Decazeville. Le parcours de Jo Vilamosa inspire le respect
L’exposition mise sur pied par le comité de jumelage Utrillas-Decazeville en relation avec l’Association pour la mémoire du camp d’Agde (Amca) et la Ville de Decazeville, a été inaugurée en présence de nombreuses personnes. Cette expo parle de la guerre d’Espagne (1936-1939) à partir des archives, souvenirs et témoignages d’un orphelin et d’un soldat républicain qui ont trouvé refuge à Decazeville.
L’orphelin c’est Jo Vilamosa qui avait 11 ans lorsqu’il a traversé les Pyrénées dans le froid et la peur, tenaillé par la faim, pour rejoindre la France, en 1939, après la victoire des franquistes. Une épreuve "gravée à vie" pour l’homme aujourd’hui âgé de 93 ans. Orphelin (sa mère est décédée et son père porté disparu), Jo Vilamosa arrive à Port-Vendres épuisé, avec son oncle maternel, sa tante, ses cousins, sa grand-mère et ses frères.
Puis, il se retrouve à Decazeville. Jo témoigne : "Moi on m’a loué à la campagne pour garder le bétail ; j’étais un petit Barcelonais, je n’avais jamais vu une vache ! Les gens étaient gentils, je mangeais à ma faim. On ne me payait pas mais on donnait du ravitaillement à ma famille".
D’octobre à avril - seule période où il peut aller à l’école - Jo redouble d’efforts, parlant le catalan et l’espagnol, il apprend le français très rapidement, notamment grâce à une institutrice "formidable" qui le garde après les cours. À 14 ans, l’adolescent surnommé "Pepito" travaille dans la construction, puis entre aux Houillères où il est rapidement promu machiniste. Jo relève un nouveau défi : il apprend le solfège et joue du saxophone, une véritable passion.
C’est en jouant dans des bals qu’il a le coup de foudre pour Céline avec qui il se marie et a une fille. Entre-temps, Jo s’est fait naturaliser Français quand il a compris que Franco resterait au pouvoir. Il devient ensuite apprenti en optique, chez Andrieu, à Decazeville, obtient son diplôme avant d’ouvrir son propre magasin en 1969, à Agde. Jo Vilamosa réalise depuis un indispensable devoir de mémoire.
Lors du vernissage, nous avons entendu les mots "respect", "modèle d’intégration", reconnaissance", "énergie" et "volonté".
À voir jusqu’au 14 mars, espace Ségalat, du mardi au samedi.
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