Espalion. Le cri bouleversant de ELLE, une réfugiée chilienne
La compagnie Création Ephémère a présenté "Univers Elle", samedi, à la salle de la Gare.
À l’initiative de M. et Mme Vallaeys de Squat’Théâtre, la compagnie millavoise s’est produite, samedi soir, à Espalion.
Des petits groupes de spectateurs autour de guéridons, une salle semi-obscure, éclairée seulement par quelques lampes de chevet, une cabine téléphonique : l’ambiance est intimiste ; un bruit de vagues est perceptible et une musique lancinante plane dans la salle.
Le 15 juin 1980, pendant la dictature chilienne, Antonio Gonzalez a été arrêté et son épouse doit quitter le pays.
ELLE a migré et ELLE s’est échouée entre les quatre murs de son hôtel, comme une prison, où ELLE chante, sert les clients au "Marin merdu", dans ce bar de nulle part, fait quelques passes aussi peut-être, gagne de l’argent qu’elle envoie régulièrement afin de retrouver celui qu’elle aime. Déracinée, elle raconte son histoire de naufragée, dans un récit douloureux, criant de vérité. "Je suis d’un autre monde ; je t’attends ; je rêve et je te vois… Je suis la fille d’une grande désolation, la bouillie de mon corps… J’ai tenté de me tuer, d’oublier les fantômes que je connais trop ; j’ai même tenté de vivre… Seule, enfin seule, morte, enfin morte, pour toujours… Je suis la condamnée, et, si c’était la mort la vérité, et si une fenêtre s’ouvrait sur la mer, et si, et si… Ils sont là, juges et bourreaux…"
Elle crie, elle chante sa douleur, son désarroi, son désespoir, sa colère, sa nostalgie, son espoir parfois.
Un cri poignant, inhumain parfois, et si bien joué, devant un public qui a beaucoup aimé la prestation des deux acteurs.
Texte de Filip Forgeau. Mise en scène Philippe Flahaut. Avec Marie des Neiges Flahaut, Philippe Flahaut, Jean-Raymond Gélis. Scénographie : François Tomsu. Musique : Jean-Raymond Gélis. Vidéo : Tito Gonzalez Garcia. Lumière : Michael Vigier.
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