Le Family Ciné, premier cinéma de Rodez
Chaque semaine, Centre Presse ouvre ses colonnes au service du patrimoine de Rodez Agglomération. Laissez-vous entraîner dans son sillage à la découverte de ces trésors, connus ou méconnus, qui ont marqué l’histoire de l’agglomération ruthénoise.
Poursuivons notre visite des anciens commerces de la ville…
À un emplacement situé aujourd’hui entre la poste et la préfecture, est fondé en 1626 le couvent Notre-Dame, dont les religieuses instruisaient à titre gracieux les jeunes filles de la ville. Devenue propriétaire des bâtiments au début du XXe siècle, la ville de Rodez y installe la première école Gally et loue la chapelle à un certain Jean-Baptiste Chanoux porteur d’un projet novateur. Ce brillant diplômé de mécanique, natif de la Corrèze et un temps chef du télégraphe à la poste de Rodez, y crée le premier cinéma de Rodez !
Près de trente ans après la première séance publique de cinéma par les frères Lumière en 1895 à Paris, et trois ans après la création du Gaumont-Palace place Wilson à Toulouse, Rodez s’apprête à vivre l’évènement.
Dans son édition du 3 septembre de 1922 Le Courrier de l’Aveyron s’enflamme sur l’ouverture du lieu : "La scène est encadrée d’une ornementation gracieuse et l’écran, ordinairement de toile, est fait d’un mur blanchi qui assurera aux projections une fixité absolue et nécessaire. […] Le confort ne le cède en rien à l’élégance. […] Et les jambes les plus longues trouveront une aisance auquel le théâtre, (hélas !) ne les a point habituées…" Et le journaliste de conclure en louant la qualité de l’accueil de celui sans "la volonté et l’audace" duquel n’auraient jamais permis à Rodez d’avoir un cinéma. Si l’intérieur de la chapelle conserve voûtes, chapiteaux et colonnes, la façade exprime alors la modernité, à l’image de la nouvelle invention technologique qu’elle accueille désormais.
À l’entrée, vers la préfecture, l’ancien tympan sculpté est remplacé par une enseigne en mosaïque "Family Ciné", surmontée d’une marquise métallique suivant l’arrondi du tympan.
La porte à deux vantaux est pourvue de vitraux aux motifs courbes dans le style Art nouveau.
Avec trois séances quotidiennes et une pianiste attitrée pour accompagner le cinéma encore muet à l’époque, le succès est au rendez-vous malgré parfois de longues interruptions techniques. Le projecteur étant à charbon et la lumière provenant d’un arc électrique, la cabine de projection manque de prendre feu à plusieurs reprises !
Jean-Baptiste Chanoux ne s’arrête pas en si bon chemin : en octobre 1932, il ouvre à Rodez un autre cinéma, Le Palace. Les deux cinémas ne se concurrencent pas tant la demande est grande et les films y sont bien différents : au Family, les classiques français et au Palace ceux d’outre-Atlantique. Les actualités de Pathé et Gaumont diffusées avant les films sont aussi très courues. L’exploitation resta dans la famille jusqu’en 1980. La "chapelle-cinéma" connaît une nouvelle reconversion en accueillant depuis 2008 les rayons jeunesse de "La Maison du Livre".
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