Jean-Michel Blanquer : « Nous mettons en place un soutien scolaire sur la base du volontariat »
Le ministre de l’éducation nationale dresse un premier bilan du dispositif d’école à la maison et tranchera la question du baccalauréat dans les tout prochains jours.
Nous sommes au milieu de la troisième semaine d’école à la maison. La majorité des élèves s’est-elle connectée aux classes virtuelles ?
Oui, la grande majorité des élèves suit l’enseignement à distance grâce à l’engagement des professeurs qui ont utilisé plusieurs types de moyens. Le premier, c’est la classe à la maison. 350 000 professeurs l’ont utilisé, soit presque la moitié d’entre eux. D’autres se servent des environnements numériques de travail, de mails ou d’autres plateformes. J’encourage les deux premiers modes car ils garantissent la gratuité et la protection des données des élèves.
Je note des retours positifs du terrain, de la gratitude que nous partageons tous vis-à-vis des professeurs si engagés et des nouvelles pratiques de coopération plus fortes entre élèves.
Vous estimez entre 5 et 8 % les élèves “perdus” par les enseignants. La raison est-elle avant tout numérique ?
Oui, la fracture numérique est une des causes. On estime qu’elle concerne 5 % des Français. On tente de résoudre ce problème par un travail avec les collectivités locales et le monde associatif, ce qui a déjà permis de pourvoir certaines familles en tablettes. Nous venons de conclure un accord avec La Poste. Chaque professeur dont un élève serait sans moyen de connexion peut désormais envoyer sur une plateforme des cours, qui sont ensuite acheminées par La Poste.
L’école doit-elle continuer durant ces vacances ?
Nous nous sommes posé la question, mais nous nous sommes dit que les élèves avaient eu beaucoup de travail durant les deux premières semaines parce que les professeurs ont vraiment eu un engagement remarquable. Ce que nous recommandons aux professeurs, bien entendu avec du discernement selon les classes, c’est de donner des devoirs à faire durant les vacances.
Nous voulons aussi proposer des activités éducatives qui ne sont pas du travail à proprement parler mais qui pourront inciter les enfants à s’enrichir tout en fréquentant moins les écrans. Nous préconisons des temps de lecture, l’écoute de la musique, ou d’émissions de radio riches culturellement. Nous allons multiplier les supports permettant d’avoir ces activités éducatives. Le site Eduscol fournit aux familles un guide de ces ressources.
Vous avez évoqué la mise en place d’un soutien scolaire pour les plus en difficultés. Quelle forme prendra-t-il ?
Nous mettons en place un soutien scolaire gratuit réalisé par des professeurs volontaires par téléphone et par voie numérique. C’est un soutien qui peut être individuel ou en petits groupes réunis virtuellement dans le cadre des échanges numérisés. Ce sera sur la base du volontariat pour les élèves comme pour les professeurs qui seront rémunérés en heures supplémentaires et cela ne concernera qu’une semaine sur les deux semaines de vacances. Mais nous demanderons aux chefs d’établissement et aux directeurs d’école d’inciter les parents à faire cette inscription dès lors que leur enfant peut en avoir besoin.
Les enfants vont-ils réussir à finir les programmes ?
Il y aura forcément certains allègements, notamment pour le baccalauréat de français. Nous demanderons moins de textes que prévu. Nous allons aussi tenter de rattraper ce qui peut l’être mais l’enseignement à distance ne peut pas compenser entièrement les cours qui n’auront pas eu lieu.
Peut-on imaginer un prolongement de la période scolaire en juillet ?
Nous ne sommes pas dans cette hypothèse car je crois qu’il y aura un vrai besoin de vacances pour tous. Il y a aura un besoin de retrouver le plaisir de la liberté de se déplacer et de retrouver ses proches. Je travaille afin que les cours du mois de juin aient pleinement lieu et que l’on travaille jusqu’au début du mois de juillet.
Est-ce compatible avec le maintien de toutes les épreuves du bac ?
Non, ce qui est certain, c’est que la totalité des épreuves écrites n’auront pas lieu. Tout le travail de concertation mené actuellement vise à définir quelle va être la proportion du contrôle continu. Est-ce que ce ne sera que du contrôle continu ? Est-ce qu’il y aura du contrôle continu et des examens ? L’un des paramètres, pour décider, c’est l’importance du temps que l’on pourra libérer pour les cours en présentiel jusqu’à la fin juin.
La date de reprise des cours importera-t-elle ?
Oui, donc il faut que l’on ait une forme du bac qui soit compatible avec toutes les dates possibles de retour à la normale car, même si j’aimerais que le retour se passe au début du mois de mai, on ne peut pas en être certain à ce stade.
Peut-on imaginer un bac qui ne se baserait que sur le contrôle continu ?
Tout est sur la table. Si c’était le cas, nous harmoniserions les notes et nous prendrions des dispositions pour qu’il y ait un oral de rattrapage pour ceux qui seraient en dessous de la moyenne.
Comment faire pour qu’il ne soit pas dévalorisé ?
Je pense que c’est possible grâce au travail mené actuellement à distance qui est souvent un travail riche qui doit permettre d’avoir un niveau tout à fait convenable et grâce à ce qui sera fait au moment du retour à la normale.
Quand allez-vous annoncer votre décision ?
Nous avons accéléré le rythme et nous menons les concertations tambour battant pour pouvoir le dire dans les tout prochains jours.
Que va-t-il se passer pour les examens post-bac ?
C’est un travail que nous avons accompli avec Frédérique Vidal. Il y a certains sujets qui relèvent des établissements eux-mêmes. Pour les concours post-baccalauréat, la solution retenue, c’est l’admission sur dossier plutôt que sur épreuve. Les concours d’adultes, et notamment pour devenir professeur, sont reportés en juin et juillet.
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