Rodez. Coronavirus : les "enfants du pays" se réfugient en Aveyron
Partir au plus vite. Avant même que le confinement n’entre en vigueur dans l’Hexagone, des milliers de Français ont fui les villes pour se mettre au vert à la campagne. Parmi eux, des centaines d’Aveyronnais, de retour au pays.
C’est le cas d’Hélène, 26 ans. Avec un père médecin et une mère pharmacienne, sur le piton, elle a rapidement pris conscience de la gravité de la crise sanitaire actuelle. Dès samedi, elle a donc fait le choix de quitter son 30 m2, à Paris, où elle vit seule, pour retrouver la maison familiale à Rodez.
"Je me sens davantage en sécurité ici"
Et ce ne fut pas si simple que cela ! " Tout le monde voulait quitter Paris, les prix des avions ont explosé, il ne restait quasiment plus de trains… Finalement, j’ai pris le seul disponible vers Bordeaux, puis j’ai attendu un bus direction Toulouse. Et de là, quelqu’un est venu me chercher pour revenir à Rodez ", raconte-t-elle, " rassurée " d’être aujourd’hui parmi ses proches. Sa sœur, qui travaille à Toulouse, en a fait de même… " On se sent mieux ici, il y a moins de monde ", confient-elles. Avant de prévoir, déjà, de filer un petit coup de main à leur maman pharmacienne, sur le front de l’épidémie.
Pour Juliette, étudiante en école de mode dans la capitale, le retour en Aveyron fut également " galère", mais "nécessaire quand on vit dans un 23 m2 dans le 16e !".
Elle, a misé sur le covoiturage, lundi. Partie à 14 heures de Paris, elle est arrivée en Aveyron dans la nuit de lundi à mardi. Mais ne regrette aucunement son choix : "Ma famille était inquiète, puis à Paris l’angoisse ne fait qu’augmenter, les gens s’affolent, se battent pour des paquets de pâtes… Je serai davantage en sécurité ici, je pense".
Pour d’autres Aveyronnais de Paris, le parcours du combattant ne faisait que commencer, hier… Lucas, par exemple, espérait pouvoir prendre un avion au plus vite et retrouver sa famille à Rieupeyroux. "L’ambiance est bizarre à Paris, il me tarde d’être de retour", témoigne-t-il.
À Montpellier, Talyssia, coiffeuse aveyronnaise à Montpellier, et donc à l’arrêt depuis samedi, n’a, elle, pas hésité à prendre la route hier après-midi, attestation en mains, à la suite des annonces du Président Macron.
Même chose pour Théo et Pablo, à Toulouse, revenus hier avec le strict minimum dans leurs valises. "Être confiné en ville, ce n’est pas possible ! On espère juste qu’on ne va pas transmettre le coronavirus car nous sommes plus exposés en ville", confient-ils.
Un retour au risque de propager le virus ?
Effectivement, comme en Italie, cet exode des villes vers les campagnes ne plaît pas à tout le monde… Et ne rassurent pas franchement les experts, à l’heure où l’objectif premier est de limiter le moindre déplacement pour éviter la propagation du virus.
L’ancien président du conseil de l’ordre des médecins en Aveyron, Didier De Labrusse, a d’ailleurs partagé cette inquiétude, hier, sur ce nouveau phénomène : "L’arrivée de ces réfugiés du Covid-19 pourrait permettre au virus de se propager. Je conseille à tous de respecter une véritable quatorzaine en rentrant en Aveyron, de ne pas aller faire les courses, etc. Car aujourd’hui, si Paris est en stade 3 – l’île de France est devenue hier le département le plus touché –, l’Aveyron était beaucoup moins exposé jusqu’alors."
Des Ruthénois aussi se mettent au vert
Il n’y a pas que les "expatriés" dans les grandes métropoles françaises qui ont rallié (ou tenter de la faire) les campagnes aveyronnaises. Certains citadins rouergats ont aussi voulu se mettre au vert. En faisant marcher le système D, l’entourage voire les sites de location de gîtes notamment.
C’est le cas de cette famille habitant le centre-ville de la préfecture partie à quatre, avec son chien, dès ce mardi matin à quelques kilomètres de là, à Escandolières, près de Saint-Christophe. "On voulait préserver au maximum les enfants, explique la mère de famille, trentenaire. On n’est pas venu ici pour éviter le virus, mais l’atmosphère anxiogène, les prémunir tant que possible du stress, sans leur mentir sur la situation." "Ce qui nous a guidés, c’est leur bien-être. On veut respecter les consignes de confinement. Et avec deux enfants très jeunes en appartement sans extérieur, ce n’est pas le plus simple." Et ils ne sont pas les seuls à avoir eu la même idée. "La personne que l’on connaît et qui nous a dépannés nous a dit qu’après notre appel, elle avait eu plusieurs demandes pour louer le gîte ", témoigne-t-elle encore. "On y restera tant qu’il le faudra ", conclut-elle.
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