grandes lignes dans nos têtes, le projet a dû être beaucoup travaillé. Il s’agissait, pour les concepteurs et les réalisateurs, d’un projet très original et tout à fait spécifique ». Jour après jour, le projet a été finalisé. Le permis de construire a été déposé le 24 décembre 1992. Un beau cadeau au pied du sapin.
Roger Ribeiro : « D’autres en ont rêvé, les Aveyronnais l’ont fait ! »
Un peu moins de trois décennies après la pose de la première pierre, Roger Ribeiro est « fier » de ce bébé qui a bien grandi. « Aujourd’hui, L’Oustal répond parfaitement aux attentes et colle bien à l’idée d’origine, souligne le président de la structure qui récolte l’épargne. On est parti sans le sou et sans subvention.Il fallait réunir une enveloppe de 130 millions de francs.
La création d’une SCPI a été la seule possibilité de financement envisageable et nous étions convaincus que les Aveyronnais répondraient positivement à la collecte ». Elle a commencé courant 1993 et elle s’est terminée mi-juin 1994. Aujourd’hui,
1 661 porteurs de parts, dont 50 pour la Fédération des Aveyronnais d’ici et d’ailleurs (soit environ 3 %), se partagent un total de 28 010 parts. Le taux de distribution est de 3,52 %
et le prix acquéreur de 1 365,12 €, alors que la part était à un peu moins de 5 000 francs (750 €) lors du lancement. « C’est clairement un placement qui s’est avéré rentable, reconnaît Roger Ribeiro. D’ailleurs, l’actionnariat ne bouge pas, ou peu ». L’Oustal a-t-il fait des émules ? « C’est un projet qui a attiré beaucoup de curiosité. Nous avons été sollicités, par exemple, par les Basques, conclut-il. Il vaut mieux faire envie que pitié. D’autres en ont rêvé,
les Aveyronnais l’ont fait ». Le mot de la fin revient à Gérard Paloc, président de l’association L’Oustal des Aveyronnais de Paris, qui gère les conventions d’occupation d’un an renouvelables deux fois : « L’Oustal n’est pas une opération financière mais un acte de foi ! Un concours de circonstance à un moment précis et favorable ».
L’Oustal 2 est dans les cartons
« Depuis que je maîtrise le dossier, je me suis fait une conviction : L’Oustal actuel est une fantastique réussite mais il est hélas trop petit. Il ne suffit pas à répondre à toutes les demandes de logements. Mais, il faut donc qu’on parvienne à construire un deuxième oustal plus ouvert au monde économique. Voilà pourquoi nous travaillons avec les chambres consulaires et les acteurs aveyronnais intéressés pour préparer ce dossier. Car, outre le logement de nos jeunes, il s’agirait aussi de permettre à des entreprises aveyronnaises de disposer d’une vitrine à Paris pour exposer leurs produits comme leur savoir-faire ». C’est ainsi que s’exprimait en… juin 2014 Gérard Paloc, lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale des amicales aveyronnaises dont il était le président. Un peu moins de six ans plus tard, pas grand chose n’a bougé. La patience semble de circonstance. « Dupliquer le principe du premier immeuble, qui répond donc parfaitement aux attentes et à l’idée de départ, ne me paraît pas impossible mais ce qui condition tout, le point d’équilibre, c’est le terrain », explique Roger Ribeiro, qui ne se berce pas d’illusions. La réalisation de L’Oustal 2 s’avère, en effet, plutôt complexe à un moment où le foncier se fait de plus en plus rare à Paris et que le prix du mètre carré atteint des sommets. Du coup, même si la municipalité parisienne continue de considérer d’un œil favorable le projet, la concurrence est féroce, notamment du côté des bailleurs sociaux pour décrocher du foncier. Un sujet que le président Gérard Paloc avait d’ailleurs abordé, toujours au cours de la grand-messe de juin 2014 : « En terme de rapport, L’Oustal est la première SCPI de France. Le rendement annuel est de 5 %, alors que nos loyers sont 25 % moins élevés que ceux du quartier. C’est à son taux d’occupation de 99 % que l’on doit cette performance financière. C’est ce qui me permet de proposer à Anne Hidalgo de construire des logements sociaux qui ne coûtent pas un centime à la collectivité ». Le mot de la fin revient à Roger Ribeiro : « On ne peut pas mettre L’Oustal 2 n’importe où. Disons qu’on a besoin de 1 000 m2 au sol pour réserver le rez de chaussée à un volet commercial. La SNCF va libérer des terrains pas très loin de la rue de l’Aubrac… En attendant, il y a certes quelques frustrés, fatalement, mais pas de gens aigris. La gestion de ce site très convoité se passe globalement très bien ».
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