Rebelle, "La Brebis galeuse" dénonce notre société

  • Muriel Lacan est ravie de présenter cette intégrale « qui a du sens ».
    Muriel Lacan est ravie de présenter cette intégrale « qui a du sens ».
Publié le
caroline gaillard

Muriel Lacan et les éditions du Larzac sortent l’intégrale, dans l’air du temps.

Le premier tome de la Brebis galeuse de Muriel Lacan, la Vie de troupeau, est sorti en 2015 aux éditions du Larzac. Deux autres tomes ont suivi élections piège à moutons et Dona brebis de la Mancha. Cet hiver, la petite maison d’édition, département éditorial de l’Herbe sous le pied, association loi de 1901 qui a pour objet de promouvoir l’écologie, a sorti l’intégrale de l’histoire. Une sacrée bonne idée.

"Au début nous avons fait trois albums d’une même histoire, explique, ravie, Muriel Lacan, l’autrice et dessinatrice. Sortir l’intégrale avait donc tout son sens. Le personnage, cette agnelle orpheline, je l’ai créée en 1987 pendant le mouvement étudiant Devaquet. C’était un personnage énervé comme moi. J’étais très influencée par F’Murr et le Génie des alpages. Trop influencée ! J’ai arrêté après une douzaine de planches. Quand les éditions du Larzac ont été lancées, avec leur esprit écologique en récit dessiné, j’ai pensé que je pouvais faire quelque chose de mon héroïne."

"Elle ne veut pas se faire tondre"

Ainsi sont nés la Brebis galeuse et ses trois tomes. Le premier qui critique le système productiviste, le second, le système politique et le troisième l’industriel. "Cette jeune agnelle dans son troupeau, rien ne la distingue des autres, sauf qu’elle est orpheline et prend pas mal de baffes, raconte sa créatrice. Elle est victime de la violence du troupeau, de son indifférence, de l’attitude grégaire et individualiste des autres. Ce n’est pas si surprenant.

Elle sait que si elle fait un agneau, c’est pour qu’il parte à la boucherie. Elle refuse, comme elle ne veut pas se faire tondre. Cela restreint son espace de vie."

Une seule solution pour la brebis : se sauver. Elle prend donc ses jambes à son cou et se retrouve, dans le tome II, dans un camp militaire. "On se situe bien dans l’imaginaire, détaille Muriel Lacan en tournant les pages de son ouvrage. Toutes les civilisations sont fondées sur des mythes. Si on veut changer, il faut changer l’imaginaire, le mythe du matériel. Je ne propose rien moins que ça, un autre imaginaire !"

Entre les deux tomes, les attentas de Charlie hebdo et du Bataclan, l’état d’urgence : " Le retour des loups, précise l’autrice. J’avais de quoi faire. Je n’aimais pas trop les militaires.

Avec l’état d’urgence, je ne les ai pas loupés. Dans le tome II, ils sont bêtes et méchants."

Notre petite brebis s’échappe à nouveau pour se retrouver à Malbosc, une réserve de chasse où règne un baron local qui triche aux élections. "Là, je me suis fait plaisir avec les animaux et les paysages du causse. Et le loup en filigrane tout le temps."

Un dessin en noir et blanc, superbe, parce que Muriel Lacan aime Corto Maltese et le Baron noir et que "cela permet de faire le livre à un prix correct, imprimé en France ".

Ultime aventure de la rebelle : son arrivée au Mas des Sòmis, "dont on voit bien dès la première page qui est sous le coup d’une expulsion et où la résistance s’organise ". " Le groupe est très participatif, pourtant c’était avant les “gilets jaunes”, s’amuse Muriel Lacan. Moi, je fais de la politique par l’humour et l’absurde. Mais de la BD politique, il n’y en a pas tant que ça."

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