Les étiquettes politiques, un poids lourd à porter en Aveyron

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    Pas beaucoup d’étiquettes dans les bulletins. Archives JAT
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JDM

La plupart des candidats aux élections municipales préfèrent n’afficher aucune étiquette politique durant leur campagne. Un choix qui peut notamment s’expliquer par une volonté de pas être assimilés aux partis politiques et à leurs échecs électoraux.

Le ministre de l’Intérieur a publié début février une nouvelle version de sa circulaire sur l’attribution des "nuances politiques" lors des élections municipales de mars prochain. Ces étiquettes apposées aux candidats sont utilisées pour présenter les résultats des différents camps au niveau national. Sauf que le gouvernement a été forcé de réviser sa circulaire après l’avis du Conseil d’État.

Ses membres pointaient, notamment, la hausse du nombre de villes pour lesquelles des nuances politiques n’auraient pas été attribuées. Les candidats des communes de moins de 9 000 habitants n’auraient plus reçu d’étiquette, alors que ce seuil était à 1 000 en 2014.

Ainsi "95 % des communes" et "plus de 40 % du corps électoral", n’auraient pas été pris en compte. Le seuil est aujourd’hui fixé à 3 500 habitants. La question des étiquettes politiques s’est donc présentée au cœur des débats d’une manière plutôt inattendue.

Prime au sortant

En Aveyron, comme dans la plupart des départements ruraux, l’identification des candidats n’est pas la règle mais plutôt l’exception. Pour le politologue Dominique Reynié, originaire du département et fin connaisseur de la politique aveyronnaise, il faut d’abord tenir compte " du délitement du système politique français" pour expliquer cette volonté de non-affichage politique. Mais les experts distinguent toutefois les grandes villes, où l’étiquette a encore un sens, et les petites villes et zones rurales.

Après l’effondrement de leurs partis aux Européennes, des élus Les Républicains "Macron-compatibles" boudent l’étiquette LR et celle du PS n’a guère la cote à gauche, au niveau national. La République en Marche avait affiché ses ambitions pour ce scrutin municipal, tout comme le Rassemblement national.

D’après le politologue, le score de cette élection pour le parti présidentiel sera vraisemblablement bien loin de celui atteint lors des Européennes ou des régionales. " Et puis, les candidats qui se placent sous l’étiquette La République en Marche ne bénéficient pas de la prime au sortant, et cela compte beaucoup, notamment, pour les municipales. On a tendance à reconduire les sortants, sauf s’ils sont au pouvoir. Mais là, ils n’y sont pas. Donc la plupart des maires sortants risquent d’être réélus", analyse Dominique Reynié.

Au total, après plus de six mois de travaux de sa CNI (Commission nationale d’investiture), le mouvement présidentiel apporte son soutien ou investit 600 listes en France. Il a dû revoir ses ambitions à la baisse : il ne sera présent que dans à peine une ville de plus de 9 000 habitants sur deux.

"Plus on cherche à cacher son étiquette, plus elle gratte"

En Aveyron, ils sont deux à être "soutenus" par le parti présidentiel : Christian Teyssèdre à Rodez et Jean-Sébastien Orcibal à Villefranche-de-Rouergue. De son côté, le Rassemblement national (RN) affiche fièrement ses couleurs, en particulier à Decazeville ou La Cavalerie. "Le RN propose un message clair, affirme le politologue. Elle absorbe une grande partie des mécontents qui auraient pu se tourner vers d’autres partis politiques. "

Puis, "force est de constater que la gestion des villes où ils sont élus n’est pas une catastrophe. Et donc ils peuvent s’appuyer sur un bilan plutôt bon".

Autre particularité du scrutin, les formations des deux candidats au second tour de la présidentielle 2017, La République en marche et le Rassemblement national, sont très peu implantées localement et on ne retrouve pas l’affrontement classique droite-gauche sur le terrain.

Pour Bertrand Cavalerie, secrétaire départemental du Parti Socialiste, " plus on cherche à cacher son étiquette, plus elle gratte". Partant de ce constat, celui qui figure sur la liste de Stéphane Bérard à Capdenac, appelle "chacun à assumer ses idées. Pour ma part, tout le monde sait qui je suis". "Dans les petites communes, chacun sait qui vote pour qui, poursuit-il. Ensuite, pour les communes plus importantes, il y a une certaine hypocrisie à ne pas afficher ses couleurs. Prendre la décision de se lancer en politique, c’est également assumer ses idées et donc son appartenance."

De son côté, le Rassemblement national, emmené par Bruno Leuleu au niveau départemental, "on assume pleinement son étiquette et ses idées. Et cela finit par payer : en 2014, lors des dernières élections municipales, nous n’avons présenté qu’une seule liste, aujourd’hui nous nous affichons potentiellement dans cinq communes ".

Néanmoins, dans la plupart des communes, les candidats préfèrent afficher une étiquette "neutre", dépouillée de toute coloration politique. Une tendance qui se vérifie en Aveyron, comme ailleurs. "Dans ma liste, j’ai des personnes qui affichent toutes les étiquettes : de la gauche, à la République en marche, en passant par la droite, confie Sébastien David, candidat à Saint-Affrique et secrétaire départemental Les Républicains. Pour ma part, je n’ai aucune difficulté à l’assumer. En campagne, les Saint-Affricains ne me parlent pas d’étiquette, ni de politique nationale. C’est ce que je ressens lorsque je fais du porte-à-porte. Les élections municipales sont différentes des autres : on parle d’un programme local, de personnes engagées pour leur ville."

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