Football : face à la violence, le ras-le-bol des arbitres du district de l'Aveyron

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  • Il pourrait bien n’y avoir aucun arbitre du District sur les terrains ce week-end.
    Il pourrait bien n’y avoir aucun arbitre du District sur les terrains ce week-end. JLB - Archives
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Vincent Naël

Après l’agression de l’un des leurs, dimanche 16 février, à Foissac, les arbitres du District aveyronnais ont décidé de lancer un appel à la grève pour les matches de ce week-end.
 

On est tous choqué. » « Il a pété les plombs. » « Le score était acquis, je n’ai pas compris pourquoi il a fait ça. » Dans les deux clubs, on était encore abasourdi hier, après l’agression d’un arbitre dimanche, en fin d’après-midi, lors de Foissac - Penchot-Livinhac, rencontre de Départemental 3.

Les faits : alors que l’on joue la 87e minute, les Livinhacois mènent 0-4. Pas d’accord avec la décision de l’homme au sifflet d’accorder le dernier but, le gardien local lui fait part de son mécontentement. Un peu trop au goût du directeur du jeu, qui décide de sortir un carton pour contestation. « Mais avant que l’arbitre le fasse, le Foissacois est allé le ceinturer, lui a fait un tête contre tête, puis des joueurs les ont séparés. Ensuite, le match a été arrêté », indique l’entraîneur de Penchot-Livinhac, Vincent Job.

Le président du District de l’Aveyron, Arnaud Delpal, ajoute : « Le joueur de Foissac lui aurait mis un coup de tête. » « Je ne dors pas la nuit parce que j’ai une oreille en feu. Il m’a sauté dessus pour me mordre et me mettre un coup de boule », a assuré la victime à un autre arbitre aveyronnais. Ce dernier, qui a voulu rester anonyme, confie : « Le docteur l’a mis en arrêt maladie jusqu’à vendredi, mais il a quand même été au boulot lundi, alors qu’il était en ITT. Il m’a dit que ça allait psychologiquement, mais il n’a pas pu finir sa journée de travail... »

« Le cas le plus grave que j’ai vu »

Son homologue agressé, d’une trentaine d’années et officiant dans le bassin de Decazeville, a « porté plainte dimanche soir pour coups et blessures ». « Le rapport de l’arbitre sera examiné jeudi, lors de la commission de discipline du District, et le joueur suspendu. Comme il prendra une suspension de six mois ou plus, une instruction sera lancée à l’issue de la réunion, informe Arnaud Delpal. Notre instructrice, Chrystel Alquier, prendra ensuite contact avec les clubs pour leur poser une série de questions. »

Le président du District conclut : « En Aveyron, ça arrive rarement heureusement. » « C’est vrai qu’on n’est pas trop touché par rapport à Marseille et à l’ancienne région Rhône-Alpes, confirme le président de la section Unaf (Union nationale des arbitres de football) de l’Aveyron, Didier Campredon. Mais les violences arrivent chez nous petit à petit. » Pour de nombreux arbitres aveyronnais, c’est la goutte de trop. « On a décidé de lancer un appel à la grève pour tous les matches de niveau départemental qui auront lieu ce week-end, annonce l’un d’entre eux. On remarque que nos décisions sont de plus en plus contestées. » « En 24 ans de présidence, c’est le cas le plus grave que j’ai vu », appuie Campredon, qui salue « une initiative courageuse ».

à Foissac, le président du club, Julien Saint-Affre, est du même avis : « Nous apportons notre soutien à l’arbitre, qui n’a rien à se reprocher. On l’a escorté jusqu’aux vestiaires, puis à sa voiture. Il était choqué. » Et concernant son gardien, âgé d’une quarantaine d’années et au club depuis cet été ? « On est étonné parce qu’il n’avait causé aucun débordement depuis le début de la saison. Mais ce qu’il a fait est impardonnable, et il n’en a même pas conscience. On ne veut plus le voir au club », répond le bénévole. Il y passera quand même une dernière fois, dans la semaine. « On le convoquera à part avec les autres membres du bureau pour essayer de comprendre. »

« Je suis triste pour eux »

De réunion, il a déjà été question hier soir, avec le reste du directoire et certains joueurs, pour revenir sur ce triste événement. « Je n’avais jamais vu un truc pareil... En plus, on n’a pas du tout l’image d’un club comme ça. C’est vraiment dommage pour nous, d’autant qu’on a changé de bureau cet été, avec une équipe jeune et motivée, regrette Julien Saint-Affre, dont c’est la première année à la tête de l’AS Foissac. On ne sait pas ce qu’on encourt, mais on est dégôuté parce qu’on va payer pour ce qu’il a fait. »

Le coach de Penchot-Livinhac, Vincent Job, compatit : « Je suis triste pour eux, car mis à part ce coup de sang, tout s’est bien passé. On a pris la collation ensemble, alors que c’était la première fois qu’on les rencontrait. » Son président, Jean-François Rubira, a aussi indiqué qu’il comptait appeler son homologue. « Froissac est un très bon club, avec de gentilles personnes et un esprit clocher extraordinaire. C’est juste ce joueur qui a pété un câble », conclut un arbitre aveyronnais.

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