Rodez. L’Aveyron et la French Tech filent toujours le parfait amour
Unanimement saluées par la profession, deux sociétés aveyronnaises s’illustrent une nouvelle fois dans le Top 100 des entreprises de la tech française. Zoom sur Numberly et Adveris, acteurs de référence du secteur.
Mon aventure entrepreneuriale n’a pas commencé dans un garage de la Silicon Valley, mais plutôt dans ma cuisine à Paris !" Pour Yseulys Costes, une Aveyronnaise à la tête d’un géant du marketing digital, les choses se doivent avant tout d’être amusantes ! Derrière cette apparente décontraction se cache pourtant une dirigeante de talent, "une machine" selon ses collaborateurs, workaholic assumée qui a fait de Numberly (ex-1000 mercis) une entreprise florissante valorisée à hauteur de 145 millions d’euros en 2016. Avec 65,1 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, 600 collaborateurs répartis à travers huit bureaux dans le monde (Paris, Londres, New York, Amsterdam, Montréal, Dubaï, Milan et Bruxelles), une cotation en bourse et des clients internationaux comme Sanofi, Fnac-Darty, le Crédit Agricole ou Nestlé, Numberly s’est offert une place de choix dans l’écosystème French Tech. Derrière cette success-story, beaucoup de travail et la détermination d’une femme devenue, en moins de 20 ans, une incontournable de la sphère digitale. "C’est l’une des rares femmes à avoir bâti une grosse boîte cotée", commente à son sujet le business angel Marc Simoncini, entre autre créateur de Meetic, et soutien de la première heure de l’e-entrepreneure élue femme de l’année 2019 par Forbes.
"Un peu par hasard"
"Femme Internet" en 2001, – sa carrière est une succession de récompenses – elle se souvient des débuts de Numberly, cofondée avec son associé Thibaut Munier. Nous sommes fin 1999 et les deux associés sont chercheurs universitaires. Leur marotte ? "Le marketing. Une matière passionnante, confie la CEO de Numberly. On avait la théorie mais il nous manquait la pratique. Finalement, un peu par hasard, on s’est dit qu’on allait lancer notre propre boîte." Février 2001, le rêve devient réalité. L’ambition des deux associés : rendre le marketing plus pertinent, plus personnalisé, plus efficace et mesurable. Les clients doivent recevoir des contenus de marque qui les intéressent vraiment. Pour se faire, l’outil principal est la collecte et l’analyse de data. "C’est ce que les Américains appellent les ‘MarTech’", précise l’entrepreneuse. Newsletter personnalisée, campagne digitale de marque, push de notification, peu importe le canal, le marketing proposé ici se veut plus qualitatif que quantitatif." Ses clients se nomment Dior, Procter & Gamble, TF1, Nespresso, Meetic, Lacoste, Danone, Carrefour, AlloCiné ou encore La Poste. Sa force, une base de données colossale, "un trésor de guerre" que Numberly triture pour coller aux attentes de ses clients. Avec des résultats parfois surprenants. Comme rapporté par son associé Thibault Meunier, on apprend ainsi qu’il existe une corrélation très forte entre l’acheteur de couches et le buveur de bière ou entre la fidélité à une marque de café et le recours au crédit à la consommation… Amusant mais terriblement efficace. En croisant ces données à l’infini, peu de chances que la "cible", – le futur client – passe entre les mailles (très fines) du filet. Charge ensuite à Numberly de faire passer le message via les différents canaux de prospection (email, SMS, vidéo, display…) en prenant bien soin de ne pas lasser la cible. Un travail d’orfèvres qui a permis à l’entreprise d’Yseulys Costes de s’imposer comme l’un des leaders mondiaux du marketing digital. On dit (1000) bravo !
Adveris, parmi les 35 meilleures agences digitales du monde
Une carrière dans la banque d’affaires leur tendait les bras. Leur passion pour les métiers du digital, de la création, et du design en a décidé autrement. Aveyronnais originaire du Nayrac, Antoine et Mathieu Gastal sont aujourd’hui à la tête d’Adveris, une agence de communication digitale très en vue à Paris. Leur rôle : accompagner les entreprises dans leur politique numérique. Leurs atouts : un sens inné du conseil en stratégie et souci du détail qui permet à Adveris de figurer parmi les 35 meilleures agences digitales du monde. "Nous travaillons sur deux aspects : le premier, créer une plateforme digitale car aujourd’hui il est indispensable, et même plus qu’indispensable, d’avoir une vitrine visible sur internet. La deuxième chose, c’est activer des leviers, dits d’acquisition de trafic, pour diriger les internautes vers ces sites internet. Via le référencement Google notamment. On travaille aussi sur les réseaux sociaux et l’e-mailing." Parmi leurs clients, la Banque Populaire, Peugeot, Carrefour, EDF, Eiffage, Groupama, Orange, Pullman ou encore la Tour d’Argent…
Installée à Paris, au sein même des anciens "Ateliers d’Uzès", certainement l’un des plus beaux bureaux du quartier qui fourmille d’agences et de startups, Adveris affiche une santé insolente. Si l’aspect "ressources humaines" est aujourd’hui un frein au développement d’Adveris – "on pourrait être sensiblement plus gros, si cet aspect recrutement n’était pas si problématique", reconnaît Mathieu – la société et ses 50 collaborateurs (!) a bouclé l’année sur un exercice plutôt probant. ""De l’ordre de 4M€ de chiffre d’affaires en 2018. Et on essaie de faire mieux chaque année". Pas pour rien, en effet, que la société s’illustre cette année encore dans le palmarès du TOP 100 des champions tricolores de la croissance.
A Toulouse aussi...
Parler de belles réussites aveyronnaises sans évoquer ces deux autres bons élèves installés dans la ville Rose serait faire offense aux deux intéressés. Le premier, le Ruthénois Shannon Picardo a, tout simplement, révolutionné le soutien scolaire avec Schoolmouv. Fiches de révision, QCM, exercices d’application… Après deux levées de fonds de 1 et 2,5 M€, la jeune start-up installée à deux pas de la prairie des filtres propose des milliers de cours vidéo en ligne et tout autant de contenus éducatifs rédigés par des professeurs. S’y ajoutent aussi des modules de révision pour l’examen du brevet et du bac. Selon le fondateur, Shannon Picardo (photo en haut), les résultats sont au rendez-vous. « Les élèves gagnent en moyenne 2,6 points sur l’ensemble de leurs notes », se félicite le jeune entrepreneur de 25 ans, qui a eu l’idée de sa start-up en 2011, alors qu’il passait lui-même les épreuves du baccalauréat.
Mention Très bien pour lui et celui avec qui il a longtemps partagé les bureaux, Geoffrey Vidal. Avec son père, le Castonétois a créé Demooz en 2013, la première plateforme de consommation collaborative. Revendiquant aujourd’hui près de 200 000 membres, la plateforme permet à quiconque d’essayer un produit, chez un particulier ou Demoozer, avant d’acheter. « Notre business model repose sur un partenariat avec des marques qui équipent gratuitement certains Demoozers afin qu’ils réalisent des démonstrations », explique Geoffrey. Des marques comme Devialet, Dyson ou Sonos rémunèrent ainsi la société, soit en reversant une commission sur les ventes générées par les démonstrations à domicile, soit en payant pour que Demooz anime leurs communautés de prescripteurs.
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