Anne Paceo à Millau, un jazz sans frontières au rythme des tambours

  • Anne Paceo à Millau le 24.
    Anne Paceo à Millau le 24. Repro CP -
Publié le , mis à jour
Laurent Roustan

La batteuse aux multiples récompenses sera en concert à Millau le vendredi 24 janvier, un an après la sortie de son nouvel album.

Le mot frontière est un mot borgne. L’homme a deux yeux pour voir le monde", disait le poète Paul Éluard. Anne Paceo pourrait fait sienne cette citation en la transformant comme suit "Le mot frontière est un mot sourd. L’homme a deux oreilles pour entendre le monde. " Car c’est ainsi qu’elle voit la musique : " Je n’ai jamais aimé les frontières entre les styles. Ce sont les disquaires qui ont inventé ces cases, mais la musique, elle, dépasse tout ça."

Les frontières, Anne Paceo les a franchies allègrement, dès son enfance, dont elle a passé les premières années en Côte d’Ivoire, jusqu’à ses 12 ans. Mais cette enfance africaine va tout bonnement l’inspirer à jamais. "À 10 ans, j’ai dit à mes parents que je voulais jouer de la batterie. En Côte d’Ivoire, il y avait des percussionnistes qui répétaient en bas de chez nous, alors c’est fort probablement ça qui m’a influencé… "

Trois Victoires du jazz

Revenue en France et à Paris, Anne va faire différentes écoles de batterie, puis, de fil en aiguille, commence à jouer avec des musiciens, et même à se produire dans les clubs de jazz. Le jazz, une étiquette qui va se révéler vite limitée pour celle qui pourtant, à ce jour, compte trois Victoires du jazz parmi ses trophées, dont la dernière en 2019 comme artiste de l’année. ce qui était déjà vrai trois ans plus tôt, en 2016.

"J’ai toujours entendu des mélodies dans ma tête, dit-elle. La première fois que je les ai mises sur papier, je devais avoir 19 ans ". Ces mélodies sont venues au gré des étapes de son existence. En gardant toujours les oreilles ouvertes, au-delà des frontières. "J’écoute plein de musiques différentes, et mes influences, ce sont les musiques qui m’ont touché. Avec ça j’essaie de créer ma musique, de rester fidèle à ce j’ai envie de faire. Mais j’aime bien l’idée du mélange. "

Il suffit d’écouter son dernier album, "Bright shadows", pour s’en persuader, tant les neuf morceaux qui le composent ont différentes sonorités, du jazz de facture plutôt classique à l’afrobeat, en passant par des traits pop, des traces de hip-hop le trip-hop. "Bright shadow", c’est d’ailleurs aussi le nom de sa formation, l’une des cinq dans lesquelles elle évolue. En fait, chacune de ses formations produira un album qui portera le même nom, sauf le premier groupe, Triphase, qui sortira un deuxième album, "Empreinte". À ce jour cinq formations donc, et six albums. " Je trouve ça un peu chiant en jazz de mettre son nom puis de rajouter derrière, quartet, quintet ou trio. Je préfère choisir un nom de groupe. Pour mettre une couleur musicale sur le projet. "

Pour son dernier projet, "Bright Shadows" donc, c’est un jeu d’ombre et de lumière qu’elle a voulu. "C’est une musique globalement assez joyeuse, mais les textes racontent des choses un peu plus sombres. Rien n’est jamais tout bleu ou tout rouge.."

Et de se pencher un peu sur ce qui l’inspire en elle et en dehors d’elle : "Quand j’écris un morceau, ça raconte toujours une histoire… En fait, les chansons ne naissent pas de rien, elles racontent quelque chose qui est toujours relié à des moments de ma vie. "

Des "choses" racontées en rythme, et une vie qu’elle mène à la baguette, aux baguettes plutôt, vers l’Olympe des musiciens de jazz, de jazz mais pas que, avec dans les oreilles, encore, depuis son enfance africaine, les tambours d’une musique mondiale autant que personnelle. Et dans les deux cas, "l’important est qu’elle parle au cœur, à l’âme, qu’elle provoque des émotions, qu’elle fasse voyager, qu’elle inspire ".

Pour Anne Paceo, c’est gagné.

En concert à la Maison du peuple de Millau, le 24 janvier à 20 h 30.
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?