Pour le scrutin de mars, des colistiers toujours plus difficiles à dénicher en Aveyron

  • Le désengagement en politique touche aussi les municipales.
    Le désengagement en politique touche aussi les municipales. Centre Presse - Charles Leduc
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JDM

À quelques jours de la date butoir du dépôt des listes par les candidats, certains ne sont pas encore parvenus à trouver les volontaires pour les accompagner et défendre leur projet face aux électeurs.

En politique comme ailleurs, les conseilleurs sont rarement les payeurs. "Vous trouverez toujours des gens pour critiquer et dénigrer le travail des élus, mais lorsqu’il s’agit de s’engager pour faire les choses, bizarrement, il n’y a plus personne", analyse froidement Jean-Claude Fontanier. Pour mémoire, l’ancien maire de Saint-Chély-d’Aubrac (1995-2014), avait préféré se retirer lors du précédent scrutin "pour laisser le champ libre à son adversaire et surtout éviter de diviser le village avec la moitié de la population qui soutient un candidat et la seconde moitié, l’autre. J’avais déjà fait trois mandats, c’était bien suffisant. Il faut savoir laisser la place aux autres", explique-t-il avec le recul. Pourtant, lorsqu’il entend que celle qui l’a remplacé envisage de ne pas se représenter en 2020, il n’hésite pas très longtemps avant d’annoncer sa candidature. Mais ça, c’était avant. Car aujourd’hui Jean-Claude Fontanier n’est plus tout aussi certain de vouloir y aller. Il explique : "Déjà, la maire sortante n’est plus aussi sûre de ne pas se représenter. Donc si c’est le cas, pas question pour moi de me mettre en travers de sa route. Et puis, surtout, cela devient trop compliqué de constituer une liste, surtout dans un petit village comme le nôtre ", poursuit l’ancien maire.

"Les mairies n’ont plus aucun pouvoir décisionnel"

"Les gens ne souhaitent plus s’engager. Ils ont l’impression que cela ne sert à rien. Qu’une mairie n’a plus aucun pouvoir décisionnel. Et que c’est à la communauté de communes que tout se décide. Et franchement, ils n’ont pas tout à fait tort ", reconnaît Jean-Claude Fontanier pour finir.

Plus à l’ouest, dans le Bassin decazevillois, Bruno Leleu, chef de file départemental du Rassemblement National, avait été l’un des premiers à annoncer, mi-décembre, sa candidature aux élections municipales à Decazeville. Deux semaines plus tard, le candidat Rassemblement National (RN) soutenu par deux pointures régionales de son parti, donnait une nouvelle conférence de presse pour dévoiler une partie de son programme. Rien en revanche sur les hommes et les femmes qui devaient l’aider à le bâtir. " Ça avance bien. On est presque au complet, On dévoilera bientôt les noms ", se contentait alors de dire le candidat Leleu.

Depuis, plus rien. De leur côté, ses opposants en lice pour la mairie de Decazeville, le maire sortant François Marty et le candidat divers gauche Pascal Mazet, ont quant à eux depuis longtemps présenté leurs colistiers. " On a eu quelques couacs ", met en avant Bruno Leleu pour expliquer ce long silence. Le candidat RN reconnaît "des difficultés" à constituer sa liste.

"Des coups de pression"

Évoquant "les engagements pris qui n’ont pas été respectés", Bruno Leleu dénonce aussi " les coups de pression d’un autre candidat sur ceux qui seraient tentés de le rejoindre ".

" Cela prouve qu’on fait peur ", analyse celui qui se présente pour la 2e fois à Decazeville. " Ça va, on a encore le temps et je vous dis franchement, s’il fallait déposer sa liste ce soir, je serais en capacité de le faire, mais je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs que lors du précédent scrutin. On me l’avait reproché à l’époque. J’en ai pris acte. Cette fois, cela ne m’intéresse pas de mettre des noms pour que cela fasse le compte. Mon souhait et celui du parti, c’est de trouver des gens compétents à chaque poste pour qu’en cas de victoire, nous soyons tout de suite en capacité de diriger la ville. Notre liste doit être solide, sérieuse et crédible", conclut un Bruno Leleu confiant dans ses capacités à y parvenir.

Pas sûr en revanche que sa consœur RN, Michèle Hermabessière, y parvienne à Firmi. " C’est vrai que c’est dur, concède Bruno Leleu. Michelle et ses sympathisants sont sur le terrain, ils ne déméritent pas, rencontrent beaucoup de gens qui partagent nos idées mais qui ne sont pas prêtes pour autant à s’engager. On continue à prospecter. "

Thomas Jaafar est certainement l’un des plus jeunes candidats à se présenter aux municipales en Aveyron. Du haut de ses 20 ans ce jeune Baraquevillois mène de front ses études à Toulouse et la quête des dernières personnes susceptibles de le rejoindre sur sa liste pour mener à bien son projet pour Baraqueville.

"Beaucoup de soutiens, mais peu d’engagement"

"J’ai déjà quinze noms ", se réjouit le jeune candidat persuadé de parvenir à trouver les 8 colistiers manquants avant la date butoir du dépôt des listes en préfecture (le 27). "Je suis confiant, explique celui qui espère bien barrer la route au maire sortant candidat à sa réélection, Jacques Barbezange. J’ai beaucoup de contacts avec d’anciens élus, des gens d’expérience qui sont séduits par mon programme et mon engagement, explique le jeune Baraquevillois. Ils viennent spontanément pour m’aider à finaliser mon programme et tenter de m’aider à boucler ma liste. Je rencontre énormément de monde et, franchement, je reçois beaucoup de soutien des Baraquevillois qui m’encouragent à aller jusqu’au bout. " " C’est vrai, j’ai beaucoup de soutiens, mais des engagements, beaucoup moins, analyse l’étudiant avec beaucoup de lucidité. "Il faut donc continuer à travailler ", conclut un Thomas Jaafar "persuadé d’y arriver tant les Baraquevillois sont nombreux à souhaiter la défaite du maire sortant ".

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