Un second tour inévitable à Rodez ?

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  • Quatre candidats pour un fauteuil, dimanche à Rodez.
    Quatre candidats pour un fauteuil, dimanche à Rodez. Centre Presse - José A. Torres
Publié le
Mathieu Roualdés

Tour d’horizon des enjeux du premier tour dimanche.

Christian Teyssèdre a un boulevard devant lui, il sera facilement réélu ». Il y a encore plusieurs mois, tout le monde s’accordait à le dire dans les rues de Rodez. Mais, la campagne, parfois accrochée, a-t-elle rebattu les cartes ? Que reste-t-il de la droite, toujours à la recherche d’un second souffle depuis le départ de Marc Censi, et quid de Rodez Citoyen, prônant une autre politique ? Ces deux listes ont-elles visé juste en étant unanimes sur les critiques à l’égard du maire et de sa « gestion comptable » de la ville ? Ou Christian Teyssèdre, fort de son bilan, sera-t-il véritablement élu dans un fauteuil, voire même dès le premier tour comme en 2008 ? En l’absence de sondages durant cette campagne, les questions sont nombreuses. Tour d’horizon des enjeux pour chaque candidat, à quarante-huit heures d’un premier tour qui peut déjà être décisif.

Christian Teyssèdre.
Christian Teyssèdre. Centre Presse - José A. Torres

Christian Teyssèdre, un bilan plébiscité ?

Prime au maire sortant. La formule est connue, elle se vérifie souvent. Et s’applique particulièrement au cas ruthénois. Car le bilan de Christian Teyssèdre ne se discute pas forcément sur le Piton, il est même souvent loué. En témoigne le classement dévoilé en pleine campagne faisant de Rodez la ville où il fait le mieux vivre en Occitanie, et la 12e en France. Il est tout aussi incontestable d’affirmer que Christian Teyssèdre part avec les faveurs des pronostics dans cette élection, certains lui prédisant même une victoire dès le premier tour. Si cela paraît néanmoins plutôt difficile dans un scrutin à quatre, l’homme peut se rassurer avec l’exemple 2008 où, dans une configuration presque similaire, il avait récolté 52 %. Mais, en 2014, l’ancien socialiste avait bataillé lors d’une triangulaire pour conserver son siège de maire.
Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Parti rapidement en campagne, l’ancien socialiste a décidé de jouer l’ouverture en intégrant divers profils et sensibilités politiques sur sa liste. Le pari s’avérera-t-il gagnant ou éloignera-t-il les électeurs de gauche ? « C’est le cours de l’histoire, tous les maires ruthénois l’ont fait pour leur troisième mandat », affirme le candidat, âgé de 67 ans. « Notre parti, c’est Rodez », répète-t-il à l’envi quand plusieurs de ses adversaires lui prédisaient déjà un retour de bâton dans les urnes de sa proximité avec le président Emmanuel Macron.

Serge Julien.
Serge Julien. Centre Presse - José A. Torres

Serge Julien, le test pour la droite

Longtemps, les électeurs de droite ont bien failli se retrouver orphelins dans cette campagne ruthénoise. Après plusieurs désistements, en l’absence du dernier candidat Yves Censi et toujours autant tiraillé (preuve en est des départs de Régine Taussat et de Joseph Donore dans le camp de Christian Teyssèdre), le bord politique, si cher à l’ancien maire Marc Censi, a finalement trouvé refuge derrière la candidature de Serge Julien. Conseiller d’opposition depuis 2014, le sexagénaire, directeur d’un Ehpad à Saint-Côme-d’Olt, est parvenu à fédérer une liste « jeune », autour de lui. Timide en début de campagne, il a ensuite capitalisé sur des thèmes chers à la droite : la sécurité et la propreté. Il n’a pas hésité non plus à attaquer frontalement le maire sortant, « un homme du passé, bloqué en 2008 », selon lui.
Mais, cela suffira-t-il à offrir un deuxième souffle à la droite ruthénoise, créditée tout de même de 29 % en 2014 avant d’obtenir six sièges au conseil municipal lors du second ? Le défi est de taille car au mois de mars dernier, lors des Européennes, les Ruthénois avaient relégué le parti des Républicains au cinquième rang des forces politiques avec seulement 9,30 %. « Mais, les gens ont de nouveau besoin de repères et des partis traditionnels. On le voit avec la dynamique Dati à Paris », se rassure Serge Julien, avant un véritable test pour sa famille politique.

Mathieu Lebrun.
Mathieu Lebrun. Centre Presse - José A. Torres

Rodez Citoyen, la bonne dynamique ?

Crise des « gilets jaunes », désaffection de la chose politique, rejet des élus… La liste Rodez Citoyen, prônant une nouvelle gouvernance, plus participative, et souhaitant s’inscrire loin des partis traditionnels - malgré plusieurs soutiens à l’image de La France Insoumise, Europe écologie-Les-Verts ou encore le Parti communiste -, surfera-t-elle sur cette nouvelle vague dès dimanche ? Récupérera-t-elle également plusieurs voix de gauche quand le maire sortant, lui, a décidé de jouer l’ouverture lors de cette campagne ? En 2014, le collectif incarné par Bruno Berardi avait été l’invité surprise du deuxième tour, après avoir récolté 13,94 % des voix ? Aujourd’hui portée par le conseiller d’opposition Matthieu Lebrun, la liste sera-t-elle une nouvelle fois la surprise de cette élection, comme beaucoup le prédisent ? Ou sa campagne, parfois éloignée du concret au profit de la méthode, en refroidira-t-il certains ? « Si on arrive deuxième dimanche soir, ce sera déjà une première victoire avant le 22 ! », confient, en « off », plusieurs membres de la liste.

Jean-Philippe Murat.
Jean-Philippe Murat. Centre Presse - José A. Torres

Jean-Philippe Murat, l’inconnu

S’il fut le dernier à se déclarer dans cette guerre du trône, Jean-Philippe Murat est parvenu, au fil de ses annonces, à bousculer la campagne ruthénoise. « Je veux être le premier opposant à Christian Teyssèdre », n’a-t-il cessé de clamer d’ailleurs, tout en promettant une politique particulièrement redistributive et épousant plusieurs codes de la gauche traditionnelle. Un changement de cap stratégique pour ne pas devenir le « deuxième homme » de droite dans cette campagne ? Difficile à savoir car durant ces derniers mois, Jean-Philippe Murat n’a également cessé de revendiquer une filiation avec l’ancien maire de la ville, Marc Censi.
Sa liste, elle, se définit apolitique et peut, au regard du grand public, manquer d’expérience politique pour diriger la ville… « On veut être la surprise dimanche soir », espèrent néanmoins les colistiers du candidat. Et ne pourquoi pas atteindre la fameuse barre des 10 % pour se maintenir lors du second tour et voir Jean-Philippe Murat faire son retour dans l’hémicycle du conseil municipal après une première expérience mitigée en 2008. Il était alors numéro trois sur la liste de Jean-Louis Chauzy qui a, par la suite, rejoint le camp Teyssèdre…

 

Deux cas de figure

- Si une liste obtient plus de 50 % des voix, elle est élue dès le premier tour et obtient la majorité des sièges au conseil municipal (18 sur 35 à Rodez). Les restants sont répartis à la proportionnelle selon un quotient électoral précis et la règle de la plus forte moyenne.
- Si aucune liste n’obtient plus de 50 %, un second tour est organisé. Tous les candidats ayant obtenu plus de 10 % des suffrages peuvent y participer. Ceux ayant obtenu entre 5 et 10 % peuvent s’allier avec d’autres listes. Ceux ayant obtenu moins de 5 % sont hors course. La liste arrivée en tête obtient la moitié des sièges, l’autre moitié se répartit à la proportionnelle entre toutes les listes, dont la gagnante.
 


Pratique

- Les 17 bureaux de vote de la commune sont regroupés à la salle des fêtes. Le scrutin est ouvert de 8 heures à 18 heures. Pour être admis à voter, l’électeur doit obligatoirement présenter sa carte d’électeur, ou une attestation d’inscription qui lui sera délivrée sur place, et une pièce d’identité recevable (carte identité, passeport, carte vitale avec photo, permis de conduire…).
- Des navettes de bus desservant la salle des fêtes sont gratuitement mises à disposition des électeurs, aux quatre coins de la ville et passeront toutes les heures ou deux heures.
- Pour le stationnement, le parking du Foirail sera gratuit de 8 heures à 18 heures.
- Dans le cadre de la pandémie Covid-19, plusieurs mesures de prévention ont été prises : points d’eau mis en place en début et en fin de parcours de vote, gel hydro-alcoolique dans chaque bureau de vote, passage régulier d’une équipe d’entretien, gestion adaptée des files d’attente. La mairie invite également chacun à montrer sa pièce d’identité sans la donner, à poser sa carte d’électeur sur la table pour la faire tamponner, à apporter son propre stylo (encre indélébile bleue de préférence), à se désinfecter les mains en entrant et en sortant, à éviter les poignées de mains et embrassades, à respecter une distance d’un mètre entre les personnes dans les files d’attente.
 

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