Maison d’arrêt de Rodez : "On arrive à tenir… mais ça ne va pas durer longtemps"

  • Personne n’entre ou ne sort plus, hormis les surveillants.
    Personne n’entre ou ne sort plus, hormis les surveillants. Repro CP -
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Centre Presse

Alors que le pays est confiné, les visites aux détenus sont suspendues depuis mardi dernier à la maison d’arrêt, ce qui laisse craindre certaines tensions aux syndicats de surveillants pénitentiaires. Dans le même temps, les extractions ont été remplacées par des visioconférences et les activités et ateliers repensés pour limiter les risques.

Des informations par affichage sur les mesures de précaution (lavage des mains, garder ses distances…), la suppression des activités socioculturelles et sportives, avec cependant le maintien des entretiens individuels en respectant les mesures de précaution (distance de 1 m, lavage des mains, etc.), limitation du nombre de détenus participant aux ateliers… Depuis quelques jours, la maison d’arrêt de Rodez n’échappe pas à la règle et a dû, elle aussi, revoir certains aspects de son mode de fonctionnement.

Ainsi les transferts non urgents ont été annulés et les extractions remplacées par des visioconférences. Alors que le gel hydroalcoolique vient d’être mis à disposition des personnels et détenus, des masques ont été commandés pour parer à toute éventualité.

Les représentants syndicaux ont souhaité se faire entendre pour mettre en lumière certains points qu’ils aimeraient voir s’améliorer.

Jusqu’à 40 détenus en cour de promenade

Force ouvrière est ainsi "au regret de constater que notre administration, l’administration pénitentiaire, reste frileuse et n’ose pas prendre les mesures qui s’imposent" alors que deux cas ont été enregistrés à la prison de Fresnes. "Tous les jours, les détenus continuent de faire des matches de foot, se retrouvant jusqu’à 25 détenus pendant 1 heure. Mais encore jusqu’à 40 détenus voir plus peuvent se retrouver ensemble sur une petite cour de promenade pendant 1 h 30… Du grand n’importe quoi !", affirme FO. Pour la délégué Ufap-Unsa justice Estelle Augusto, "on tâtonne, on s’adapte… La prison devrait être un lieu totalement hermétique. On demande au citoyen lambda de se confiner, de ne plus voir sa famille… pourquoi ne va-t-on pas au bout de la logique ?".

Drogues et portables ne rentrent désormais plus

La suspension des visites aux détenus (parloirs), si elle est de bon aloi au rapport des risques de contamination, a cependant un effet pervers : drogue et téléphones portables ne peuvent plus être "acheminés" aux détenus par leurs audacieux visiteurs. "On s’attend à avoir des projections depuis l’extérieur, affirme Estelle Augusto. Pour le moment, personne n’entre ou ne sort, hormis les surveillants. On arrive à tenir… mais ça va pas durer longtemps s".

Comme le souligne par ailleurs la syndicaliste, "il y aura forcément des malades du côté des surveillants. On a commencé à en parler, pour s’organiser si on doit être réquisitionnés. Plusieurs se sont déjà portés volontaire".

Le directeur de la maison d’arrêt, non joignable hier, n’a pas les cartes en mains sur ces sujets, du ressort de la Direction interrégionale des services pénitentiaires ; il est, de l’aveu même des syndicats, dans une " position inconfortable ". La maison d’arrêt de Rodez accueille actuellement 120 détenus.

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