Tribunal de Rodez : six mois ferme pour "l’ostéopathe"… agresseur sexuel

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    Le verdict est tombé mercredi au tribunal de Rodez. Repro CP -
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Mathieu Roualdés

Coupable de 62 agressions sexuelles, le quadragénaire, installé dans le Sud-Aveyron au début des années 2010 et aujourd’hui secrétaire en banlieue parisienne, a été condamné à six mois de prison ferme.

Un peu plus d’un mois après le procès, long de plusieurs heures, le jugement est tombé : le "faux ostéopathe", accusé de 62 agressions sexuelles au début des années 2010, dans ses cabinets de Sévérac-d’Aveyron et de La Cavalerie, a été condamné à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis. La fin d’une affaire qui aura marqué la dernière année judiciaire dans le département, tant par son ampleur que par l’émotion suscitée. "Les victimes sont encore traumatisées, elles se sentent salies, honteuses", avaient souligné les avocates de la partie civile quand le procureur, Bernard Salvador, avait haussé le ton : "Les femmes étaient sa chose, cet homme s’est senti au-dessus de tout et il a succombé à ses pulsions sexuelles".

Des touchers internes pour toutes les… pathologies !

Aujourd’hui quadragénaire et secrétaire en banlieue parisienne, cet ancien élève de la faculté d’étiopathie à Toulouse, une pratique médicinale répandue dans l’ouest de la France mais jugée comme "sectaire" par l’État, a posé ses valises en Aveyron en 2010. Il y a ouvert un premier cabinet, sous la profession d’ostéopathe, à La Cavalerie. Puis un autre à Sévérac-d’Aveyron, un an plus tard. Rapidement, il a attiré une petite clientèle, en majorité féminine.

Maux de dos, troubles anxieux, accouchements douloureux… Sa porte était souvent franchie "en dernier recours". Et l’homme se montre souvent familier, tutoie ses patientes, se permet quelques "questions déplacées". Parfois, il va plus loin, souvent même. En novembre 2013, une première plainte arrive sur le bureau de la gendarmerie. La victime raconte avoir subi de longs touchers vaginaux de la part de l’ostéopathe. Elles seront près de 150 – sur 500 auditionnées –, à raconter sensiblement la même chose, certaines étant même mineures. Pour toutes les pathologies, l’homme proposait la même chose : des touchers internes, vaginaux notamment, pourtant interdits pour les ostéopathes depuis 2007… Souvent, ils duraient très longtemps, jusqu’à 30 minutes quand l’ordre des médecins préconise une durée maximale de trois minutes.

Durant l’acte, l’ostéopathe se permettait même quelques compliments sur la plastique de ses clientes, demandait s’il était possible de prodiguer ses "soins" sans gant, caressait la poitrine de certaines clientes, leur conseillait de multiplier les rapports sexuels ou bien d’utiliser des sex-toys. "L’ambiance dans ce cabinet était extrêmement glauque", témoignera une victime.

"Vous me laissez sans voix"

"Ces gestes, c’était pour soigner. Seul le résultat m’importait. Je n’ai fait que ce que l’on m’a enseigné en école d’étiopathie. Il n’y a jamais eu d’intentions sexuelles de ma part", a longtemps expliqué l’homme à la barre du tribunal de Rodez, avec un aplomb sidérant. "Vous me laissez sans voix", dira d’ailleurs la présidente, Sylvia Descrozaille. Avant de rappeler que l’homme avait déjà eu "des avertissements" dans son passé. À l’école, le directeur avait dénoncé son obsession "pour manipuler les gens, les femmes". Lors de sa première expérience professionnelle, en banlieue toulousaine, un confrère l’avait appelé pour lui rapporter une plainte d’une cliente, déjà pour des touchers vaginaux…

Dans cette affaire, le quadragénaire, marié et père de huit enfants, a également été poursuivi des faits similaires commis dans l’Hérault, où il possédait également un cabinet. Outre sa condamnation à six mois de prison ferme – "N’importe quelle peine sera dérisoire par rapport à ce qu’il nous a fait subir", confiera une victime –, l’homme devra dédommager plusieurs de ses victimes, pour un montant total de 12 900 €. Il devra également être inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

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