Millau. Dans le Sud-Aveyron, le Centre de sauvegarde lâche ses derniers vautours
Le personnel du centre de soins des animaux sauvages faisait son dernier lâcher de vautours. Sans un soutien conséquent, Jean-Claude Austry jettera l’éponge le 22 février.
C’est devant 70 personnes au cœur lourd, que les trois derniers vautours soignés par les bénévoles et les salariés du Centre de sauvegarde de la faune sauvage caussernard ont pris maladroitement leur envol. "On les appelle selon l’endroit où ils ont été trouvés", explique Hélène Lebreton. Salariée jusqu’à la fin du mois. "On ne peut jamais voir s’ils sont vraiment prêts à s’envoler, dans la volière ils n’ont pas la place. Là c’est un peu tard, dans la nature ils ont déjà commencé la nidation, il faisait trop mauvais avant. Mais on ne s’inquiète pas", commente Jean-Claude Austry, la cheville ouvrière du centre depuis plus de 35 ans.
Le centre n’accueillera plus d’animaux blessés
Au moment de voir les trois derniers vautours recueillis s’envoler, il est visiblement bouleversé. "Le jeune", "Autoroute" et "Éolienne" ont retrouvé leur élément naturel après avoir été soignés pendant quelques mois. Au 23 février, le lendemain de l’assemblée générale de l’association, le centre n’accueillera plus de nouveaux hôtes. "Actuellement on a une trentaine d’animaux sauvages en soins. On attendra évidemment qu’ils soient tous guéris avant de les relâcher", ajoute Cassandra L’Hôte, le contrat aidé de la structure.
Un cri de détresse
En marge de ce dernier lâcher, Jean-Claude Austruy lance un véritable cri de détresse. Un imposant dossier à la main, il laisse sortir sa rage. "Cela représente toutes les démarches que l’on a entreprises depuis trois ans. Nous avons vu tous les responsables de collectivités et rassemblé tous les articles de presses parus avec notre appel au secours", explique Jean-Claude Austry la voix empreinte d’émotion. "Je mets quiconque au défi de prouver que ce que l’on a écrit dans ce dossier est faux, ajoute-t-il. On a fait ça pour que les gens sachent au mieux ce qu’il en est en fassent leurs choix en connaissance de cause." Les trois vautours fauves qui sont arrivés en octobre au centre de sauvegarde se sont retrouvés piégés en basse altitude, ils se sont épuisés ou blessés. "Ce sont les derniers vautours que l’on aura le plaisir de relâcher ici, explique-t-il devant quelque 70 personnes venues le soutenir. Le Centre de sauvegarde a quelques difficultés et après trois ans de grands efforts auprès des collectivités pour arriver à essayer finaliser la survie de la structure, aucune solution pérenne n’a été trouvé." Jean-Claude Austry qui est présent sur le site tous les jours, doit être remplacé pour assurer le bon fonctionnement du centre de sauvegarde.
"J’aimerais que le centre me survive"
"Je suis là depuis 35 ans, j’ai les cheveux blancs et ne suis pas éternel, j’aimerais que le centre me survive", commente-t-il ému aux larmes. "Pour arriver à ça, il faut des personnes responsables, qualifiées et motivées, mais qui puissent en vivre quand même un peu. Moi je suis retraité, je n’ai pas besoin d’argent." D’après lui, il faudrait créer huit postes à temps plein sur l’année pour faire fonctionner le centre. "Ce que l’on souhaite de la part des collectivités, c’est la création d’un poste et demi à temps plein. Et ça, on n’y arrive pas depuis 3 ans." Le 22 février l’association tiendra son assemblée générale, elle n’accueillera plus d’animaux sauvages blessés à partir du 23. "Aux candidats des municipales je dis que les gens qui s’intéressent à la faune sauvage ils n’ont rien de politique. Ce qui les intéresse c’est que l’on soigne les animaux sauvages en difficulté. Il y a ceux qui auraient pu faire et n’ont pas fait, vous vous souhaitez faire des choses, on espère qui si vous êtes élus vous le ferez. Ce qui est certain c’est que les collectivités en place étaient prêtes, il y a quelques années, à investir des centaines de milliers d’euros sur un parc animalier Sigean 2 et qu’ils sont incapables de nous donner quelques dizaines de milliers d’euros pour gérer le centre de sauvegarde", la colère et la déception sont palpables. À partir du 22 février, comme le stipule le code rural, tous les gens qui trouveront un animal sauvage blessé, devront s’adresser au maire de leur commune. Le Centre de sauvegarde est le seul dans un rayon de 150 km autour de Millau. "On espère – par ce qu’on y croit encore – que nos responsables élus entendront enfin raison ", conclut le soigneur. À la suite de leur assemblée générale le 22 février à 14 heures, les bénévoles du CRSFSC ont prévu de faire le tour des locaux de campagne. Ils n’ont pas fait leur dernier battement d’ailes.
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