Face à Internet, le commerce local s’adapte et garde des atouts

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  • Les centres-villes, comme celui de Rodez, sont tous affectés par la consommation en ligne.
    Les centres-villes, comme celui de Rodez, sont tous affectés par la consommation en ligne. JAT
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Margot Pougenq

Début février, la Région Occitanie a lancé la campagne de communication "Au lieu d’acheter sur internet, j’achète dans ma zone". Avec des logos et des slogans tape-à-l’œil, le but est simple : inciter le consommateur à acheter local et régional.

À l’heure du numérique et des nouvelles technologies, il n’a jamais été aussi simple de céder à sa fièvre acheteuse. Même plus besoin de sortir de chez soi pour acheter le livre dont on a entendu parler à la radio, ou la paire d’après-ski pour les vacances à la neige. Internet et ses catalogues aux références infinies offrent plus de choix que les magasins installés dans nos centres-villes. Mais ces derniers ont besoin d’acheteurs, en chair et en os, pour ne pas plier boutique.

Une initiative de la Région

C’est dans ce contexte que la Région Occitanie a lancé une nouvelle campagne de communication, début février : "Au lieu d’acheter en ligne, j’achète dans ma zone". Le jeu de mots, faisant écho au premier site mondial de consommation en ligne et le visuel qui reprend le graphisme du logo, a pour but " d’accélérer la prise de conscience des consommateurs sur leur manière d’acheter ", précise Emmanuelle Gazel, vice-présidente du conseil régional. " C’est une démarche que nous développons depuis le début. La Région accompagne des entreprises dans tous les secteurs d’activité, et notamment les commerçants ", ajoute-t-elle. La campagne de communication a été affichée dans plus de vingt villes d’Occitanie et dans la presse quotidienne régionale et départementale, et bien entendu, sur les réseaux sociaux. " Cela permet de toucher plus de monde. Et le détournement des noms des Gafam (NDLR : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) attire l’œil et nourrit une prise de conscience déjà existante sur l’importance du commerce local ", souligne Emmanuelle Gazel.

Faire d’internet un plus

"Il y a quelques années, les centres-villes ont perdu du souffle de par l’installation de grandes surfaces en périphéries des villes. Et aujourd’hui, ce sont les achats en ligne qui lèsent les commerces, et les grandes surfaces sont, elles-mêmes, affectées ", explique Michel Alibert, président de la fédération des associations des commerçants et artisans de l’Aveyron, 12e Sens. Mais malgré tout, les commerçants suivent la tendance numérique. "Une grande majorité des commerces aveyronnais sont actifs sur internet, que ce soit sur les réseaux sociaux ou grâce à un site web. Ça augmente significativement l’attractivité de leurs magasins ", ajoute-t-il. Internet peut être un bon outil de communication, à moindre coût, pour les plus petites enseignes. "Bien que l’Aveyron ait été un peu préservé des achats sur internet pendant un moment, aujourd’hui, beaucoup de personnes achètent en ligne. Les commerçants aveyronnais se battent et ils deviennent de plus en plus professionnels sur le Net ", conclut-il.

Le service du commerce local

Les commerces physiques n’ont pas toujours autant de stock et de choix que les sites internet, mais ceux qui les fréquentent ont conscience de l’importance de leur geste. "Les personnes qui viennent à la Maison du Livre, le font pour aider à faire perdurer l’entreprise locale. Ils viennent aussi pour être conseillés, notamment aux secteurs jeunesse et littérature : quelque chose qu’on n’a pas sur internet. Et contrairement aux grandes villes, comme à Lyon où j’ai travaillé, ici, les acheteurs sont très conciliants avec les délais pour faire venir un livre ou un CD. Ils ont conscience qu’il n’y a pas d’urgence et préfèrent faire travailler le commerce local ", témoigne Alain Capuano, libraire à la Maison du Livre de Rodez.

Les entreprises aveyronnaises se forment et sont largement présentes sur les réseaux sociaux et internet. Ce qui est, de nos jours, indispensable pour un commerce. Mais acheter en ligne peut aussi signifier acheter localement. De nombreux magasins et producteurs aveyronnais vendent désormais leurs produits sur internet. Il suffit de savoir où chercher pour acheter dans sa zone, plutôt que sur Amazon.

Le click and collect

Acheter sur internet et retirer en magasin, serait-ce le compromis pour entretenir le commerce de proximité ? De plus en plus de grandes et de petites enseignes proposent ce service : le click and collect. "C’est quelque chose qui marche bien chez nous, en Aveyron. Par exemple, des acheteurs commandent un livre sur le site internet de la Maison du Livre et en venant le retirer au magasin, ils achètent un autre livre ", constate Michel Alibert, président de 12e Sens, fédération des associations de commerçants et d’artisans de l’Aveyron. En effet, en 2018, 28 % des acheteurs, en France, ont profité du retrait d’une commande dans un magasin ou point relais pour y acheter d’autres produits.

Agatchako ?

Lancée le 17 mars 2018, l’application Agatchako veut combiner e-commerce et commerce de proximité. Son fondateur, Michel Alibert, se félicite pour les 200 commerçants et artisans formés à internet grâce à Agatchako, mais "ils n’ont pas forcément le temps de mettre à jour leurs données sur l’application."

En chiffres

8 200 entreprises aidées par la Région Occitanie depuis 2016.

1 300 producteurs labélisés produits "Sud de France". Dont 16 en Aveyron.

65 % des personnes de plus de 65 ans vont voir un produit sur internet avant de l’acheter.

1/4 des entreprises de commerce réalisent des ventes sur internet.

79 % d’augmentation, grâce à leur site internet, de la fréquentation en magasin physique, pour la plupart des commerces cumulant les deux.

29 701 000 visiteurs se rendent sur Amazon chaque mois.

58 % des acheteurs en ligne commandent des vêtements/ accessoires de mode.

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