Le coronavirus fait tousser l’économie aveyronnaise

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  • En avril 2018, 200 élèves du collège Saint-Joseph de Rodez ont voyagé à travers toute l’Europe. Ils ne pourront plus guère le faire cette année.
    En avril 2018, 200 élèves du collège Saint-Joseph de Rodez ont voyagé à travers toute l’Europe. Ils ne pourront plus guère le faire cette année. Archives CP
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Centre Presse

Alors que l’Aveyron est touché à son tour par le coronavirus, de nombreux secteurs professionnels retiennent leur souffle. Quel impact à craindre sur l’économie ?

L’agriculture

Comme on le sait, l’Aveyron a des relations économiques privilégiées, dans le domaine agricole. Ce secteur reste donc « une préoccupation », pour Dominique Fayel, qui siège à la FNSEA, où pour l’instant « il n’y a rien de concret, ni sur les commandes, ni sur les livraisons ».
Pour autant, Dominique Fayel reste « vigilant », car « il y a des préoccupations par rapport à l’Italie. Pour autant, on ne peut pas dire que les flux tarissent avec ce pays. La semaine dernière, nous avons appris la fermeture d’un abattoir, en Italie. Il s’agit d’une seule fermeture, comme on pourrait l’avoir chez nous. Rien de grave, donc, pour l’instant », explique-t-il. « La vie doit continuer », même si « tous les secteurs connaissent des limitations et des ralentissements, notamment dans les transports. Les flux d’animaux continuent ».
Dominique Fayel reste donc optimiste et insiste : « Évitons de tomber dans le piège de la panique et des rumeurs ». Et d’ajouter : « Il n’y a pas de perte sèche pour l’instant du marché. Il reste des incertitudes, c’est tout ».


Les entreprises

Du côté de la CCI et son représentant à l’international, on confirme : « C’est un peu trop prématuré pour se prononcer sur l’impact économique. Les Français commencent juste à prendre conscience du virus, depuis qu’il est arrivé sur notre territoire. Avant, il était, loin, en Chine », explique Christophe Palous, chargé en développement international auprès des entreprises. Ce dernier, reçoit depuis la semaine dernière, des questions liées à des interrogations pratiques et personnelles. Avant d’ajouter : « Je pense que les secteurs qui sont touchés pour l’instant, sont ceux des entreprises du luxe, des compagnies aériennes et du tourisme. En Aveyron, il n’y a ni alerte, ni retour des entreprises dans ce sens. Il faut attendre la fin mars, pour y voir plus clair ».

Le transport

Pour l’instant, le secteur n’est pas plus touché que l’agriculture et les entreprises. Ce secteur comprend autant les voyageurs, les ambulanciers que les chauffeurs pour le tourisme et le domaine scolaire. « Nous rencontrons peu de problèmes, si ce n’est un transporteur d’animaux vivants vers l’Italie. Il a été mis en confinement, mais cela s’est révélé négatif », souligne Frédéric Domenge, secrétaire général de l’Union des transporteurs routiers.
S’il admet également qu’il y a peu d’impacts, en revanche, le domaine des séjours linguistiques et particulièrement touché.
Si la crise continue, le représentant des transporteurs routiers pense que dès le début, « l’impact sera une baisse de 25 % du chiffre d’affaires, chez les autocaristes comme chez les ambulanciers ».
Une circulaire demande pour l’instant aux ambulanciers de s’équiper en masques et hydrogel. « Pour l’instant, ils ne peuvent pas le faire, car on est en rupture. Mais je constate de plus en plus d’entreprises qui commencent à monter des dossiers de chômage partiel », annonce Frédéric Domenge.
 

Les voyagistes touchés de plein fouet

"J’ai 43 voyages qui devaient partir cette semaine, 144 la semaine prochaine et 200 la semaine suivante… " lançait Jean Burdin la semaine dernière. Ce n’est rien de dire que la société ruthénoise Go and Live, dont il est le président, est en première ligne dans le registre des entreprises touchées par la crise liée au coronavirus. Sa société est leader française du séjour linguistique, et il est aujourd’hui dans l’expectative. Il ne décolère pas non plus face aux décisions prises ces derniers temps.

" Avec l’Unosel, qui rassemble les professionnels du séjour éducatif, nous essayons de faire passer des messages. Mais nous ne sommes pas entendus du tout", glisse Jean Burdin. Et de citer les différentes décisions qui changent du jour au lendemain. "Le dimanche on reçoit une information comme quoi il faut organiser le rapatriement de tous ceux qui sont à l’extérieur du pays, 48 heures après, on nous dit que l’on ne change rien…"

Dimanche dernier, avec l’annonce du ministre de l’Éducation nationale de suspendre tous les voyages scolaires, l’affaire a pris une tournure plus compliquée encore. Touchant également des voyagistes ruthénois comme Verdié ou VTO , pour lesquelles également la période des voyages scolaires bat son plein !

L’Unosel est donc montée au créneau en demandant au ministère de l’Éducation nationale une durée de suspension précise, que des informations "rectificatives, claires et précises", soient envoyées aux chefs d’établissement et qu’un "fonds d’aide" soit créé.

Jean Burdin ne veut toutefois pas verser dans la panique. "Dès qu’il y a une crise, on est fragilisé de toute part. Nous avons connu cela avec les attentats, le Sras… On peut vous parler du Brexit aussi, où tout n’est pas encore réglé. Mais jamais nous n’avons connu une situation telle que nous la connaissons aujourd’hui ".

Face à ce vent de panique et d’incertitudes, le professionnel du tourisme avance : " De notre côté, face aux changements fréquents de décision, on invite les groupes à se montrer prudents avant d’annuler. Car une fois que c’est annulé, on lâche tout, les billets, les animateurs, les accompagnateurs, etc.". Mais Jean Burdin ne cache pas son inquiétude face aux conséquences économiques que va générer cette crise. "Cela va être difficile pour tout le monde, et je crains que de petites entreprises aient du mal à s’en remettre ", prédit-elle.

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