Institution méridionale, le camion pizza résiste tant bien que mal au confinement

  • Cette institution méridionale, ancêtre du food-truck, résiste tant bien que mal aux contraintes de la lutte contre le Covid-19.
    Cette institution méridionale, ancêtre du food-truck, résiste tant bien que mal aux contraintes de la lutte contre le Covid-19. Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Publié le
Relaxnews

(AFP) - Cucuron, Vaugines, Ansouis... malgré le confinement, les tournées du "camion pizza" de Patrice se poursuivent dans l'arrière-pays provençal. Entre envies de Margherita et besoin de s'aérer, cette institution méridionale, ancêtre du food-truck, résiste tant bien que mal aux contraintes de la lutte contre le Covid-19.

"Ce soir, j'ai 18 commandes. En ce moment, j'en ai au maximum 30, contre 40 ou 45 en temps normal", témoigne Patrice, la quarantaine, pizzaïolo ambulant depuis 10 ans. Son camion "La pâte à pizza" est désormais, en soirée, le seul lieu animé des villages du sud du Vaucluse où il se rend: les terrasses de café, habituellement chahuteuses et vivantes, se sont tues depuis bientôt trois semaines.

Ses clients sont d'abord des habitués, comme Eric Thiefin, venu du village voisin de Sain-Martin-de-la-Brasque, et dont la fille apprécie particulièrement les pizzas miel-fromage de chèvre de Patrice. "Il faut le faire travailler", dit Eric, qui vient "au moins une fois par semaine", confinement ou pas.

D'autres sont les "gens qui habitent à proximité et viennent à pied", des familles comme des célibataires, note Patrice qui sert aussi des clients "qui travaillent et n'ont pas le temps de se faire à manger". Il compte aussi de nouveaux clients, comme ces jeunes, qui viennent parce que "le Mc Do le plus proche est fermé", ou encore ceux qui se sont échappé des grandes villes pour mieux vivre le confinement dans leur résidence secondaire.

"La première semaine, les gens sortaient un peu plus", raconte Patrice qui déplore aussi "l'annulation de nombreux mariages, de la fête du club de foot et de la journée des sapeurs-pompiers". En tout "on perd 70% de notre chiffre d'affaires", se désole-t-il. Sans compter les problèmes d'approvisionnement car "ça devient compliqué de trouver les ingrédients, on doit réduire la carte".

Mais le pizzaïolo veut résister et "rester ouvert, car c'est un service que l'on donne aux gens qui ne peuvent plus aller au restaurant".

- "Ca rend énormément service" -
Dans la région, certains de ses confrères ont déjà lâché prise. Et ceux qui ont choisi de poursuivre leur activité sont soumis à des mesures de d'hygiène et de sécurité renforcées: masques, gants, gel, interdiction de groupement autour des camions, commandes par téléphone, fermeture à 20H00...

A Marseille, place Castellane, une ligne délimite au sol l'espace à respecter entre les clients de ce camion, dont le nombre s'est raréfié. "Il n'y a plus de marché, il n'y a plus personne à l'extérieur", constate Greg, le pizzaïolo.

Devant le véhicule, Sébastien, un conducteur d'engins, croque dans une part de pizza poulet-crème fraiche: "En ce moment, c'est compliqué pour s'alimenter, ça nous fait un peu sortir aussi". "Ca rend énormément service... mais ils prennent des risques", renchérit Naïma, une autre cliente.

A Ajaccio, on sent les pizzas de "Chez Sté", un camion posé depuis près de 30 ans près du front de mer, avant même de le voir.

Aux commandes, un duo de jeunes femmes dynamiques: Denia, 34 ans, porte des gants "depuis toujours" et un masque chirurgical "depuis le début du confinement". Rebecca, 40 ans, prend les commandes.

"On est ouvert de 18H00 à 21H00, mais il y a plus de moitié moins de monde" qu'en période normale, indique Rebecca: "La ville est morte, déserte, les clients ne viennent quasiment pas", préférant la livraison.

Pas de souci en revanche du côté des fournisseurs: tout est disponible, y compris le figatellu, une saucisse sèche typique de Corse, à base de viande et de foie de porc.

A l'apparition de l'épidémie, elles n'ont pas envisagé une seconde de fermer: "C'était une évidence d'être là, on veut un tout petit peu l'oublier, ce virus", confie Denia en glissant dans son carton une Calzone fumante. Mais face au manque de clients, aujourd'hui elle temporise: "on se donne une semaine et après on verra".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?