De l'aérobic démodé au fitness tendance, les salles de sport ont pris du muscle

  • six millions de personnes en France sont abonnées à l'une des 4.370 salles du pays
    six millions de personnes en France sont abonnées à l'une des 4.370 salles du pays Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Exit Véronique et Davina, +toutouyoutou+ et les bodybuilders en justaucorps fluo: poussées dans leurs retranchements par l'expansion du "low cost", les salles de sport ont fait peau neuve en une dizaine d'années. Aujourd'hui démocratisé, modernisé et en phase de régulation, le fitness pèse 27 milliards d'euros en Europe.

C'est la conclusion d'une étude du cabinet Deloitte publiée en 2019, qui précise que six millions de personnes en France sont abonnées à l'une des 4.370 salles du pays, lesquelles réalisent au total 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Désormais tendance, l'aérobic d'hier séduit aussi bien l'Etat, qui souhaite mettre au sport plusieurs millions de Français d'ici aux JO-2024 à Paris, que les sociétés soucieuses de bien-être et d'image.

Pour William Salinière, organisateur du salon Body Fitness, l'avènement du "low cost" autour de 2010 a "redistribué les cartes" et coïncide avec le début d'une phase de rachats, fusions, disparitions. Aujourd'hui, les pionniers Club Med Gym ou Gymnasium se sont effacés et la part des grands réseaux franchisés a doublé, au détriment des indépendants, représentant environ 40% du secteur.

"Certaines explosions ont laissé des traces", reconnaît Thierry Marquer, patron de l'Orange Bleue qui espère doubler son réseau de 400 salles d'ici cinq ans grâce à un investisseur. "A mes débuts, il y avait 13 clubs à Rennes en 1996, aujourd'hui ils sont 60".

Selon lui, la filière aura achevé sa restructuration et atteint un nouvel équilibre "dans cinq-six ans".

La société néerlandaise Basic Fit, seule enseigne à être cotée, est "devenue en quatre ans l'un des plus gros (réseaux) en France alors qu'elle n'a réellement +attaqué+ ce marché qu'en 2015-2016", décrypte Thierry Doll, président du syndicat FNEAPL FranceActive, créé en 2015 et qui fédère 1.500 salles.

- "Terre brûlée" -
Pour le consommateur, "low cost" a été synonyme de baisse des prix et Deloitte estime à 39 euros le tarif mensuel moyen d'abonnement à une salle de sport, avec une fourchette allant de 10 à 80 euros. Mais les salles les plus sélectives exigent jusqu'à 1.500 euros par an, en plus de frais de parrainage.

"La salle classique a longtemps vécu sur ses acquis. Celles qui ont disparu aujourd'hui ont peut-être baissé leurs tarifs par peur du +low cost+", estime M. Doll, qui redoute "une cassure" pour les salles de taille intermédiaire.

"La politique de Basic Fit, c'est celle de la terre brûlée", critique M. Marquer. "Quand ils arrivent, ils offrent six mois à tout le monde pour écrémer un secteur".

"C'est un peu dur pour les indépendants", reconnaît Frédéric Pfeferberg, gérant de Body Vip, un club francilien +médium+ qui cherche des fonds pour se développer. "Ces groupes financiers font des dégâts. OK pour les grands groupes, mais il faut de la qualité".

Après avoir profité de la démocratisation d'une activité autrefois prisée essentiellement par les trentenaires masculins urbains, les indépendants misent désormais sur la spécialisation: des clubs sont exclusivement féminins, d'autres proposent uniquement du "rameur", ou intègrent de nouvelles disciplines comme le cross-fit, misent sur le coaching ou les programmes individualisés. Dans certains "low cost", l'accès aux douches n'est pas compris dans le prix de base.

- Coaches en hologramme -
Le "Social Club" parisien "La Montgolfière" propose du co-working, une salle d'exposition et un restaurant, en plus des haltères.

Tous croient en une salle du futur très connectée et M. Salinière imagine déjà des coaches en hologramme. Mais "quand les cours sont dispensés sur écran, comment corrige-t-on un mauvais geste?", objecte M. Pfeferberg.

Face à cet écosystème dérégulé qui a vite grossi, l'Etat a réalisé 517 contrôles entre avril et décembre 2018: 70% ont révélé des anomalies (pratiques trompeuses, clauses illicites...)

Les compétences des entraîneurs, qui doivent posséder en France une carte professionnelle, interrogent. M. Pfeferberg estime que le niveau s'est "appauvri" car on a longtemps recruté des jeunes peu qualifiés pour les sortir du chômage.

Les bienfaits du sport sur la santé sont également un moyen de combattre la sédentarité des adultes. Pour M. Marquer, le secteur marchand du sport doit pallier le déclin des associations sportives, victimes des économies des politiques municipales. L'Etat vient justement d'attribuer un label "Maison Sport-Santé" à une centaine de salles pour des soins de remise en forme prescrits sur ordonnance.

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