La Maison Fabre renoue avec son glorieux passé

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  • Des gants blancs, en cuir lavable, confectionnés à Millau.
    Des gants blancs, en cuir lavable, confectionnés à Millau.
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JDM

Deux commandes exceptionnelles ont récemment été passées par la Garde républicaine. L’entreprise familiale n’avait plus fabriqué de gants pour une institution publique, depuis… 1994 !

L’histoire est belle. Vraiment belle. Actuellement, dans l’atelier de l’avenue Gambetta de la Maison Fabre, environ 70 % de la production est dédiée aux gants blancs de la Garde républicaine, ces gendarmes d’élite à cheval. Deux commandes ont été passées en 2019 : la première de 1 400 paires, en juin ; la seconde de 1 870, en décembre.

Au-delà de l’aubaine économique qu’un tel marché représente pour l’entreprise, qui garantit une activité soutenue à ses coupeurs et ses piqueuses "jusqu’à fin octobre, début novembre ", selon son patron Olivier Fabre, c’est aussi un joli clin d’œil à l’histoire même de la célèbre famille millavoise. "Mon arrière-grand-père, Étienne Fabre, qui a fondé la maison en 1924, était gendarme à cheval, en Algérie, et très amoureux du cuir", confie le gérant.

La tourmente en 1994

Ce n’est pas tout. Quand Louis Fabre, petit-fils d’Étienne, reprend l’entreprise, au début des années 1970, il prend une orientation forte, afin de pérenniser la Maison Fabre qui, comme les autres ganteries, traverse une période difficile. "Il se rapproche alors des gants de l’administration : police, gendarmerie, Armée de terre, pompiers… Ce qui a représenté près de 200 000 paires par an ", détaille Olivier Fabre, son fils. Mais, en 1994, tout s’écroule. Aucune commande n’est passée… La Maison Fabre est en danger. Elle ferme même pendant quatre mois, avant que Louis Fabre et son autre fils Jean-Marc ne relancent la machine et ne fonctionnent, un temps, "au ralenti ".

250-280 paires par mois

Plus de vingt ans après, la Maison Fabre renoue donc avec le gant administratif, qui lui a permis, à une époque, avec la maroquinerie, d’avoir jusqu’à 100 salariés. "Quand nous avons eu le devis de la Garde républicaine, nous n’en revenions pas. J’ai dit : “Il nous le faut !”" L’atelier et ses six ouvriers sont en ordre de marche. En mars, la première commande de1 400 paires sera intégralement honorée. Chaque mois, entre 250 et 280 paires sont confectionnées. "Nous avons fait la première livraison en septembre, sans compter les 24 paires que nous avons fabriquées, en urgence, pour le défilé du 14-Juillet."

Au niveau de la matière première, la Maison Fabre fait appel à ses "fournisseurs classiques, en Italie ". Pour ce cuir blanc lavable, comme l’impose le cahier des charges, un type bien précis de peau est recherché, issu d’un agneau de race métisse, qui vit principalement à l’est de l’Afrique, notamment en Éthiopie. Cette belle histoire retiendra aussi la solidarité qui règne entre gantiers. " Lucie Héran nous met à disposition sa presse pour fendre les manchettes, alors que la nôtre ne fonctionne plus", se réjouit le chef d’entreprise.

Alors que l’atelier tourne à plein régime, deux salariés seront prochainement embauchés : une piqueuse et un coupeur. Ils seront formés sur place. "Il n’existe pas d’école, insiste Olivier Fabre. C’est de l’artisanat à l’ancienne… Chez nous, le temps s’est presque arrêté."

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