Entre traditionalisme et innovation, les jeunes engagés sont partagés

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  • L’engagement des jeunes est en pleine mutation. Comme l’a montré la manifestation des étudiants pour le climat, à Rodez, en mars 2019.
    L’engagement des jeunes est en pleine mutation. Comme l’a montré la manifestation des étudiants pour le climat, à Rodez, en mars 2019. Archives J.A.T.
Publié le
Margot Pougenq

Dans l’imaginaire commun, le jeune est fainéant, nombriliste et déconnecté de la réalité. Mais si l’avenir concerne précisément une partie de la société, c’est bien la jeunesse. Ceux qui s’engagent en ont pleinement conscience et les élections leur en donnent l’occasion.

L’avenir appartient à ceux qui le prennent en main. Et qui de mieux placés que les jeunes ? Une partie d’entre eux délaisse l’engagement traditionnel, et s’investit autrement. Bénévolat, signature de pétitions, manifestations, réseaux sociaux… Les alternatives au traditionnel militantisme sont nombreuses. Mais tous ne sont pas distants du système politique établi : que ce soit dans les petites communes comme dans de plus grandes, les listes aux municipales sont parsemées de jeunes.

Un éloignement du système traditionnel

" Les questions politiques intéressent les jeunes, évidemment. C’est le système institutionnel qui leur déplaît, et ils en sont déçus. On bouge mais rien ne change, comme pour les retraites par exemple. S’engager traditionnellement ne changera rien, ou peu de choses ", analyse Camille Persec, 22 ans, étudiante en sociologie de l’environnement et originaire de Laguiole.

Et ce constat revient souvent. " J’ai essayé de motiver des jeunes à rejoindre ma liste mais je n’en ai pas trouvé. Je vois un vrai désengagement au niveau local. Une part des jeunes que j’ai rencontrés ne se sent pas prête, et l’autre pense que cela n’apporterait rien " remarque Pierre Ignace, 24 ans, candidat à la mairie de Mur-de-Barrez.

La jeunesse se méfie du système traditionnel et des personnalités politiques. Le fait de militer directement pour des causes qui leur sont chères, comme le climat, les inégalités et les droits sociaux, est plus évident que de rejoindre une liste ou un parti. Leurs appréhensions sont légitimes. "Je craignais de ne pas être entendu, ou pas pris au sérieux, en rejoignant la liste. Mais j’ai rapidement vu que ma parole comptait ", témoigne Benjamin Maymard, 22 ans, colistier de Jean-Philippe Sadoul à Luc-La Primaube.

L’éducation, paramètre essentiel

La volonté de s’engager, politiquement ou bénévolement, provient bien souvent de l’éducation. Que ce soit de l’entourage ou de l’école, les prémices viennent de là. Thomas Jaafar se souvient : "J’ai commencé à m’intéresser à la politique avec la philosophie en terminale, et puis j’ai approfondi le sujet de mon côté. " Et si les proches sont engagés dans un domaine, les jeunes développent généralement un caractère similaire. "Mon grand-père a toujours été investi dans le milieu associatif. Et maintenant je suis, moi aussi, très investi dans le club de quilles de Luc" ajoute Benjamin Maymard.

L’engagement associatif peut alors susciter des vocations et mener à un engagement politique. Comme l’explique Pierre Ignace : "J’ai toujours eu envie de m’engager, et j’ai pu concrétiser cela en devenant président du comité d’animation de Mur-de-Barrez, il y a trois ans. J’ai alors pu me rendre utile pour le territoire mais j’ai senti que j’étais limité par l’associatif. Et j’ai décidé de me présenter aux municipales depuis un an environ."

Un engagement en pleine mutation

Pour la majorité des jeunes, il ne s’agit pas d’un désintérêt de la vie civique et citoyenne, mais plutôt d’un changement de mode d’action. Les évolutions sociétale et technologique qui s’opèrent en ce début de siècle, métamorphosent l’engagement. La nouvelle génération apporte sa propre vision et propose ses solutions. Les deux jeunes candidats, Thomas Jaafar et Pierre Ignace, veulent tous deux instaurer une démocratie participative s’ils sont élus. "Pour réinvestir les habitants au centre du processus citoyen, et en finir avec la tradition du vieux maire qui prend toutes les décisions. " Et il y a bien d’autres manières d’agir. "Je n’ai pas envie de m’engager traditionnellement, parce que ça ne correspond pas à mes principes. Il n’y a pas de place pour la contradiction dans le système actuel. Je préfère essayer d’avoir un mode de vie en accord avec mes idées : consommer local, acheter des vêtements d’occasion et produire moins de déchets. Mais aussi participer à des actions directes, comme des manifestations et des assemblées générales", conclut Camille Persec.

L’engagement politique des jeunes est en pleine mutation. Ils agissent au quotidien par des gestes concrets, c’est un engagement moins visible. Et ne serait-ce qu’avec les réseaux sociaux, la manière d’exprimer ses opinions a bien évolué. Les temps changent et les modes d’action aussi. La jeune génération s’engage, et elle aspire à être entendue, voire même écoutée.

En chiffres

12,2 % des conseillers municipaux ont moins de 40 ans.
47,2 % des jeunes élus (18 – 39 ans) sont des femmes.
2 % des maires ont moins de 40 ans.
55,2 ans, la moyenne d’âge des conseillers municipaux.
62 ans, l’âge moyen des maires

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